Chapitre 2

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L'unique pièce qui composait la hutte était assez sombre, et il distinguait assez mal ce qui se trouvait sur la petite table en face de lui. Les étagères étaient poussiéreuses ; la maison semblait inhabitée depuis plusieurs hivers. Même la façade à l'extérieur faisait peine à voir. Léo traça le signe d'Igni pour allumer l'unique bougie qui se trouvait devant lui. Une odeur nauséabonde chatouilla ses narines, mais il n'y prêta pas attention, habitué à ces senteurs particulières.

Il n'y avait aucune trace de passage, cependant un détail au sol attira son attention : une trace de sang. Le tueur de monstre examina la marque au sol avant d'en distinguer d'autres ; plus légères mais tout de même visibles, ainsi qu'une griffure sur le mur. L'herboriste avait dû s'enfuir après avoir été attaqué par un monstre, sûrement une goule. Le plancher grinça sous chacun de ses pas.

Léo sortit dehors pour examiner les alentours, et finit par trouver d'autres traces, dont une de lutte, sûrement entre l'homme et la bête. Il s'approcha de plus près, et distingua entre les brins d'arbre des poils d'animal : c'était bien une goule, ou plutôt une algoule - un nécrophage munit de longues piques dans le dos, et qui se nourrit de chaire crue - qui était venue attaquer le foyer de l'herboriste. Restait maintenant à découvrir pourquoi l'homme avait été pris pour cible.

Le jeune aux cheveux albâtres retourna dans la hutte pour chercher d'autres indices, et finit par tomber sur une planche au sol qui semblait pouvoir se soulever. Il appuya légèrement sur le parquet, et enleva le bout de tapis qui laissa entrevoir une trappe, qu'il ouvrit. Elle donnait sur une cave. Le lieu semblait encore plus miteux que la maisonnette, mais le sorceleur s'engouffra à l'intérieur. Après avoir descendu l'échelle, il suivit l'étroit passage qui le mena dans une étroite grotte.

N'arrivant pas à distinguer plus loin que le bout de son nez, il ingurgita une potion du chat pour pouvoir voir dans la pénombre, et découvrit un horrible spectacle : l'herboriste, qui n'en était sans aucun doute pas un avait pratiqué des expériences sur les goules, car de nombreux cadavres jonchaient le sol. La grotte entière était maculée de sang, et une odeur insupportable obligea le sorceleur à reculer de quelques pas.

Accommodé à la puanteur des dépouilles, il s'en approcha. Après les avoir examinés, ainsi que les outils présents sur le lieu, il se demanda où avait bien pu passer le soi-disant herboriste. Valait-il mieux attendre qu'il revienne de lui-même dans son « laboratoire », ou s'était-il fait rattraper par ses expériences, et dévoré par les algoules ? Alors qu'il se confrontait à ce dilemme, un énième détail attira son attention : des notes, posées sur une table dans le fond de la grotte. Voilà ce qu'elles disaient :


« Jour 200

          Cher journal,

Aujourd'hui est un grand jour : j'ai réussi à capturer une algoule, et je vais enfin pouvoir tester la solution que mon frère a créé pour tenter de les domestiquer. J'appréhende énormément, mais mon frère était un génie, alors j'espère que cela va marcher, que je puisse rejoindre ma femme et mon fils, je croupis depuis trop longtemps dans ce trou à rat...


Jour 274

          Cher journal,

Aujourd'hui encore, mes expériences ont échoué, et mon unique cobaye est mort. Je vais devoir sortir à l'extérieur et risquer ma vie pour capturer une autre algoule. Mais je me rassure comme je peux : le piège que j'ai fabriqué les attire aisément, alors j'ai juste à être très prudent. J'étais pourtant sûr qu'avec la décoction, les algoules auraient pu être domestiquées.

Un Sorceleur pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant