Qeder leva la tête en découvrant le visage de Sionna dans l'encadrure de la porte, et lui sourit doucement.
— Bonjour m'sire, dit-elle. J'vous dérange pas ?
— Non, ne vous en faites pas, entrez.Dévoilant sa dent manquante dans un sourire empreint de sympathie, la renarde entra à petits pas dans la pièce, venant s'asseoir aux côtés de Qeder. Si un peu de compagnie lui ferait oublier la douleur des temps passés, la récente conversation avec Sadiq, elle, restait bien présente dans l'esprit du jeune homme.
— Z'avez fait forte impression à Maistal, vous.
— Ah oui ?, s'étonna le nobliau.
— Elle vous déteste.Qeder laissa échapper un hoquet de surprise, avant d'éclater d'un rire franc auquel se joignit Sionna. Il se gratta le cuir chevelu, quelque peu embarrassé par la révélation.
— Je suis si mauvais que ça ?
— Il paraît qu'vous parlez trop, qu'vous vous t'nez pas super bien, qu'vous regardez bizarrement la famille royale... Enfin c'est c'qu'elle dit.
— Je suis vraiment mauvais, ricana Qeder.La jeune servante tourna vers lui un regard amical, agitant lentement la tête. Ses longues boucles rousses se balancèrent avec son geste, et l'homme des sables se rendit compte qu'elle était, malgré ses évidents défauts et pour une fille de la roture, une demoiselle tout à fait charmante.
— Elle aime pas grand monde, le rassura-t-elle.
Qeder sourit à ces mots. Maistal n'avait, en effet, pas l'air d'apprécier qui que ce soit. Pas même la Reine qu'elle servait. Alors qu'un silence embarrassant s'abattait sur le dortoir, le nobliau saisit le regard que posait sur lui la renarde. Un regard étonnamment brûlant, profondément sympathique mais aussi plein d'attrait. Une idée lui vint, et déjà il s'en mordit la langue, quelque peu honteux. Pourtant, il captura les yeux verts de la demoiselle et se pencha lentement vers elle. Il vit le teint blême se parer de couleurs tandis qu'elle se penchait elle aussi.
Le fils d'Oneone déposa contre ses lèvres un baiser délicat, l'une de ses mains glissant dans la nuque de la rouquine pour l'attirer contre lui. Il pouvait déjà sentir les doigts, entraînés par le désir, défaire les boutons de sa chemise. Il la laissa faire, glissant sa langue entre les lèvres de la demoiselle. Puis après quelques secondes, il s'écarta pour la regarder, puis la poussa doucement sur la couche, se penchant à nouveau sur elle pour l'embrasser dans le cou.Déjà la respiration de Sionna paraissait plus forte, presque sifflante. Brûlante de désir, elle semblait avoir attendu ce jour depuis trop longtemps – ils ne se connaissaient pourtant que depuis une quinzaine de jours. Qeder lui ôta son chemisier avant de glisser l'une de ses mains sous ses jupons, cherchant son intimité.
— Dis-moi, vint-il murmurer à son oreille. Je peux te faire confiance, Sionna ?
Il lécha doucement le lobe, lui arrachant un petit gémissement tandis qu'elle acquiesçait, hochant vivement la tête comme si sa vie était en jeu. Redescendant contre son cou, Qeder laissa un sourire satisfait couler sur ses lèvres, oubliant la honte qui était sienne alors qu'il se servait d'une pauvre servante bien trop naïve pour atteindre son but.
— Je dois me rendre aux cryptes... Tu pourras me les montrer ?
— Oui, oui, souffla-t-elle.Entrant deux doigts en elle, il mordilla sa gorge trop blanche, espérant que jamais celle-ci ne soit fendue par sa faute. Si les fanatiques la découvraient, si ils le découvraient... L'un comme l'autre seraient perdus.
— Tu connaissais Mia ?, reprit-il.
— Oui... Une vraie paillarde...Les gémissements de la rouquine se firent plus pressés, presque impatients, à mesure que les secondes défilaient. Elle souleva ses jupons d'une main tandis que de l'autre, elle tentait de déshabiller Qeder, cherchant sa virilité à travers ses braies. Il délaça celles-ci et entra aussitôt en elle, lui arrachant un soupir presque soulagé. Alors qu'il commençait ses premiers va-et-viens, Sionna vint saisir les cheveux du fils d'Oneone pour l'approcher de son visage, l'embrassant avec fougue. Je comprends mieux l'engouement de Sadiq pour les chattes rousses, songea-t-il.
Lui donnant un coup de bassin plus fort que les autres, il lui arracha un petit cri qu'il vint étouffer de ses lèvres. S'arrachant au baiser, il la regarda dans le fond des yeux.— Tu savais quelque chose concernant sa foi ?
— Elle aimait pas les Sides à cause d'sa vie misérable, souffla Sionna.Qeder soupira à son tour, à la fois de plaisir et de déception. Sionna ne connaissait pas Mia si bien que ça, et ne semblait même pas au courant de sa mort... Ou peut-être s'en fichait-elle juste. Toujours était-il que les révélations étaient plus intéressantes et plus sincères sur l'oreiller.
— Tu penses que tu pourrais laisser traîner une oreille dans le palais pour moi ?, demanda-t-il en lui grignotant l'oreille.
Elle hocha simplement la tête, sa main libre venant caresser ses seins tandis que l'autre agrippait toujours la chevelure de jais du nobliau. Ses assauts se firent plus rapides, plus forts, tandis que l'excitation grimpait un peu plus en lui. Finalement, il se laissa aller à la jouissance et se laissa retomber à côté de Sionna sur la couche.
La renarde vint presque aussitôt se blottir contre lui, ses mains s'agrippant à Qeder comme si elle craignait qu'il ne soit qu'une illusion, prêt à disparaître ; elle plongea son visage dans son cou, et la sensation du souffle chaud contre sa peau le fit se sentir un peu plus misérable. Il n'était pas du genre à se servir d'autrui, et pourtant, il le devait...— Je veux que tu me montres les cryptes, murmura-t-il à nouveau.
— Je te les montrerai... Mais m'quitte pas.Ses mots lui apparurent comme une supplication, et Qeder sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Pourtant, il hocha la tête, comme une promesse muette. Sa main vint caresser la chevelure rousse et emmêlée lors de leur ébat, comme si ce qu'il faisait ne le touchait pas, comme si il était sincère. Mia avait été tuée, Sionna était trompée... Nokrov était un monde bien trop cruel avec les jeunes filles.
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Nokrov, Tome 1 : Les Ombres du Pouvoir (terminé)
FantasiaSur les terres de Nokrov, la noirceur a tôt fait de dévorer l'âme de chacun. Le peuple ravagé par une famine presque permanente voit les grands du monde se gaver lors de fastueux banquets, les hommes des îles Vatner sont en conflit perpétuel, les fo...