66

502 44 0
                                    

— T'es décontractée là, je le sens.

— Ouais, je crois que c'est la sortie de ce matin qui m'a mise en confiance.

— Cool.


Nous étions dans un restaurant style américain des années 50, j'aimais trop la décoration, l'ambiance. C'était très beau, et je suis heureuse qu'il m'y ait amenée.




— Azem tu fais quoi dans la vie ?

— Pourquoi tu veux savoir ?

— Comme ça je hausse les épaules

— Je ne suis pas policier en tout cas.

— Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu parles de lui ? m'énerve en déposant mon verre

— Laisse tomber dit-il en fixant ma main.



Je devine qu'il regardait mon alliance, et j'avais même oublié qu'elle était à mon doigt. Ça m'est sorti de la tête. Je la regarde également, je pensais qu'Anas était l'homme de ma vie, qu'on allait finir nos jours ensembles. Anas représentait tout un idéal, et même un accomplissement personnel. J'avais enfin réussis à me poser, il m'avait tout donné, mais surtout: la stabilité. Il m'a offert un travail, un permi, une voiture, il m'a soutenue dans tout ce que je faisais, dans tout mes traumatismes.

Et bien sûr que cette histoire me rend triste, je suis triste qu'on en soit arrivé là tous les deux, mais qu'est-ce que j'y peux ? C'est de sa faute, je le sais mais je me sens coupable. J'ai l'impression que chaque fois que je crois être heureuse, tout se détruit juste après. C'est moi qui porte malheur.


— Avoue que tu l'aimes encore ?



Je ne sais pas, j'en sais rien. Est-ce qu'on peut oublier plus d'un an en quelques semaines ? Il m'inspire la peur, même le dégoût mais au fond je me demande si je n'ai pas encore de sentiments pour lui.


— Bref on y va dit-il en se levant après mon silence.




Voilà que le dîner est gâché, mais je ne savais plus quoi dire. Azem devient de plus en plus bizarre, je me demande s'il ne développe pas de sentiments pour moi.
On rejoint sa voiture et en route pour la maison.

Le trajet était plus que silencieux, je le sentais nerveux. Une fois à la maison, c'était pire, il entre et claquait les portes à chaque fois qu'il en avait l'occasion.



— Tu peux arrêter ça s'il te plaît ?

— Quoi ? J'ai pas le droit de fermer les portes maintenant ?

— Tu les claques et c'est insupportable ! C'est quoi le problème Azem ?

— Le problème c'est que j'ai l'impression que tu te fou de moi.

— Quoi ?

— Ouais ! Tu l'aimes encore, et si ça se trouve vous avez juste eut une embrouille de couple et que tu as inventé tout ça ! Et moi comme un con, je te protège, et j'obéis. Comme à chaque fois.


Je le regardais avec tellement de haine, comment il peut dire ça ? Remettre en question toute mon histoire, tout ce que j'ai vécu de la sorte est juste minable de sa part.


— Tu sais quoi ? Je vais m'en aller, peut-être que tu te sentira moins con dis-je en prenant la porte.



Je descends les escaliers et sort de l'immeuble, des larmes perlaient le long de mes joues. L'image qu'il a donné de moi est juste horrible, je crois que je ne l'oublierai jamais.

DouniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant