1 - Evallis (première partie)

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Amadeus – il y a un peu plus de un millénaire, l'école militaire Amadeus fut fondée par Titus Marcus Amadeus, Elfe de la Terre et chef de la Garde Elfique. Avec le soutien du Conseil des Elfes, il bâtit l'école au bord du lac Thémis, autour du plus grand chêne d'Aeolus Tann'ynn.
Professeur de stratégie et de techniques de combat, Titus Marcus Amadeus nomma son mentor, Constans Pacilus Paullus, Elfe de la Terre, à la tête de l'école militaire et s'attela à enseigner sans relâche son savoir à ses élèves.
À sa mort, le Conseil des Elfes décida de donner son nom à l'école et de prendre comme emblème, l'élan, son Elementari.
Au jour d'aujourd'hui, la notoriété de l'école et la qualité de son enseignement fait que plus d'une centaine d'elfes de tous les horizons viennent y suivre la formation militaire chaque année. Tibérius Blaise Confucius, Elfe du Feu, a succédé à Magnus Nautius Hostilius, Elfe de l'Eau, et est le directeur de l'établissement depuis maintenant quarante-quatre ans.

Ellynn referma doucement la Grande Encyclopédie Elfiqueet poussa un long soupir. Cela faisait presque deux mois qu'elle était à Aeolus Tann'ynn et elle se sentait plus seule que jamais. Étant en pleine période de moisson, les élèves avaient quitté Amadeus pour retrouver leur parent et les aider pour la récolte. Seule, elle n'avait eu d'autre choix que déambuler dans les couloirs vides des dortoirs pour occuper ses journées moroses.
Au lendemain de son arrivée sur l'île, Attilius lui avait prêté Baldur, son Faucon d'Argent, pour qu'elle puisse écrire à son père. Dans sa lettre, elle lui avait difficilement annoncé le décès de Nanny Mi et raconté son périple jusqu'à l'île des elfes. Elle n'était pas allée dans le détail, de peur que son parchemin ne soit intercepté par des personnes malintentionné, mais elle lui avait tout de même suffisamment décrit les événements pour qu'il soit informé de sa situation et rassuré de sa condition.
Lorsqu'elle avait remis sa lettre au chef de la garde, ce dernier avait eu la courtoisie de ne pas la questionner quant à ses yeux rouges et gonflés. Il avait accroché son parchemin à la patte de Baldur et avait joint une lettre à la sienne avant de l'envoyer rejoindre son père.
Pour lui changer les idées, il lui avait expliqué comment les elfes acheminaient leurs lettres d'une personne à l'autre via leur Faucon d'Argent. Les oiseaux, dressés dès leur naissance, n'obéissaient qu'à un seul maître. Ils étaient assez doux de nature mais n'hésitaient pas à mordre ceux qui ne les respectaient pas. Ellynn en avait d'ailleurs fait les frais lorsqu'elle avait voulu récupérer le parchemin que son père lui avait envoyé. Sans le vouloir, elle avait bousculé l'animal. Celui-ci l'avait alors mordue et avait refusé qu'elle l'approche tant qu'Attilius n'était pas présent.
À cette pensée, Ellynn se leva de son lit et se dirigea vers son bureau. Elle avait caché la lettre de son père dans un livre, l'intercalant entre deux pages jaunies, et la ressortait dès qu'elle en ressentait le besoin.
Lentement, elle déplia le courrier et le relu pour la centième fois.

Ma chère Ellynn,
Grâce à Dieu, tu es saine et sauve. Je craignais le pire au vu des avis de recherche que j'ai pu trouver à Bruxellae et des blessures de Lulu qui se remet lentement de son agression.
C'est avec beaucoup de peine que j'apprends le décès de notre bien-aimée Nanny Mi. Elle ne méritait pas de partir ainsi et je m'en veux de ne pas avoir été à vos côtés quand vous en aviez le plus besoin.
J'aimerais pouvoir te rejoindre à Aeolus Tann'ynn mais je dois d'abord régler quelques affaires. Profite de ton séjour à Amadeus pour parfaire ta formation et apprendre à contrôler ton pouvoir. Tu es entre de bonnes mains.
Affectueusement,
John

Ellynn abaissa les bras et parcourut tristement la pièce des yeux. Attilius lui avait donné la chambre dix-sept. Elle était située au dernier étage du dortoir des filles et offrait une vue imprenable sur le lac Thémis. Comme elle était la première arrivée, elle avait choisi son lit et avait privilégié celui qui se situait juste à côté de la fenêtre. Elle aimait observer le coucher de soleil sur le lac et bénéficier des brises légères pendant les nuits.
Lors de ses premiers jours sur l'île, elle avait eu des difficultés à contenir sa joie tellement elle avait eu hâte de rencontrer les trois autres elfes qui allaient partager sa chambre. Mais maintenant, même cette perspective ne la réjouissait plus. Ces deux derniers mois avaient été difficiles. Son père ne lui avait pas donné de date précise quant à leurs retrouvailles et elle n'avait vu personne en dehors de Gladius et Attilius. Ce dernier lui avait sommé de ne pas quitter le domaine de l'école, ce qui l'avait forcée à errer des journées entières aux abords du lac en la compagnie de son tigre à dents de sabre.
Puis, un jour, n'y tenant plus, Ellynn avait questionné le chef de la garde pour savoir où ses compagnons de route se trouvaient. Attilius avait paru surpris par sa question. Il lui avait expliqué qu'Amos avait momentanément quitté l'île pour une raison confidentielle et qu'il avait vu Timolas dans la forêt des Sylphes la veille.
Cette révélation avait heurté Ellynn. Elle ne comprenait pas le comportement de l'elfe et avait l'impression qu'il l'évitait depuis leur arrivée sur l'île. Elle savait qu'ils se chamaillaient pour un rien mais sa présence avait un côté réconfortant dans ce monde qu'elle ne connaissait pas. Son absence l'affectait un peu trop à son goût et elle n'aimait pas ça.
Pour faire passer le temps, Ellynn s'était plongée dans les différents livres qu'Attilius lui avait ramenés de la bibliothèque. Elle avait passé des journées entières à s'instruire pour tenter de rattraper son retard et ne pas être la risée des élèves d'Amadeus. Parmi tous ces ouvrages, son préféré était la Grande Encyclopédie Elfiquequ'elle avait déjà relu à diverses reprises. Le chef de la garde l'avait spécialement acheté pour elle afin qu'elle puisse s'instruire sur le monde des elfes. Cette attention l'avait particulièrement touchée et elle l'avait chaleureusement remercié.
C'était lors de sa première lecture qu'elle apprit que Gladius était son Elementari et que seuls les elfes de la Terre en possédaient un. Ils choisissaient leur compagnon selon des critères qui leur étaient propres – physiques ou émotionnels – et étaient généralement plus grands que les autres animaux de leur espèce. Le lien qui se forgeait entre eux était éternel et l'Elementari décédait toujours en même temps que son compagnon. Par contre, l'inverse n'était pas toujours vrai et l'encyclopédie expliquait différents exemples où des elfes avaient survécu à la mort de leur Elementari mais qu'ils s'en étaient trouvés fortement diminué.
Ellynn n'avait jamais pensé à cette éventualité et rien que le fait de concevoir la perte de Gladius lui donnait à chaque fois des sueurs froides dans le dos.
Pour se changer les idées, elle parcourut une dernière fois la lettre de son père puis observa le coucher du soleil sur le lac. Elle était à chaque fois subjuguée par ce moment car le ciel peignait des couleurs orangées magnifiques sur les environs de l'école.
Lorsque le soleil disparut à l'horizon, Ellynn se força à aller dormir car elle voulait être en forme pour son premier jour à Amadeus. Elle n'avait aucune idée de ce qui l'attendait au matin et se posait des tas de questions quant à ses futures camarades de chambre et les types de cours qu'elle allait devoir suivre.
Mais ce qui la taraudait le plus, c'était de revoir enfin Timolas. Il avait promis de suivre les cours et elle était certaine qu'il ne dérogerait pas à sa parole – il l'avait promis à Amos – même si l'envie ne lui manquait certainement pas.
Dans ses souvenirs, Ellynn revoyait très clairement le dégoût que lui inspirait l'école et son mécontentement face à l'exigence d'Amos pour qu'il poursuive sa formation à Amadeus. Il n'avait pas non plus apprécié qu'il le compare à elle, s'exclamant ouvertement qu'un elfe était bien supérieur à n'importe quel humain. Il l'avait rabaissée en lui lançant des piques blessantes et elle ne s'était pas gênée pour lui rentrer dedans dès qu'elle en avait eu l'opportunité.
Toutefois, son attitude avait perceptiblement changé à certains moments et c'est ce Timolas-là qui lui manquait. Ellynn se demandait ce qui le rebutait autant à venir sur l'île et pourquoi il s'était volatilisé du jour au lendemain sans lui donner le moindre signe de vie. Elle était tant prise dans un tourbillon de questions qu'elle ne s'endormit qu'au milieu de la nuit, à son plus grand désarroi.


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Petite mise en bouche :)))

Ellynn Morgan et l'héritage du passé (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant