SEPHORA

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L'ambiance dans la pièce était étrange, comme un deuil. La mort de mon mariage avec Neith car il avait changé d'avis finalement.

Il avait soudainement annulé son voyage pour qu'on puisse les papiers du divorce. Je l'avais appris juste avant qu'on m'annonce qu'il s'était aussi marié à Keren, ma sœur. Ma propre sœur.

Je fermai les yeux pendant quelques secondes, des souvenirs que j'avais enfouies remontèrent à la surface, ces moments passés avec lui, ces voyages que nous avions faits ensemble.

Je me mordillai la lèvre, j'avais l'impression de voir ma vie défiler, les meilleurs moments de ma vie étaient quasiment tous avec Neith.

Ce dernier ne m'adressait plus la parole depuis notre dernière dispute, il était juste blotti dans les bras de Nars.

Je voulais le regarder, profiter une dernière fois du fait d'être encore sa femme, toucher son magnifique visage et le voir sourire une nouvelle fois, avec ses fossettes qui le rendaient si irrésistible. Mais je dus me retenir car j'avais perdu ce droit.

Le juge expliquait la procédure, nos avocats parlaient et moi j'avais envie de pleurer.

Je me tournai vers mon père qui échangeait des murmures avec le père de Neith, la situation me donnait envie de disparaitre.

- Vous pouvez signer, me proposa la juge.

Je ne bougeai pas. Il répéta, je ne bougeai toujours pas. J'avais bien compris sa demande mais j'étais comme paralysée.

Mon corps refusait de bouger littéralement, j'avais l'impression que si je me levai, c'était comme le début de la fin.

Et signer signifierait que je renonce à Neith pour toujours, que je ne l'aimais plus et que tout serait fini. Sauf que je ne voulais pas renoncer à lui, je ne voulais pas arrêter d'être sa femme.

Je ne voulais pas me retrouver seule sans lui, il était ma famille et je voulais que ça continue ainsi. Je ne voulais pas le laisser à Karen qui s'était assise derrière lui avec un air de triomphe.

J'étais sa femme, il était mon mari. Je sentis quelqu'un me toucher le bras pour attirer mon attention, je refusai de bouger, je ne voulais pas tuer notre mariage.

- Cara ?

Je virevoltai vers lui automatiquement, j'étais sa Cara, je ne pouvais pas supporter que cela cesse. Je le vis sortir un mouchoir de poche et se pencher vers moi pour essuyer mon visage.

Je compris que des larmes s'étaient mis à couler sur mes joues, je pleurai. Cela aurait pu me gêner si Neith lui-même n'avait pas les yeux remplis de larmes aussi, je compris qu'il était aussi triste que moi.

Tout ceci, il ne le voulait pas non plus, ma demande de divorce le rendait aussi triste que moi.

- On va suspendre la procédure !

Il se leva, imité par tous les autres. Il me proposa sa main que j'acceptai. J'étais toujours sa femme, peu importe ce qu'il avait fait, ce que j'avais fait, la seule vérité que j'acceptai était que j'étais sa femme.

Il me guida jusqu'au hall où ses gardes chargeaient ses affaires dans sa voiture, il allait partir. Il allait de nouveau me quitter.

Je sentis aussitôt mon cœur se serrer et automatiquement je serrai sa main. Il baissa son regard vers ma main et vit que je portais toujours mon alliance, il esquissa un sourire. Il se pencha vers moi et m'embrassa tendrement sur le front.

- Je dois prendre mes responsabilités royales, le divorce sera suspendu aussi longtemps que tu le souhaiteras, tu as raison sur une chose, le mariage ce n'est pas ce que nous vivons ! Tu es libre princesse, désormais je resterais en Afrique, tu es donc libre !

Et il me lâcha. Il tourna les talons et s'en alla avec Nars. Je crus qu'on venait de m'arracher le cœur. Je faillis hurler et éclater en sanglots.

Mais voir Karen monter dans la voiture derrière celle Neith me paralysa sur place, elle était autorisée à le suivre, pas moi. J'étais en train de perdre Neith et c'était totalement de ma faute.

Je laissai Eller me tirer avec elle. Elle m'avait manqué. Elles m'avaient toutes manquées mais elle, c'était différent.

Eller avait toujours été ma confidente, elle me comprenait facilement et faisait toujours tout pour me faire sourire.

Et aujourd'hui, je voulais être là pour elle car même si elle n'en parlait pas, je sentais que sa fausse couche avait causé une blessure profonde en elle et que même si elle faisait genre, elle avait besoin de parler pour guérir...

AITHIOPIA [T7]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant