AITHIOPIA [T7]

NARCISSE

Bae. Mes journées commençaient à devenir lassantes vraiment. Bae. Aller au travail m'exaspérait mais rester à la maison était peut-être pire. Bae.

Bae. Je soupirai, dire qu'elle me manquait était beaucoup trop faible pour décrire le vide que je ressentais en moi, j'avais l'impression de me noyer, comme autrefois.

Bae. Les rares fois où j'avais pu la revoir sans pouvoir l'approcher, lui parler, la toucher, c'était vraiment horrible.

Et sa réaction face à mon indifférence, j'aurais préféré qu'elle me haïsse mais non, elle continuait à attendre que je change d'avis.

Le pire était qu'elle pensait que je lui en voulais à cause du bébé. Je soupirai de nouveau, j'avais vraiment hâte que l'année finisse.

Arpenter les nombreuses pièces toujours vides car Noal ne supportait plus la présence de personne si ce n'est moi, même nos frères devaient prévenir avant de venir chez lui.

Ce manoir était désormais pathétique, il avait été construit pour accomplir un rêve et une famille, mais Noal avait perdu les deux.

Je soupirai, il n'y avait rien de plus horrible que de perdre sa famille. J'ouvris les yeux pour observer mon petit frère Nohlan qui venait d'entrer dans sa nouvelle classe.

Je l'avais accompagné dans sa nouvelle école et j'étais resté pour vérifier que tout se passait bien. Avec les récents événements, je ne voulais plus prendre de risques.

Nohlan laissa son professeur la présenter à sa classe en anglais. L'un des élèves, un blond aux yeux bleu ciel marmonna quelque chose en russe.

Nohlan baissa les yeux vers lui et sourit avec cet air plein de suffisance qu'il tenait de nous avant de répondre en russe :

- Je suis peut-être de nationalité française mais je parle couramment votre langue donc le petit nouveau aimerait que tu gardes tes remarques stupides pour toi-même !

Un silence gênant suivi ses propres de la part de ses camarades comme du professeur qui semblait surpris de voir un étranger parler aussi bien leur langue.

- Nohlan, assieds-toi où tu veux !

- Merci, répondit poliment Nohlan.

Il balaya ensuite la pièce du regard avant d'aller s'asseoir au fond de la classe à côté d'une jeune fille qui me sembla aussitôt familière, je ne saurais dirais pourquoi.

Le professeur débuta son cours, Nohlan se tourna vers sa voisine qui lisait un conte de fée. Elle était plutôt quelconque mais je ne saurais dire pourquoi cependant je la trouvai très attirante.

Elle avait des longs cheveux blonds platine qui lui tombaient jusqu'au milieu du dos, ses grand yeux gris perle étaient attendrissants malgré ses grosses lunettes de vue qu'elle portait.

Sa peau métisse était couverte de boutons et plaques, ses vêtements étaient beaucoup trop grands pour elle.

- Salut, dit Nohlan.

La fillette qui ne devait pas avoir plus de douze ans, se raidit avant de s'éloigner de son camarade. Nohlan lui lança un regard vexé avant de se concentrer sur le cours qui portait sur les équations du premier degré.

A la fin du cours, Nohlan rangea son ordinateur dans son cartable et se leva avant de dire néanmoins à la jeune fille qui se trouvait à côté de lui :

- A demain.

Sa voisine ne lui répondit pas, elle ramassa rapidement ses affaires et sortit dans la pièce comme si on la poursuivait. Noal fronça les sourcils en la regardant partir précipitamment.

- Nohlan, s'exclama une blonde en l'approchant, je m'appelle Natacha, enchanté de...

  - Excuse-moi mais ne me touche pas, ordonna Nohlan en se dégageant froidement alors que sa camarade allait lui toucher le bras.

Comme moi, Nohlan détestait qu'on le touche, il trouvait cela tout simplement insupportable. Surtout venait de quelqu'un qu'il ne connaissait pas.

- Je suis désolé, marmonna Natacha en rougissant. Je ne voulais pas.

- Tu ne m'as pas énervé ou vexé mais c'est juste que je n'aime pas qu'on me touche sans mon autorisation, contesta Nohlan en mettant son manteau noir.

- Je suis Nata...

- J'ai entendu ton prénom la première fois que tu as parlé, tu t'appelles Natacha, assura Nohlan un peu plus calmement.

- Enchanté de te connaitre, tu viens de France, c'est ça ? C'est un très beau pays, j'aimerais beaucoup le visiter ! Tu vivais à Paris ?

- Non, marmonna Nohlan en affichant une tête complètement blasée.

- Je suis la déléguée de classe, expliqua la pauvre jeune fille en rougissant, est-ce que tu veux que je t'aide pour te repérer dans...

- J'ai un plan, coupa Nohlan avec lassitude.

Je le comprenais parfaitement, même moi je trouvais leur conversation très ennuyante alors je n'imaginais même ce qu'il devait ressentir.

- C'est difficile de se situer juste avec un plan.

- Pas pour moi, je sais bien les lire !

Natacha dû comprendre qu'il était en train de mettre un terme à leur échange.

- Ah d'accord, rétorqua-t-elle en s'écartant pour le laisser passer, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu peux me le demander !

- D'accord, merci, répondit Nohlan. Au revoir.

Nohlan vint me rejoindre dans la cour, je lui demandai si ça irait pour le reste de la journée, il hocha juste la tête en souriant. Je l'embrassai sur le front avant de lui dire :

- Bae viendra te chercher !

- Tout le monde va la regarder, se moqua-t-il.

- Je sais. C'est d'ailleurs pour éviter ça que je m'en vais !

- Elle est triste, tu sais, murmura-t-il en baissant les yeux.

- Je sais petit frère...

- Mais je sais aussi que tu es triste, je suis désolé pour toi, ajouta-t-il en me faisant un gros câlin, je l'embrasserais de ta part, merci d'être venu avec moi aujourd'hui...

- Je t'en prie petit frère, répondis-je en l'embrassant de nouveau.

Je le regardai retourner à l'intérieur de l'école puis je donnai quelques ordres aux gardes avant de m'en aller. Avec les autres, nous étions en pleine réflexion sur le choix du prochain majordome pour Nohlan.

Sans savoir pourquoi, j'avais un mauvais pressentiment. Je soupirai, je voulais Bae...