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— Bébé s'il te plaît il faut que tu manges quelque chose dit-il en déposant un plateau devant moi.

— Arrête, je n'ai pas faim je rabat ma couverture sur moi.

— Tu veux pas aller voir ta famille ?

— Non.

— Dounia ça fait bientôt une semaine, ils ont besoin de te voir.

— Pas moi !


Anas fait une mine désespérée, je n'ai envie de voir personne. Depuis le décès de ma mère, je n'ai parlé à personne de la famille. Une fois j'ai décroché à mon oncle Djibril, et je lui ait dit que j'ai besoin de rester seule un moment, et qu'il fallait qu'ils comprennent ça.

Alors depuis ils harcèlent Anas. Anas qui gère tout depuis le début. Dans la tradition musulmane, les femmes ne peuvent pas assister à l'enterrement, c'est uniquement les hommes. Alors c'est comme ça que ça s'est passé. Tous mes oncles, ainsi qu'Anas et Jalil se sont rendu à l'enterrement. Il y a eut une réunion où cette fois il y avait tout le monde, y compris les femmes mais j'ai refusé de venir.



— Alors mange un peu, s'il te plaît.





Je finis par céder, parce qu'il est beaucoup trop inquiet pour moi. J'ai commencé à manger les pâtes qu'il avait préparé, elles n'étaient pas bonnes, je ne sais pas si c'est parce que tout me paraît fade en ce moment ou si c'est lui qui ne sait pas cuisiner. À peine est-il allé dans la chambre, j'ai tout vidé à la poubelle puis je me suis allongée sur le canapé.


(...)

— T'es prête ?

— Tu sais bien que je n'en ait pas envie dis-je en le regardant méchamment


C'est à cause de lui que je suis ici, il m'y a presque obligée pour que je vienne chez mon oncle Souleyman. Mais tout le monde y était, toute la famille qui me réclamait depuis plusieurs jours.
On va passer en coup de vent, c'est ce qui est prévu.

Lorsque nous entrons, on tombe sur sa femme, Carmen, elle avait le regard triste lorsqu'elle me voit. J'ai horreur de ça, je l'ai saluée sans même la regarder et je me suis enfoncée dans le salon. Qu'on en finisse.

Tout le monde avait le regard vide, tout le monde m'a prise dans ses bras, j'ai vu au fond de la pièce Naïma, à qui je n'ai pas dis bonjour. Je ne veux pas la voir.

Elle se lève du canapé et s'avance vers moi en me prenant par le bras.


— Ne me touche pas !

— Dounia je...

— Ne parles pas. Tu es morte pour moi !


Mon oncle Souleyman se lève en tapant du poing sur la table, ça nous a tous fait sursauter



— Qu'est-ce qui vous prend ? Dounia c'est quoi ton problème ?

— Je ne veux pas lui parler c'est simple.

— Tu ne t'adresses pas à elle comme ça ! C'est ta soeur, t'es obligée de lui parler !



Mon oncle était en colère, il me regardait avec des yeux menaçant.



— De toute manière je vais y aller dis-je les larmes aux yeux

— Non reste dis Ma tante Myriam

— Aurevoir tout le monde.



Je suis sortie, et Anas m'a suivie. Derrière il y avait mon oncle Djibril, il me rattrape par le bras pour essayer de me parler.



— Lâche-moi ! Criai-je en détachant ma main de la sienne



Il était surpris, alors il n'a rien dit et a regagné le salon. Mon oncle Souleyman est arrivé avec une démarche déterminée.


— Pourquoi tu t'en vas ? Demande Souleyman

— Je t'attends dans la voiture dit Anas


Mon oncle regarde Anas partir et attend ma réponse.



— Rentre à l'intérieur. On doit rester en famille.

— J'en ait pas envie.

— Dounia je te le répète une dernière fois, rentres au l'intérieur et fait la paix avec Naïma.

— Non ! criai-je à nouveau



Mon oncle d'un revers de main me donna une grande gifle. Instinctivement, ma main se dépose sur ma joue, je le regarde, dans son regard je voyait de la tristesse. Qu'ils aillent tous se faire foutre.

Je fais demi tour et sort de l'immeuble malgré mon oncle qui criait mon nom.


(...)

Je dépose mon téléphone sur la table de nuit. Je venais tout juste d'avoir ma belle famille au téléphone, ils m'avaient tous présenté des condoléances, c'était très gentils de leur part. Plus particulièrement mes belles-sœurs, elles m'ont plusieurs fois apporté des plats à la maison et montré leur soutient.

J'ai coupé tout contact avec ma famille, je ne veux plus les voir. Entre Naïma qui m'a empêchée de passer du temps avec ma mère, mon oncle qui m'a giflée.



— Ça va demande Anas en mettant ses vêtements de travail

— Ouais ça va. Tu vas travailler ce soir ?

— Ouais. Je reprend aujourd'hui.

— Tu n'étais pas obligé de prendre des congés pour moi.

Bien sur que si, c'est normal, je ne voulais pas te laisser seule.

— Merci sourai-je



Anas me fait un bisou sur la joue. Je crois qu'on ne s'est jamais embrassé depuis le décès de ma mère.
Anas a été là pour moi du début à la fin, même si parfois j'étais insupportable. Et je lui en suis vraiment reconnaissante.

Le soir j'ai repensé à mes deux mères décédées, j'avais des photos dans le tiroir de ma table de nuit. C'est incroyable comme je leur ressemble, tout le monde le dit.

Et dire que désormais je suis seule, parce que je me sens vraiment très seule, je n'ai plus de famille, plus personne en dehors d'Anas. Il est mon seul repère aujourd'hui.

Des larmes s'échappent de mes yeux, je repense à ses derniers mots avec moi. Je suis heureuse de lui avoir dit je t'aime avant qu'elle ne meurt, autrement je l'aurait vraiment regretté.

Un peu plus tard dans la soirée, vers 4h du matin, Anas est rentré, j'étais toujours réveillée. Ces derniers temps je n'arrive pas du tout à dormir, ça m'est presque impossible.
Lorsqu'il est arrivé, il m'a demandé si tout allait bien, je lui ait répondu à l'affirmative puis nous nous sommes couchés ensemble.

Je l'aime tellement.





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DouniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant