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Je retourne voir tout le monde et leur souhaite une bonne nuit. Ils me proposent un café mais je refuse le plus gentiment possible. D'une humeur de chien je préfère rester seule et m'enferme dans ma chambre. Je réalise bien trop tard, qu'il est hors de question que je me cloisonne.

J'enfile une grosse veste en mailles par-dessus mon pyjama. Je fais chauffer de l'eau et arrêtes le micro-onde avant qu'il ne bipe. Sur le canapé, tourné vers le noir des bois et j'essaie de faire le vide. Je n'ai pas le temps de mettre mon sachet de tilleul dans l'eau que mon mobile sonne, quelle poisse ! Pierre ! Encore pire !

Après tout, je suis déjà d'une humeur massacrante, je décroche.

– Oui.

– Je suis au bout de l'allée, viens me rejoindre il faut que l'on parle.

– Pardon ?

– Tu as très bien compris.

Je raccroche, en réalisant qu'il s'est encore permis de venir ici. Mais ils se sont passé le mot, ce n'est pas possible !

Remontée comme un coucou, j'enfile mes bottes et pars aussi sec.

Au bout de dix mètres je sens quelques choses frôler ma jambe nue. Je m'écarte et constate que Louve est à mon pied. Une fois la peur passée, je la caresse et continue mon chemin accompagnée de la chienne. Je passe le portail, laisse Louve de l'autre côté. Celle-ci n'est pas contente de faire la connaissance de Pierre, elle gronde.

– Tu as amené ton chien de garde ? dit-il.

– Pas besoin, c'est elle qui décide et ce n'est pas mon chien.

– Ah oui c'est vrai c'est celui de tonton Diane. articule-t-il distinctement sur la fin.

– Laisse-le c'est un gamin. Que veux-tu ?

– Ta mère m'a appelé.

– Et ?

– Elle m'a dit que tu refusais de passer les fêtes en famille, que tu avais dépassé les limites en l'insultant ainsi que ma mère. Je peux avoir ta version ?

– C'est un interrogatoire ?

– Si ça en était un nous ne serions pas là.

– Et ce n'est pas moi qui serait incriminée, je peux te le garantir.

– Tu peux préciser.

– Chaque chose en son temps Pierre. Tu veux un deuxième son de cloche, tu vas l'avoir. Ma mère m'a appelé après trois mois de silence pour savoir ce que nous faisions pour les fêtes. Je lui ai répondu que nous travaillons et que je voulais passer les fêtes tous les trois. J'ai entendu que tes parents donnaient une réception le 23 à laquelle ma famille est conviée ainsi que nous trois, ravie de l'apprendre. Elle a insisté pour savoir si cela m'avait fait changer d'avis, ce n'est pas le cas. Elle a demandé quand est-ce qu'elle verrait Rose. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Je lui ai tout simplement rappelé que si madame voulait voir sa petite-fille, il fallait qu'elle allège son planning mondain avec ta mère. Sur ce je lui ai dit de se regarder en face dans un miroir pour observer la femme qu'elle est devenue. Point. Mon père m'a appelé en suivant, je lui ai répondu que je n'étais pas en état, je rappelle demain. Tu veux savoir autre chose ?

– Donc tu ne veux pas passer Noël en famille ?

Il reste les bras croisé, appuyé contre sa voiture.

– Si, c'est ce que j'ai dit, ma famille c'est Rose et tu es la sienne.

– Tu ne veux pas de ses grands-parents, ni de sa tante ?

MAliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant