Ellynn Morgan et l'héritage du passé (tome 2)

11 - Le jour de la Rose (première partie)

La fin des vacances était arrivée en un claquement de doigts. Ellynn n'avait pas vu le temps passer et regrettait déjà ses deux semaines passées au Cottage. Sa rencontre avec Phix l'avait laissée mal en point et elle avait dû se reposer une grande partie de la semaine pour que ses côtes fêlées et sa plaie puissent guérir.
Le retour chez les Collins s'était déroulé comme dans un brouillard épais. Bien que consciente, Ellynn ne se rappelait presque pas de ce qui s'était passé depuis son départ de la maison des Tadius. C'est Amaryllis qui avait dû lui expliquer que Baldur les avait prévenues de son arrivée et de sa chute accidentelle du rocher surplombant la crique des Trois Manchots. Attilius avait pris soin de trouver une excuse plausible à ses blessures et avait recommandé qu'Ellynn reste bien au chaud pour le restant des vacances.
Philys, de son côté, avait envoyé une lettre pour prendre de ses nouvelles et se plaindre de l'attitude de son père. Manifestement, Attilius et Aurélius lui avaient interdit de venir la voir alors qu'elle était dans l'armurerie. Et pour couronner le tout, son père lui avait soudainement sommé de faire pleins de tâches inutiles dans la maison, l'empêchant de pouvoir passer du temps ensemble.

- Je n'arrive pas à croire qu'on n'ait pas su se voir des vacances ! se lamenta Philys qui les avait rejointes en classe. Mon père est parti dans un de ses délires et m'a carrément demandé de déboiser les trois quarts du jardin. Un truc tellement absurde alors que l'été est encore loin ! 

Philys écarta vivement la chaise du banc et se laissa tomber dessus avec fracas. 

- Même ma mère s'y est mise et m'a demandé de nettoyer le grenier !

Amaryllis lui tapota doucement le bras en signe d'empathie.

- Tu as une sale tête ! nota Philys en observant Ellynn du coin de l'œil.
- Philys ! le réprimanda Amaryllis en lui faisant les gros yeux.
- Je dois te remercier ? rit Ellynn en lui lançant sa trousse à la figure.
- Non, continua Philys en attrapant sans difficulté l'objet en plein vol, mais tu as vraiment une... ben quoi ?! s'exclama–t-il quand Amaryllis lui donna une claque sur l'avant-bras. Je ne vais pas lui dire qu'elle est fraîche comme une rose alors qu'elle a encore plusieurs bleus sur le visage et une plaie qui se referme à peine sur la joue ! On pourrait presque croire qu'elle s'est fait attaquer par une horde de trolls !
- Tu pourrais – Amaryllis chercha ses mots, scandalisée par la franchise de Philys – tout simplement... te taire !

Philys la regarda amusé et Ellynn partit dans un fou-rire qui lui arracha quelques grimaces de douleur. 

- Ne t'inquiète pas, dit-elle à Amaryllis, j'ai une sale tête, je sais.
- Quand même, dit Amaryllis en lançant un regard désapprobateur à Philys. Ca ne se dit pas !

Bien qu'il ne se sente absolument pas en tort, Philys eut la courtoisie de feindre avoir honte. 

- Tiens au fait, tu ne m'as pas dit ce que tu pensais de ton nouvel étui ? demanda Philys d'un air innocent à Amaryllis. 

Le ton de la conversation prit une toute autre tournure et Ellynn se retint de rire devant le changement subtil, et traître, de sujet. Philys lui fit un clin d'œil discret puis reporta son attention sur Amaryllis qui s'épanchait sur le cadeau qu'elle avait reçu.
Tous les trois étaient en classe et attendaient patiemment qu'Attilius arrive pour leur donner cours. La majorité des élèves était déjà assis derrière leur bureau et discutait avec entrain de leur congé. Matthys et Lucas riaient aux éclats (une histoire de lutins de jardin qui auraient mis le feu à une cabane le jour de Noël) tandis que Loïs, Carys et Inès gloussaient à propos de Yannis qui s'était rasé une partie des cheveux. Sa nouvelle coupe lui allait comme un coup de poing dans la figure et Ellynn se demanda comment elles pouvaient le trouver ainsi séduisant.
Au fond de la classe, Kunis et Shannis chuchotaient en lançant des regards furtifs vers la porte de la classe. Kunis avait les traits tirés et se rongeaient les ongles, attendant surement l'arrivée de Timolas.