Chapitre 20

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Ciri resta allongée plusieurs jours, sans pouvoir se reposer. Elle se retournait maintes et maintes fois, et ses douleurs ne passaient pas. Grieldan un matin posa sa main sur son front ; elle était brûlante. L'elfe commença à s'inquiéter. L'état de Jaskier ne s'améliorait pas non plus. Il décida alors de demander de l'aide.

Deux paysans acceptèrent de l'accompagner jusque Novigrad, avec une charrette pour transporter les deux blessés. Ciri insista pour marcher d'elle-même, et s'allongea sur le tas de foin que les éleveurs avaient posé sur la carriole pour que le voyage leur soit moins inconfortable.

Grieldan porta Jaskier, qu'il allongea à côté de la jeune femme ; il dormait mais semblait encore faible. Ils partirent tout de suite pour ne pas rallonger le voyage. Sur le chemin ils croisèrent d'autres paysans qui, voyant les blessés, leur offrirent des vivres pour tenir jusqu'à la capitale. Grieldan les remercia, et ils continuèrent leur chemin.

Le charriot tiré par deux forts canassons avançait à allure régulière, mais l'elfe s'inquiétait de l'état des deux malades, surtout de celui de Ciri ; Jaskier quant à lui avait l'air de survivre à ses blessures. L'état de la jeune femme était presque impossible à décrire : parfois elle était glacée, parfois bouillante, mais ne présentait aucun autre signe.

À certaines heures de la journée, elle se plaignait de maux de ventre, ou de tête, et se tournait sur la paille. Les routes étaient chaotiques, et il arrivait à Jaskier de gémir parce que la douleur le tiraillait. Grieldan leur promit de les amener rapidement à l'hôpital de Novigrad, et ne cessait de presser les paysans. Ils poussèrent les montures à leur maximum pour accélérer le pas.

Le lendemain matin, après avoir passé la nuit dans leur bivouac, ils aperçurent les premières maisons qui constituaient le bourg est de la cité. Les deux éleveurs acceptèrent de les conduire jusqu'à l'hôpital, où le médecin en chef prit en charge Ciri et Jaskier. Grieldan, sachant ses compagnons en sécurité, retourna au bordel prévenir Taria de la tournure qu'avaient pris les événements. Mais quand il évoqua l'état anormal de Ciri, l'elfe insista pour se rendre à son chevet.

Le médecin la voyant arriver, tenta de lui bloquer le passage. Elle le bouscula, et s'agenouilla à côté de Ciri. La jeune femme était en proie à des spasmes. Taria posa sa main sur son front, ce qui par miracle calma la sorceleuse. Le médecin voulu protester, mais Grieldan l'empêcha d'approcher. Le vieil homme se résigna, et partit dans la pièce d'à côté pour s'occuper du poète, qui reprenait peu à peu des couleurs. Il changea ses bandages, puis s'occupa des autres blessés et malades de l'hôpital.

Ciri reprit peu à peu ses esprits, et voulut se relever. Taria lui conseilla fermement de rester allongée. La jeune femme aux cheveux cendrés la regarda ; des larmes coulèrent sur ses joues, mais elle n'avait pas la force de se retenir, ni de les sécher. Elle se sentait si faible. L'elfe demanda à Grieldan de les laisser seules un moment, et regarda la sorceleuse. Elle essuya du revers de son doigt les dernières larmes, et chuchota.


- Ce que je vais te dire va sûrement te surprendre, tu seras peut-être en colère, mais je t'en prie ne prends pas de décision trop vite d'accord ?


Elle posa sa main sur le ventre de Ciri. La jeune femme n'eut pas besoin d'entendre la suite pour comprendre. Alors qu'elle voulait se replier sur elle-même, Taria la prit dans ses bras. L'elfe la berça longuement, Ciri pleurait silencieusement. Yennefer l'avait mise en garde, mais elle ne l'avait pas écouté. Elle était en colère contre elle-même. Enceinte ? Et de Léo en plus ; pourtant c'était impossible.

Un Sorceleur pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant