Agréablement surprise, je me lève comme une fleur. Mis à part Rose qui joue dans la chambre, la maison est silencieuse. Sans plus attendre, nous partons toutes les deux rendre visite à Pía. Rose est toujours émerveillée de voir autant de fleurs. Pendant que nous préparons de petites compositions pour le 1er mai, Pía m'apprend qu'elle a dîné avec Marc, le petit fils de son maître d'apprentissage. Nous parlons beaucoup de la naissance à venir et de l'organisation de la boutique. Pía me demande comment j'ai géré le mi-temps avec Rose, si ça s'est bien passé et si j'aime mon travail. J'aime le côté humain avec la clientèle bien que certaines soient imbues de leur personne et vous traite comme une moins que rien. Heureusement cette clientèle représente un faible pourcentage comparé aux gens qui ont le cœur sur la main. Indranée est une collègue en or, de celle qui ne s'en fait plus beaucoup. Elle m'apprend à relativiser pas mal concernant notre harpie de responsable, juchée quotidiennement sur ces quinze centimètres. Le seul bémol dans une enseigne de prêt-à-porter est le formatage du merchandising. Les books hebdomadaires sont reçus par intranet. Il n'y a aucune place à la créativité et ça, c'est très frustrant.
Nous continuons nos bavardages entre deux clients, jusqu'au moment de baisser le rideau.
Au moment du café, nous sommes tous suspendus aux lèvres de Pía quand elle nous dit « Bon, j'ai une annonce à faire... C'est un garçon ! ».
Tout le monde est ravi, pas spécialement que ce soit un garçon mais seulement de savoir le sexe. Adrián dit qu'il va se sentir un peu moins seul dans je cite « cette famille de gonzesses ». Il dit ça mais il est heureux d'être le seul homme de la fratrie. Rose boude un peu mais elle a vite décidé qu'il aimerait le rose.
Nous passons tous notre dimanche et lundi matin à vendre les bouquets de muguet, aussi bien à la boutique qu'au bord de la route. L'après-midi, je ne me fais par prier et rejoins Rose pour une sieste, bien plus longue que prévue.
Le lendemain avant de partir Pía vient me parler et demande ce que je pense de son travail. Attentive, elle m'écoute et me fait une proposition qui me laisse pantoise. Elle me propose de travailler pour elle. Elle a besoin d'une personne de confiance, qui aime le contact et qui est dotée d'un esprit créatif. Sa décision a été mûrement réfléchi et ne s'est aucunement concertée avec sa famille. Elle s'est même renseignée sur le nombre d'enfant qu'il y aurait en petite section, sur les horaires. La question de l'hébergement ne se pose même pas. Elle me laisse jusqu'à la fin du mois pour lui donner une réponse. Sur le chemin du retour, je réalise qu'il est possible qu'une nouvelle direction se présente à moi.
Pendant les cours Aelís semble préoccupée. Elle ne fait plus d'allusion salace sur les garçons du club de sport, même pas un regard goguenard pour certaine.
Elle passe le week-end sur Bordeaux avec moi et se libère enfin. Elle m'avoue qu'elle ne pense pas continuer sur cette voie. De tout son cœur elle se confie qu'elle souhaite intégrer à la rentrée prochaine une école vétérinaire sur Toulouse. Même si elle se maintient à un bon niveau, elle n'ose pas le dire à ses camarades de faculté. Les étudiants en médecine raillent ceux qui se rangent dans cette voix. Elle, d'habitude sûre d'elle, hésite et peine à faire le grand saut. Je lui conseille de s'inscrire aussi bien à la fac que de s'inscrire à l'école, juste au cas où. Ses prochaines vacances vont servir à faire des stages dans plusieurs cabinets pour la conforter ou non dans son choix. Après notre discussion je la revois sourire, libérée d'un certain poids.
« Malheur, ça y est, tu me laisse avec l'autre folle » désespère Indranée. Je viens de lui apprendre la proposition de Pía. Merde, je commence à culpabiliser, en voyant ma tête elle éclate de rire et crie dans les oreilles « Mais c'est génial ! ». Elle me prend dans ses bras et chuchote à mon oreille « Ton petit cul de blanche va me manquer ici ». Je sers fort mon amie et subit un réel interrogatoire par la suite. Elle est comme Loulou, une mère poule, après l'euphorie elle s'assure que je ne saute pas sans parachute.
Toutes deux sont ravies pour moi. Toutefois je ne suis pas encore sûre. J'ai beaucoup de paramètres à prendre à compte. Avant de me décider, il faut absolument que j'en parle à Pierre.
– Mimizan ? Pour juillet ? demande Pierre.
– Oui, qu'est-ce que tu en penses ?
– Tu me demandes mon avis ? s'étonne le père ma fille.
– Bien sûr, c'est important, tant pour Rose que pour moi. Même si nous sommes séparés, tu as toujours su être une bonne oreille et de bon conseil.
– C'est gentil ça, merci. D'après ce que tu me dis, ton amie Pía a devancé une bonne partie des questions que je pourrais poser.
– Elle est sérieuse.
– Oui bien sûr. Comment vas-tu t'organiser pour la petite ?
– C'est moi qui déménage donc je ferais les allers-retours, il n'y a aucun problème. Pía me fera faire des ouvertures exprès le vendredi. Le samedi c'était juste temporaire.
– Oh non, ce n'est pas de ça dont je parlais. Comment vas-tu lui annoncer ?
Euh... Quoi ? Il est ok ?
– Je n'y ai pas encore réfléchit. Mais tu me prends de court, tu n'émets pas de réticence ?
– Je sais que Rose sera bien entourée, elle me soule avec ses nouveaux tonton et taties. Elle m'a même dit, je cite « Papy Pablo est trop rigolo ». Pour le reste, je vois la femme que j'aime être accueillie par une famille qui n'est pas la mienne. Ne fais pas cette tête, je sais que nous devons vivre maintenant séparément. C'est juste que ça rend les choses plus réelles, c'est tout.
Je sers sa main dans la mienne et répond au sourire qu'il m'adresse.
– Alice, tu peux y aller, pour ma part c'est ok.
Sereine, je m'endors en repensant aux mots de Pierre.
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MAlice
RomancePrise dans une relation qui ne lui ressemble plus, Alice va devoir puiser en elle pour prendre les choses en mains. Elle peut compter sur ses fidèles amies pour l'aider à affronter les épreuves et l'accompagner tout au long de son renouveau. C'est...