ELLERYN

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Après avoir rendu visite à Johanna qui se reposait, je décidai de faire un saut dans la chambre de Jemima. J'avais demandé à Ethan de veiller sur elle et de vérifier qu'elle allait parfaitement bien.

De ce fait, son dossier médical était accroché à son lit et bien sûr Paolo qui était déjà dans la pièce était en train d'y jeter un coup d'œil.

Je savais que je n'aurais pas dû me mêler de leur histoire mais je refusai de voir Jemima vivra un amour caché juste à cause de son état de santé.

J'étais sûr que maintenant qu'Eros leur avait proposé cette solution, ils pouvaient être ensemble.

Au fur et à mesure que Paolo lisait le dossier, son visage devenait de plus en plus pâle, il semblait sous le choc. A tel point qu'il finit par lâcher le dossier qui tomba au sol. Ce qui réveillai Jemima qui sourit en reconnaissant Paolo.

    •    Oppa...qu'est-ce que tu as ?

    •    Tu as eu le cancer et tu me l'as caché ?

Jemima se raidit. Elle recula, terrifiée. Paolo tourna les talons pour s'en aller.

    •    Paolo...

    •    Si tu ne me dis pas la vérité, je m'en vais !

    •    J'ai...j'ai...j'ai...oui, c'est vrai !

    •    2009, tu avais treize ans, donc tu m'as menti quand tu as dit partir en camp de vacances pour filles au lieu de venir passer les vacances aux États-Unis comme nous le faisions chaque année...

    •    Je...je...

    •    Puis l'année suivante, en fait maintenant que j'y pense, nous ne sommes plus partis en vacances après tout ça ! Tu avais toujours une excuse ou un copain qui apparaissait...

Jemima se mordilla la lèvre, Paolo ne la regardait même pas, il émettait des faits avec calme mais ses poings serrés étaient la preuve qu'il était bel et bien en colère. Très en colère même.

    •    Donc pendant tout ce temps, chaque fois que tu me regardais dans les yeux pour me mentir ouvertement, tu venais à l'hôpital pour subir un traitement aussi lourd que dangereux...et si tu étais morte ? J'étais censé l'apprendre de qui ?

Elle sursauta en l'entendant hausser la voix. Elle me fit de la peine, elle n'allait pas l'affronter, elle en était incapable, je le sentais bien.

Elle évitait cette conversation depuis tellement longtemps qu'elle ne savait même pas quoi lui dire.

Je décidai donc d'intervenir et entrer dans la pièce. Paolo se tourna vers moi et me toisa froidement, je lui rendis le même regard, ça ne m'intimidait pas du tout.

    •    Tu te calme !

Paolo tourna son regard sur le ventre de Jemima et sembla de nouveau prendre conscience de la grossesse. Il marmonna avec indifférence tandis qu'il marchait vers la sortie :

    •    De tout façon, je n'ai plus rien à faire ici...

Je le retins par le bras, je comprenais sa colère mais je ne pouvais pas le laisser partir comme ça et puis je trouvais quand sa réaction un peu exagérée au vu de la situation.

    •    Bon, elle a omis de te dire qu'elle était malade, tu ne crois pas que c'était assez dur pour elle sans que tu en rajoutes là ?

    •    Eller, lâches-moi !

    •    Non, je ne te lâcherais pas ! Tu ne la laisses pas dans cet état !

    •    Eller, lâches-moi, cria-t-il hors de lui.

    •    Arrête de crier !

    •    Elle m'a menti ! Merde quoi ! Un cancer ! Ce n'était pas une migraine, un petit bobo, elle avait un truc en elle qui la tuait et je ne le savais même pas ! Comment tu aurais réagi si Eros t'avait caché une chose pareille ?

    •    Ne compare pas ma relation avec lui, menaçai-je en le fusillant du regard.

    •    Pourquoi ? Tu estimes que votre relation est plus légitime que la nôtre ?

    •    Oui car Eros m'a déjà caché des choses et je n'ai jamais réagi comme ça ! Il m'a caché ma mère que j'ai cru enterrer, il m'a caché ses sentiments, tu veux que je continue ?

Il ne dit rien, il savait que j'avais raison. Il savait que normalement il devrait chercher à comprendre Rina et pas l'accuser comme il le faisait.

Mais elle lui avait menti, à ses yeux, elle l'avait trahi. Plus grave encore, il venait de comprendre que cette maladie était la raison pour laquelle ils n'étaient pas ensemble.

Paolo n'était pas bête, il savait que Jemima l'aimait, on ne pouvait en douter, surtout au vu de sa réaction quand il s'était mis à sortir avec Seph.

Il ne comprenait juste pas pourquoi celle qui était sa meilleure amie s'était fait un devoir de lui donner toutes les raisons du monde de la haïr, comme Eros l'avait fait avec moi.

    •    Si tu veux vraiment comparer votre relation à ma relation avec Eros alors prends exemple sur moi, ce que je ressens pour lui est beaucoup trop grand pour que je lui en veuille, parce que je l'aime...

    •    Je suis désolé Eller mais elle n'est pas Eros dans l'histoire, pesta Paolo en fermant les yeux, elle est celle qui m'a trahi, et je n'ai pas besoin de te rappeler comment Eros a réagi quand il a su que tu le quittais...

    •    Ne va pas trop loin, ordonna Eros qui se tenait sur l'embrasure de la porte avec Nate.

    •    Je ne fais qu'émettre des faits, elle t'a trahi, tu as essayé de la tuer !

    •    Rina ne t'a pas quitté, elle a toujours été à tes côtés, tenta Nate.

    •    Non, elle a fait pire ! J'aurais préféré qu'elle me quitte, bredouilla-t-il.

Je me raidis. Des mots durs dit sur un ton glacial. Je le lâchai, il quitta les lieux. Je me tournai vers mon mari qui soupira en même temps que son meilleur ami. Ils suivirent Paolo.

Je virevoltai vers Jemima qui était en larmes, je connaissais ce sentiment de perte, je savais à quel point c'était horrible de voir de la haine dans le regard de celui qu'on aime.

Je m'approchai donc d'elle et fit la seule chose que je savais qu'elle avait besoin pour le moment. Je la pris dans mes bras et la laisser pleurer...

AITHIOPIA [T7]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant