Chapitre 31.2, les sables de Nariin

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Il ouvrit difficilement les yeux. Sa gorge était encore sèche, mais bien moins douloureuse. Il se sentait un peu plus reposé, mais encore faible de son voyage jusqu'à l'ouest. Une sensation de fraîcheur recouvrait son corps, aussi regarda-t-il celui-ci, couvert de vêtements amples et clairs. Il découvrit alors qu'une étrange gelée y avait été étalée. Il fronça les sourcils, se redressant brusquement. La rapidité de son mouvement eut raison de lui, lui donnant quelques vertiges ; il se pencha alors sur le côté de la couche sur laquelle il avait été allongé et vomit de la bile.

Haletant, Hvitur regarda autour de lui, essuyant sa bouche du revers de la main.

Il était visiblement dans une chambre, plus noble que tout ce qu'il avait connu. La couche était toute rembourrée de laine, lui indiquant tout d'abord qu'il n'était pas dans une auberge miteuse. Avait-il été recueilli par des nobles ? Il fronça les sourcils en observant son environnement, captant simplement une penderie et une table. Les rayons du soleil étaient filtrés par de fins rideaux qui voilaient l'unique fenêtre de la chambre.

Le vatner se leva lentement, esquivant la flaque de vomissure qu'il avait laissée au sol. Il grimaça en repensant à celle-ci, mais avança lentement jusqu'à la fenêtre, titubant. Tirant légèrement les rideaux, il fut un instant aveuglé par le soleil, toujours aussi agressif. Plissant les yeux, il observa les alentours.

L'endroit où il se trouvait semblait bien haut pour être une simple maison, ce devait être une sorte de château. Le bâtiment était entouré par un petit village encerclant une oasis. Il soupira puis, derrière lui, entendit qu'on ouvrait la porte. Hvitur se retourna vivement, manquant de choir en raison de la fatigue. Il vit alors un enfant – il l'avait déjà vu. Il avait dû aller chercher de l'aide après l'avoir trouvé.

— Vous d'vriez pas vous l'ver m'sire.

— J'suis pas un sire.

Disant cela, Hvitur tituba jusqu'au lit, s'y asseyant pour emprisonner son crâne entre ses mains, tentant de faire taire sa migraine et ses vertiges. Après de longues secondes de silence, il tourna la tête vers l'enfant.

— C'est comment qu'tu t'appelles ?

— Afi.

— J'suppose qu'on est chez ton père.

Le garçon hocha la tête, s'approchant doucement du lit. Il aperçut alors la flaque au sol et grimaça. Hvitur eut un reniflement amusé.

— T'en fais pas pour ça, j'nettoierai moi-même.

— J'venais voir si vous étiez réveillé. On va bientôt manger, si vous voulez v'nir.

Le vatner fronça les sourcils, surpris de la proposition. Un sourire badin coula sur ses lèvres.

— Tu sais c'que j'suis, au moins ?

Afi haussa les épaules, ce qui surprit Hvitur. Celui-ci se pencha légèrement vers le petit homme, ses sourcils s'arquant.

— J'suis un vatner, ça t'fait pas peur ?

— J'connais pas d'vatner. Donc y m'font pas peur.

— T'es un dur à cuire, toi, au fond, souffla Hvitur avec un sourire. J'dis pas non à un peu d'bouffe.

Le jeune homme fit signe à l'îlien de le suivre, l'entraînant hors de la pièce. Hvitur enfila ses bottes, laissées dans un coin de la pièce, avant de lui emboîter le pas. Ils traversèrent un long couloir et descendirent des escaliers de pierre avant d'atteindre une salle où se trouvait une grande table. Au bout de celle-ci, un vieillard à la peau brune l'observait curieusement. À sa gauche, un homme d'une cinquantaine d'années semblait le jauger, prêt à bondir tel un lion au moindre geste mal interprété. Au regard de celui-ci, Hvitur devina qu'il avait dû connaître bien des choses. Et au vu de sa posture, il devait être bien né. Très bien né. Mais en y regardant de plus près, sa peau n'était pas celle d'un homme du désert.

Nokrov, Tome 1 : Les Ombres du Pouvoir (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant