Chapitre 10

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Toute la semaine, je me rendis en cours avec Dimitri. Cela suscita de nombreuses réactions de la part de tous les élèves du lycée. Le premier jour, nous eûmes seulement le droit à des regards qui se tournaient sur notre passage. Le deuxième jour vit apparaitre les murmures à droites et à gauche. Puis cela devint des commentaires à voix haute sans se soucier de blesser ou non. Pourtant, aucune de ces moqueries ne semblaient atteindre Dimitri. Et les élèves continuaient à s'écarter devant lui. Moi, j'étais habitué à cela et je n'y faisais plus attention. Parfois, son frère et sa sœur se joignaient à nous. Ce qui m'étonnait, c'est que cela ne les empêchait pas d'avoir d'autre amis. Au moins, cela signifiait que l'impopularité ne se transmettait pas.

Quand nous étions à la cantine, Dimitri me demandais souvent de parler de moi. Il voulait savoir comment j'étais avant l'accident, connaitre mes passions, mes hobbies. Je lui racontais qu'avec ma sœur jumelle, nous étions les seuls enfants de mes parents, que suite à leur mort, je m'étais retrouver seule et que personne n'avait accepter de me prendre en charge sur Clermont-Ferrand et ses alentours. J'avais alors dû venir habiter ici. Je lui racontais vraiment tout, les quatre cent coups que nous avions fait avec Nina, ma professeure de violon qui avait criait au prodige lorsque je m'étais présenté à elle. Ma vie avec ma meilleure amie, nos déboires auprès des garçons, nos soirées entre fille. La vie monotone et sans but que j'avais aujourd'hui. Une vie qui ne tournait qu'autour des cours, des devoirs, de la musique, de la lecture et de l'écriture. Il fut très intéressé quand je lui parlais de mes deux dernières passions.

-Quel genre de livre aimes-tu ? me demanda-t-il.

-Je suis très attiré par le fantastique, lui répondis-je, la magie, les vampires, les loups garous et autres créatures mythiques. En fait tout ce qui n'existe pas m'intéresse énormément.

-Es-tu sûr qu'elles n'existent pas, toutes ces légendes et ces créatures ? me demanda-t-il énigmatique.

-Je ne sais pas, répondis-je honnêtement pas du tout gêné par sa question. Ce serait merveilleux si elle pouvait exister. Qui sait, si la magie existait peut-être qu'elle pourrait me rendre mes jambes. Je crois que cela serait merveilleux si elles existaient mais se serait compliqué pour ces êtres de vivre tout le temps caché dans un monde comme le nôtre où tout secret et espoir son tabou.

-Certaine personnes savent garder les secrets tu sais, dit-il, même sous la torture ou l'oppression. Tu écris quoi dans tes histoires ?

-Ce sont toujours des histoires fictives, fantastiques. Je me sens libre dans ce monde. J'aime beaucoup le monde des vampires, un monde où le bien et le mal lutte. Un monde où l'on vit la nuit. J'aime aussi la magie. Parfois je mélange les deux. Les loup garous sont aussi intéressant mais c'est un sujet qui m'intéresse moins.

-Comment les représentes-tu ces êtres mythiques dans tes histoires ?

-Cela dépend. Pour les vampires, je les représente toujours avec deux facettes. Les histoires comme Twilight sont un peu trop molles à mon gout. Pour moi il ne peut pas y avoir que du bon en une personne. La plupart du temps, ils sont immortels, d'une beauté incomparable et bon. Mais la bonté cache toujours une autre face, quelque chose qu'il s'est passé avant ou une habitude qui n'est pas saine. Pour les magiciens, je préfère les représentés comme venant en aide aux autres, essayant de rendre notre monde meilleur. Pour les mythes cela va changer en fonctions de l'histoire et du mythe en lui-même. J'aime beaucoup les adapter à notre époque.

-Tu as déjà fait lire tes écrits à quelqu'un ?

Il semblait visiblement de plus en plus intéressé.

-Non, dis-je après un court moment d'hésitation, j'ai commencé à écrire en arrivant ici et comme je n'ai pas d'amis. Pourquoi, tu aimerais les lire ?

-Oui, dit-il, je trouve ce que tu me raconte très intéressant et j'aimerais bien y regarder de plus prés. Et puis, tout bon écrivain a besoin de l'avis de plusieurs personnes avant de penser à faire publier son livre.

-Je ne compte pas les faire publier, ris-je, ni devenir écrivain. Mais si cela t'intéresse, je veux bien t'en amener un demain.

Il changea tout à coup de sujet.

-Tu dis que tu ne veux pas devenir écrivain, alors que veux-tu faire plus tard ?

-Je ne sais pas, répondis-je, avant je voulais devenir professeur des écoles. Mais depuis l'accident, mon rêve s'est envolé.

-Pourquoi ?

-As-tu déjà vu quelqu'un enseigner en fauteuil roulant ?

-Oui, répondit-il, cela existe. C'est peut-être rare mais il y a bien des personnes en fauteuil roulant qui ont réussi à devenir enseignantes. Tu n'as jamais fait de recherches sur internet.

-Non.

-Si tu t'accroches à ton rêve, je suis sûr que tu y arriveras.

Pour changer de sujet, je lui demandais de me parler de lui. Il me raconta que son père et son oncle étaient des frères inséparables qui n'avaient jamais voulu se quitter. Alors, ils ont décidé de fonder une grande famille. Dimitri est né de l'union de Alekseï et Anastasia, sa mère. Son frère et sa sœur avaient été adopté quelques mois après sa naissance. Sa cousine par son oncle car sa femme était stérile. Le frère de cette dernière, Sergueï, l'accompagnait partout où elle allait.

Quant à ce qu'il voulait faire plus tard, il n'en savait encore trop rien : il hésitait entre musicien et professeur de musique.

Comme prévu, je lui prêtais le premier de mes écrits. Les créatures fantastiques qui le peuplait été les vampires. Je n'étais pas très fière de cette histoire car elle était un peu fleur bleue mais elle me plaisait bien.


Toujours croire en l'avenir [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant