NARCIS

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Les heures passaient avec une lenteur insupportable, au point de me rendre irritable. Las, de tout ce tas, un monde en fracas dans lequel je semblais destiné à rester plonger, de peur de sombrer, je me laisser mourir dans ce non-sens de vide.

- Jeune maître ?

Je levai les yeux vers Abel qui m'observait, il était inquiet. Je savais que je n'avais pas bonne mine, je savais que j'avais que j'avais une sale tête, je savais que ma chevelure devenue grisâtre ne faisait qu'accentuer cet effet, bref, j'étais encore plus bizarre et effrayant que d'habitude.

Mon teint pâle maladif ne devait pas arranger les choses, j'étais en train de mourir malgré tous les efforts de tout le monde pour maintenir en vie.

- Voulez-vous... ?

Abel ne termina pas sa phrase car l'ascenseur venait de s'ouvrir sur elle. Son odeur florale envahit l'ascenseur, des souvenirs remontèrent à la surface.

Je la vis rire dans ma villa, je la vis dormir auprès de moi, je la vis me dire je t'aime pour la première fois, je la vis. J'aimais son parfum, mon lit, mes affaires, la maison en était encore imprégnée à certains endroits et je faisais tout pour que l'odeur reste.

Je la vis hésiter, elle voulait s'en aller mais elle n'était pas seule, des journalistes l'accompagnaient. Elle inspira profondément puis fit un premier pas hésitant dans l'ascenseur, elle croisa ses bras dont les mains tremblaient, son visage était aussi blanc que mien, elle avait peur.

Elle était terrifiée par moi, j'étais de venu sa plus grande peur. Les portes se fermèrent. Un silence gênant envahit les lieux jusqu'à ce qu'Abel toussote avant de dire :

- Vous allez à quel étage ?

Elle ne répondit pas et se contenta d'appuyer sur le bon bouton. Nouveaux souvenirs mais plus sombres, le palais rouge. Je me raidis, je me vis de nouveau dans cet pièce sombre, menottée devant un public. Mon corps se mit à trembler.

Cet endroit m'avait volé mon amour, ma vie, ma famille et tout ce que j'avais de plus précieux. Je voulais mourir, je ne désirais que cela.

- Eros...

Je repris conscience en entendant sa voix, elle venait de m'appeler, de me parler. Je vis son visage penché vers le mien et me rendis compte que je me trouvais au sol. J'avais perdu connaissance.

Cela m'arrivait souvent, Nars disait que c'était parce que mon corps ne supportait plus la pression. Je la vis approcher sa main de mon visage avant de la retirer rapidement, elle se tourna vers Abel et protesta :

- Il est brûlant !

J'avais froid, je me sentais frigorifiée. C'était comme si mon corps disparaissait, je n'avais même plus l'énergie de bouger même mon pouce.

- Je sais, c'est une crise, je viens d'appeler Nars, il arrive !

- Abel, il est brûlant ! Je n'ai jamais vu quelqu'un aussi chaud...

Mon majordome détourna son regard mal à l'aise. Il savait ce qui se passait, il savait ce que j'avais mais il ne trouvait pas les mots pour l'expliquer. Elle se mordilla la lèvre puis se focalisa de nouveau sur moi, elle avait les yeux remplis de larmes. Elle allait s'approcher de moi de nouveau mais elle avait peur.

Des nouveaux souvenirs. La douleur, la haine, son départ. Elle m'avait quitté car je l'avais brisé, je lui avais fait mal. J'étais un monstre.

• Abel, il convulse ! Abel, hurla-t-elle paniquée.

Sa voix était lointaine, ma vision était devenue flou, j'avais de plus en plus de mal à rester conscient, comme plongé de force dans une saute de transe.

• Ne le touche plus, son aura va te brûler...

Mon énergie envahit l'ascenseur, je sentais les ténèbres m'envahir, je ne résistai pas et sombrai. Je me réveillai dans une chambre d'hôpital. Je sautai du lit en repoussant le médecin qui m'examinait. Mon énergie grimpa d'un coup et je sentis que mes yeux devenaient fluorescents.

Elle entra dans la pièce et me regardait d'un air paniqué tandis que les autres humains hurlaient de peur. Le sol tremblait et je sentais que bientôt mon aura allait commencer à agir sur eux, ils allaient mourir...

AITHIOPIA [T7]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant