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— Laissez-la se reposer un peu dit mon oncle Djibril à Naïma et Myriam. Il est tard.

— Moi je dors avec Dounia dit Naima




Myriam sors de la chambre après avoir déposé un bisou sur mon front. Ça fait déjà trois jours que je suis chez mon oncle, tout le monde est au courant pour ce qu'il s'est passé, et tout le monde essaie d'être présent pour moi, même après ce qu'il s'est passé, ainsi que mon comportement. Souleyman et moi sommes toujours en froid, même s'il a essayé de revenir vers moi, je ne veux plus lui parler.

Nous n'étions que toutes les deux dans la chambre, on discutait un peu de choses sans intérêt. Sa compagnie ses derniers temps m'est devenue apaisante.



— Maman elle aurait pensé quoi de moi ?

— Elle t'en aurait pas voulut en tout cas. Plus à nous parce qu'on a rien vu, un peu
comme avec Chaza.

— Moi non plus j'avais rien vu. C'est après un an qu'il a changé.

— Tu l'aimes ?

— Je penses que oui.

— Waw.



Je pensais vraiment finir ma vie avec lui il y a encore quelques semaines. Je me demande d'ailleurs comment ça a pu arriver, comment je suis passée d'une vie monotone, à une vie pleine d'amour puis une remplie de drame, à nouveau.  
Ce que j'ai décidé, c'est de ne garder que de bons souvenirs avec lui.

Anas a assez souffert, je le voyais lorsqu'il est devenu bizarre avec moi qu'au fond il était torturé. Tous les jours il se confondait en excuse, je sais qu'il ne me voulait pas de mal, mais ses émotions ont pris le dessus. Je me demande ce qu'il a vécu pour qu'il soit comme ça. C'est peut-être le traumatisme dont il m'avait parlé, cet homme qu'il avait tué. Je pense qu'il avait terriblement peur de l'abandon. C'est lorsque j'ai voulut le quitter ou plutôt faire une pause qu'il est devenu fou.




— Ça te dis d'aller faire un tour dehors ?

— On va jamais nous laisser sortir, encore moins à cette heure ci.

— J'avais oublié. 




Je commençais à m'endormir, Naïma me caressait le visage doucement:




— Je sais que Maman aurait été fière de toi. Tu t'es battue pour rester en vie, et t'as réussis.




C'est ce que je me répète. Je ne suis pas comme Chaza.
Ma mère m'a vraiment aidée durant cette épreuve, je ne sais pas si c'est son fantôme ou de simples hallucination, mais elle m'a déjà aidée à m'échapper une fois, et parfois elle apparaissait la nuit pour me parler. En disant ça comme ça j'ai l'impression d'être folle, mais ça me fait du bien de savoir qu'elle veille sur moi.




— Je t'ai pas dis mais pendant que j'étais avec Anas, je voyais maman. Une fois elle m'a poussée à m'échapper, c'est grâce à elle que j'ai pu partir la première fois.

— T'es sérieuse ? Demande Naima en se redressant

— J'ai l'air de plaisanter ?

— Arrête, les fantômes ça n'existe pas. Ça a dû être les effets des drogues qu'il t'as données.

— Peut-être mais ça m'a aidée.

— J'aimerai bien la voir. J'ai peur de l'oublier dit-elle en fermant les yeux.

— C'est impossible.





On a discuté toute la nuit, comme d'habitude. En ce moment ma soeur et moi on est devenue très proche, on a retrouvé la complicité qu'on avait lorsqu'on était encore enfant.
Durant mon adolescence ça s'est gâté, on avait une relation très conflictuelle, voir explosive, je faisais n'importe quoi de ma vie et Naïma était en désaccord avec tout ce que je faisais.
Notre mère aurait été fière de nous voir comme ça, dommage qu'elle ne l'ait pas vu avant de mourir.



(...)



Une semaine est passée, Naïma et moi sommes toujours chez ma tante, et franchement on passe du bon temps en famille. Ça fait longtemps que je n'avais pas eut de moments comme ça avec eux. Avant il étaient trop occupé à critiquer mon mode de vie: « pourquoi tu ne fais pas d'études » « pourquoi tu ne travaillerai pas chez ton oncle » « tu devrais revenir vivre à la maison, une femme chez nous ne quitte pas le domicile familial comme ça » et j'en passe.

Alors que là on fait que profiter les uns des autres, ça, ça fait du bien.

Le soir nous sommes tous allés au restaurant en famille, même Souleyman était là. Parfois je sentais son regard se porter sur moi, puis détourner la tête. Il s'en veux encore pour la gifle qu'il m'a donnée, et le fait qu'on ne se parle pas le contrarie beaucoup, je le sais.




Dounia viens deux minutes dis Souleyman en se levant

— Je suis en train de manger



Naïma et Djibril me lancent un regard noir, alors je finis par me lever et le suivre jusque dehors, devant le restaurant.


— Tu sais que je regrette ce que j'ai fais. Je me suis excusé tu veux quoi de plus.

— On croirait entendre Anas.

— Dounia soupire mon oncle. C'est moi, je suis ton oncle, ou ton frère comme tu veux, et je ne veux que ton bien, là dernière fois tu m'as chauffé et je me suis emporté. Mais tu sais à quel point je tiens à toi.

— Je sais. Moi aussi je tiens beaucoup à toi dis-je avant de lui faire un câlin.



Souleyman ressers aussitôt mon étreinte avant de me faire un bisou sur le haut de la tête.


— Je tenais à m'excuser pour ne pas m'être rendu compte pour ton enfoiré de mari.

— Ne l'insulte pas s'il te plaît.

— Quoi ? Tu le continue au le défendre ?

— Il est mort, c'est bon.

— Je suis bien content que tu l'ai tué, mais j'aurais aimé le faire moi-même.

— Je veux pas en parler avec toi.

— Ouais bref on y va.




Nous retournons tous les deux à l'intérieur du restaurant, puis on continue le repas dans la joie et la bonne humeur.



On est rentrés assez tard, vers 1h du matin, le le demain Djibril et Souleyman allaient travailler.

DouniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant