Chapitre 4

138 10 0
                                    


Tandis que Dimitri s'installait à côté de moi, les deux autres se dirigèrent vers le fond de la classe sous le regard curieux de mes camarades. A la fin du cours je vis plusieurs élèves discuter avec Christie et Nicolas. Je soupirai, ils n'avaient plus vraiment besoin de moi et s'ils restaient en ma compagnie, ils ne se feraient jamais d'amis.

-Si vous voulez suivre quelqu'un d'autre, dis-je à Dimitri, cela ne me dérange pas. Je dirais à Mme Zéplin que vous m'avez suivi toute la journée, comme cela vous serez couvert.

-Pourquoi dis-tu cela ?

Son étonnement me fit rire.

-Tu te rendras rapidement compte qu'être avec moi ne rend pas populaire, lui répondis-je. Je n'ai aucun ami dans cet établissement, et j'ai peur que si vous restez avec moi cela soit le cas pour vous aussi.

-Personnellement cela ne me dérange pas, je préfère être seul.

-C'est ce que j'avais remarqué.

Je rougie brusquement en m'apercevant de ce que je venais de dire, gêné.

-Ah oui, comment as-tu fait, demanda-t-il amusé par ma réaction.

Je ne savais vraiment plus où me mettre.

-Eh bien, avouais-je rouge comme une tomate, je pense que tu as dû le remarquer nous sommes voisins. Et comme je ne peux pas faire grand-chose toute seule à la maison, je m'ennuis. Alors depuis que vous avez emménagé, je vous regarde souvent. Il me semble que ma chambre se trouve juste en face de la tienne. Tu y es souvent seul avec ton violon tandis que le reste de ta famille est toujours ensemble. D'ailleurs je trouve que tu es un excellent musicien.

A bout de souffle après cette tirade, j'observais sa réaction. Ses yeux semblaient pétiller de malice.

-Merci, dit-il, et laisse-moi te retourner le compliment. Tu joues depuis longtemps ?

-Depuis que j'ai cinq ans. Et toi ?

-A peu près le même âge que toi.

Je pensais qu'il allait en rester là mais il enchaîna :

-Alors si je comprends bien, tu nous espionnes.

-Oui, dis-je en rougissant encore plus, j'ai toujours était curieuse, cela m'a poussé à vouloir en savoir plus sur vous.

-Je te comprends, me rassura-t-il, ta vie ne doit pas être rose tous les jours et puis quand on voit une si grande famille que la mienne débarquer, difficile de ne pas se montrer curieux. Pour ce qui est de la suite de la journée, moi je te suis. Après si ma sœur et mon cousin préfère continuer avec quelqu'un d'autre, ils sont libres de faire ce qu'ils veulent.

Il me sourit, sourire qui bizarrement provoqua une étrange sensation en moi, et partit faire part de ma proposition à Christie et Nicolas. Ils convinrent de se rejoindre à la fin de la journée devant le parking du lycée et se séparèrent.

Sur le chemin qui menait au prochain cours, Dimitri, qui essayait de me faciliter la tâche, me demanda :

-Pourquoi n'as-tu aucuns amis ?

-C'est long et compliqué à expliquer, répondis-je.

-Cela tombe bien, j'ai tout mon temps.

-Eh bien, commençais-je, cela n'a pas toujours été comme cela. Jusqu'il y a un an, j'avais beaucoup d'amis mais il y a eu l'accident, la mort de mes parents ainsi que celle de ma sœur jumelle et moi, coincé à jamais dans un fauteuil. J'ai été confié à ma tante jusqu'à ma majorité et j'ai dû venir m'installer ici, à Lyon. Au début, je ne sortais pas beaucoup de chez moi, je ne parlais à personne et que très rarement à ma famille. Je m'étais réfugié dans les livres, l'écriture et le violon. Bref, je m'étais enfermé sur moi-même. Puis, il a fallu que je retourne à l'école. On a mis à ma disposition une aide scolaire et une voiture adapté à mon handicap. Lorsque je suis arrivée au lycée, le premier jour, tout le monde m'a regardé de travers. Aucun élève n'est jamais venu vers moi et je ne suis jamais allée vers eux. Enfin, je suis devenu la chouchoute de la directrice et de la plupart des profs.

-Hum, fit-il, cela ne doit pas être facile tous les jours.

-Non, il y a même des fois où je ne veux pas y aller. Avant, j'adorais cela mais maintenant c'est devenu un vrai cauchemar. Tu l'as vu dans les couloirs tout à l'heure. Sans aide, personne ne me laisserait passer.

-De quoi es-tu atteint ? Si ce n'est pas trop indiscret.

-De paraplégie mais je ne me plains pas car cela aurait pu être pire. Si les médecins n'étaient pas intervenus à temps, qui sait dans quel état je serais aujourd'hui.

Nous étions presque arrivés à notre prochain cours lorsque je me rendis compte que notre professeur d'anglais, cours que nous avions dans l'immédiat, avait pris sa retraite.

-Je me demande, dis-je à Dimitri, qui sera notre professeur d'anglais. Mme Quenn est partit à la retraite juste avant les vacances.

-Tu seras surprise quand tu verras le remplaçant, me dit-il en étouffant un rire.


Toujours croire en l'avenir [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant