Ellynn Morgan et l'héritage du passé (tome 2)

3 - Professeur Lumos (première partie)

Le lendemain, Ellynn traversait péniblement la plaine de l'école pour se rendre à son premier cours de techniques de combat. Elle ne s'était plus entraînée physiquement depuis son arrivée à Amadeus et le fait de marcher autant la veille ne lui avait pas été bénéfique. Elle avait des courbatures partout et pouvait sentir les muscles de ses jambes se contracter à chacun de ses pas.

- C'était bon, hein ? dit Amaryllis alors qu'elle avançait d'un pas léger à ses côtés. À chaque fois que je reviens, je ne peux pas m'empêcher de me goinfrer jusqu'à ce que je ne sois plus capable d'avaler quoi que ce soit !

Ellynn approuva d'un signe de tête même si elle n'était pas parvenue à manger la moindre chose au petit déjeuner. Lorsqu'elle était entrée dans la Salle Commune, les élèves l'avaient encore une fois dévisagée et certaines elfes ne s'étaient pas gênées de la pointer du doigt quand elle était passée devant elles. Ellynn savait qu'elle devait prendre son mal en patience mais elle n'avait pas pu se retenir de lancer des regards noirs à ceux et celles qui l'avaient regardée trop longtemps à son goût.
Une nouvelle contraction raidit tout son mollet et Ellynn pesta en son for intérieur. Pendant la moisson, elle avait jugé plus utile de s'informer sur le monde des elfes plutôt que de s'entraîner physiquement. Elle se rendait à présent compte que cela n'avait peut-être pas été la meilleure décision qu'elle avait prise. En deux mois, elle avait perdu sa condition physique et le peu de masse musculaire qui lui restait de ses entraînements à Bruxellae.

- C'est loin ? demanda Ellynn qui sentait maintenant une légère brûlure dans son mollet.
- Non, non, c'est juste aux abords de la plaine. On y est dans deux minutes.

Ellynn soupira. Il était logique que le cours de techniques de combat ne soit pas donné au sein de l'école mais comme son mollet lui faisait mal, elle ne pouvait s'empêcher de râler de devoir marcher.
À la lisière de la forêt des Sylphes, Ellynn aperçut un chemin qui sillonnait entre des arbres. Il était construit à quelques centimètres du sol et permettait d'éviter que le passage incessant des élèves n'abîme la végétation. 

- L'arène est un peu plus loin, expliqua Amaryllis en passant devant elle et en empruntant le sentier. Si tu as de la chance, tu verras des nymphes.
- C'est vrai ?!
- Oui, il y en a plein sur Aeolus Tann'ynn. Elles sont juste un peu timides. 

Un grand sourire s'afficha sur les lèvres d'Ellynn. Elle avait lu dans la Grande Encyclopédie Elfiqueque c'était des esprits qui avaient pris la forme d'elfes et qui chantaient des chants pour parler à la nature. Un dessin avait illustré les nymphes et Ellynn avait été intriguée par leur beauté et leurs étranges pouvoirs qu'elles détenaient de la Terre.
La sorte de passerelle les fit passer au-dessus d'un petit étang recouvert de nénuphars puis les mena à un escalier pentu entre des rochers. À la vue de celui-ci, Ellynn étouffa un grognement.

- Super, marmonna-t-elle alors qu'elle posait son pied sur la première marche.

La montée ne fut pas longue mais lui arracha quelques grimaces de douleur. Ellynn s'était aidée de la rambarde mais n'avait pas pu éviter les contractures de ses muscles à chacun de ses mouvements.
Une fois en haut, Ellynn put avoir une vue d'ensemble sur la zone d'entrainement. Le chemin les menait à une énorme arène qui était délimitée par quatre grosses statues d'élan et par la forêt des Sylphes. Il y avait quelques bancs déposés sur le côté et des sortes d'ateliers pour s'exercer le long de la zone d'entraînement.
Mais ce qui retint réellement son attention, c'était le professeur qui était au milieu de la carrière et qui toisait ses élèves du regard. Ces derniers étaient positionnés en deux rangées au bord de l'arène et ne prononçaient pas le moindre mot. Ils semblaient être hypnotisés par Amos qui se tenait droit comme un piquet et qui avait son Amicus perché sur son épaule. Il émanait une impression de puissance sans bouger la moindre parcelle de son corps et Ellynn put voir sur le visage des élèves que ceux-ci le craignaient.
Lorsqu'elles descendirent les marches, Amos tourna la tête dans leur direction.

- HA ! Merci de vous joindre à nous, mesdemoiselles. Dépêchez-vous de rejoindre vos camarades !

Ellynn soupira de soulagement. Après deux mois d'absence, elle retrouvait enfin l'ami de son père qui était fidèle à lui-même et qui ne s'était pas départi de sa brusquerie. Amaryllis se pressa pour rejoindre leurs camarades de classe et Ellynn lui emboîta le pas sans quitter Amos des yeux.
Quand elle arriva dans le rang, de légers murmures s'élevèrent de toutes parts et son estomac se recroquevilla.

- Silence !

Amos n'avait pas crié mais son ton était menaçant et les bruits se turent immédiatement.

- HA !

Ellynn déglutit. Amos les fusillait du regard et son visage était dur comme du marbre alors qu'il marchait devant ses élèves pour les observer. Il n'y avait plus aucun bruit à part celui de son bâton qui venait taper le sol à chacun de ses pas et Ellynn pouvait ressentir le mal-être de ses camarades face à leur nouveau professeur.

- HA ! 

Amos avançait maintenant lentement entre les deux rangées d'élèves et poussait par moment son petit cri primitif qui l'avait tant agacée lors de leur voyage.

- HA ! Tu t'es enfin décidé à nous rejoindre, Assassin ! 

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