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Mon corps nu était allongé sur le sien, il jouait avec mes cheveux en me faisant des papouilles tandis que je souriais de plaisir.



Qui es-tu ? Demande Anas



Et il recommence à nouveau avec ses questions, très curieux pour un homme que je fréquente depuis seulement une semaine. J'esquive la question en répondant bêtement :


- Je suis Dounia dis-je en me levant.



Il ricane tandis que j'entre dans la salle de bain prendre une douche. Qui je suis ?

Dounia Abdelaziz. J'aurais 22 ans demain. Je ne vois pas ce que j'aurais d'autre à dire. Il n'y a rien qui m'est plus insupportable qu'on me questionne sur ma personne. Est-ce à cause de cette tragédie qui a eut lieu dans ma famille 18 ans plus tôt ? C'est fort probable.

Ma mère est morte, elle a été tuée par mon père lorsque j'étais encore un enfant. Celui-ci l'avait emmené dans un autre pays, où il s'en est pris à elle, et l'a battue à mort. Lorsqu'il est revenu en France, il a pris 10 ans de prison, une fois sorti, j'avais 15 ans. Je vivais comme une orpheline, de toute façon je suis orpheline. Ma mère est morte, et mon père est considéré comme tel par moi et toute ma famille depuis bien longtemps. Je vivais entre plusieurs maison, chez ma Tante Hizya (la soeur de mon père), ma Tante Myriam (la cousine de ma mère) et ma grand-mère qui vivait seule avec sa fille Naima depuis la mort de mon grand-père, décédé d'un arrêt cardiaque suite à la mort de sa fille. Je voyais également régulièrement mon oncle Mohamed et ma grand-mère côté paternel.

Concrètement je n'ai pas de maison, j'ai simplement des affaires un peu partout, mais officiellement, ma tutrice est ma grand-mère.

Il y a tellement de problèmes et de tensions dans ma famille, ça a été pesant pour moi durant de nombreuses années, particulièrement mon adolescence et tout le monde l'avait remarqué à cause des mes fugues fréquentes.

Mais aujourd'hui ça s'est arrangé, et avec le temps on s'y fait. J'ai revu mon père il y a cinq ans, lorsque j'ai eut mon bac. J'avais accepté de le voir, mais aucun mot n'est sorti de ma bouche, je regardait simplement son visage avec de la haine et du dégoût. Et je ne compte plus jamais le revoir un jour.

Personne ne m'a parlé des conditions exactes de la mort de ma mère, j'ai simplement écouté aux portes lorsque mes oncles et mes tantes en parlaient. C'est comme ça que j'ai su ce qu'il s'était passé. 

Aujourd'hui je suis une nouvelle personne, le temps fait bien les choses comme on dit. J'aime toujours ma mère, elle restera gravée dans ma mémoire, jamais je ne l'oublierai. Et c'est avec cet amour pour elle que j'avance comme je peux. J'ai obtenu mon bac il y a quelques années, et c'est décidé, je quitterai bientôt la maison de ma grand-mère pour avoir mon propre appartement. J'ai besoin de mon indépendance.
Après l'obtention du bac, je n'ai pas entamé d'études malgré les reproches répétitifs de ma famille, je n'en ait aucune envie.



Je fais couler l'eau brûlante sur mon visage, voilà que cet imbécile d'Anas m'a fait pensé à tout cela. Anas est un homme d'origine algéro-congolaise que j'ai rencontré il y a de cela plusieurs moi par hasard lors d'une soirée. Je ne lui avais jamais accordé d'attention malgré toutes ses tentatives de séduction, pas avant la semaine dernière en tout cas. On fricotait ensemble, c'est tout , rien de très sérieux. Cela ne nous a pas empêché d'aller plus loin, mais nous sommes des adultes après tout.

Une vingtaine de minutes plus tard, je sors de la salle de bain avec une serviette qui tenait sur ma poitrine. Anas me regardait la tête penchée, les yeux admiratifs en me demandant de rester encore un peu:


DouniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant