Chapitre 8 - 3

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Petite note de début de chapitre cette fois. Ça parle anglais ici, alors dans ma bonté d'âme je foutrais une traduction approximative faite par les soins de votre serviteur en fin de page. Enjoy (:
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Lorsque Teresa s'éveilla, de nouveau, elle ne savait plus où elle était. Les murs lavande, les rideaux blancs brodés, le lit retourné et tâché de traces de sueur, un plateau déjeuner posé sur la table basse qui lui donna instantanément envie de vomir. Quelques secondes de confusion, et puis son esprit se reconnecta et elle se souvint.

- Merde, laissa-t-elle échapper à voix haute.

Elle ne se sentait plus trop malade, juste assez pour pouvoir se lever et aller faire un tour, ou au moins ouvrir sa fenêtre pour respirer un peu. Elle étouffait. En se levant, elle faillit tomber dans les pommes, se rappelant alors que cela faisait des plombes qu'elle n'avait rien avalé. La fenêtre, vite.

La fenêtre donnait sur la rue. Un instant, désorientée, elle ne reconnut rien. Il était tôt, en vue de la lumière, pas plus tard que six heures du matin. New-York. Ce n'était pas une légende ; cette ville ne dormait jamais. Il semblait faire froid (on était à peine en septembre, et pourtant ici il faisait au moins aussi froid qu'à Paris) et les habitants marchaient tous d'un pas vif avec leur sac d'homme d'affaire exemplaire, des mères tiraient des bambins récalcitrants jusqu'à l'école, des étudiants traînaient le pas et flanaient sur le trottoir en fumant des cigarettes.

Elle décida d'aller se rafraîchir à la salle de bain. Elle se prit la porte dans l'épaule - il lui semblait ne faire que cela en ce moment - et croisa instantanément son regard dans le miroir. Teint blafard, cernes bleus noirs, yeux rougis et vagues, cheveux sales et emmêlés. Drôle de représentation de son état psychologique qui, lui, n'avait pas suivi son amélioration physique. Elle avait passé les vagues de douleur qui lui faisaient regretter d'être encore en vie, et désormais tout ce qu'elle voyait était mort.

Comme si la déchéance et l'horreur était un philtre au-travers duquel elle observait le monde et lui donnait envie de rejeter de la nourriture qu'elle n'avait pas avalé. En s'appuyant sur le vasque de la salle de bain pour calmer son vertige, elle se rendit compte de la connerie de l'humanité. Son incapacité à ouvrir les yeux. Les mécanismes terribles et rédhibitoires de la naissance, la croissance, et puis la mort. Tout était teinté d'horreur, tout était pourri jusqu'à la moelle.

C'était dans cet état d'esprit joyeusement pathétique qu'elle se trouvait lorsque Stella entra dans la pièce. Elle jeta un œil au plateau repas, puis à son amie, et se permit de la serrer dans ses bras, ce qu'elle n'aurait pas fait en temps normal.

- Je suis heureuse de te voir debout. Putain, ça fait une semaine que t'étais pas sortie du lit.

- T'exagères.

- Non, non, dit-elle en secouant la tête de droite à gauche, on est jeudi. Une semaine.

- Oh.

C'est tout ce qu'elle trouva à dire. Elle s'assit sur le bord du lit.

- J'ai mal à la tête.

- T'as rien avalé depuis des plombes. Faut que tu manges.

Teresa haussa les épaules. Elle n'était pas sûre d'en être capable. Une soupe, peut-être ? Un truc chaud, de la purée, qu'elle avalerait en se bouchant les narines.

Les anges meurent aux balconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant