Un Sorceleur pas comme les autres

Chapitre 42

*Un peu plus tôt dans la journée, du côté des magiciennes et des elfes*

Grieldan hurla une nouvelle fois de douleur. Le sort qui le maintenait immobile à terre le faisait atrocement souffrir. Pourtant, il ne voulait pas que Taria révèle aux deux magiciennes qui elle était vraiment. Elles la tueraient sans aucun doute. L'elfe essaya de se relever, mais une énième décharge l'obligea à rester à terre. Il cracha, et un filet de sang s'écoula de sa bouche. Taria éleva la voix.

- Comment osez-vous... C'est après moi que vous avez, pas lui. Laissez-le tranquille !!

- Seulement si tu parles ! répondit Yennefer d'un ton froid. Je dois avouer que je n'ai pas très envie d'avoir du sang sur les mains... Ciri semble beaucoup l'apprécier...

- Tu devrais t'empresser de nous dire ce que nous voulons savoir, les menaces de Yen sont rarement des plaisanteries, continua Triss, déjà las d'attendre qu'elle déclare forfait.

Taria ne pouvait pas se résoudre à parler, il y avait trop d'enjeux. Mais la vue de son compagnon agonisant sous le joug de la magicienne était insupportable. Grieldan avait toujours été assez faible de constitution, et elle s'imaginait déjà le porter dans ses bras, inerte, quand elles l'auraient fait succomber. Quelle vision d'horreur.

Triss fit quelques pas vers elle, et Taria recula instinctivement quand elle la vit mettre la main dans sa poche. La rousse était moins froide que sa consœur ; aussi, elle en sortit une petite flasque, qu'elle tendit à l'elfe.

- On a tendance à dire que l'alcool délit les langues, dit-elle en lui tendant le breuvage. Je n'ai pas envie non plus de faire du mal à cet elfe car Ciri l'apprécie, ça se voit ; et c'est réciproque. Si tu consens à parler, il aura la vie sauve, pas vrai Yen ?

La brune se tourna vers elle et fit la moue. Elle était beaucoup moins laxiste que Triss, mais était plus convaincue qu'elle que Taria parlerait sous la menace. Si elle desserrait son emprise maintenant, Dieu sait ce que pourrait faire l'elfe pour sauver leurs peaux – ou peut-être seulement la sienne d'ailleurs -. Néanmoins, Triss soutint son regard assez longtemps pour que la magicienne comprenne qu'elle n'aurait pas le dernier mot.

- Alors ? fit Triss, qui commençait tout de même à s'impatienter, c'est d'accord ? Je peux être clémente quand je le souhaite, c'est ton jour de chance.

Grieldan releva la tête vers Taria, et elle croisa son regard. Il vit qu'elle tremblait ; elle avait peur pour lui. L'elfe se sentit heureux qu'elle soit si attachée à lui, mais il secoua la tête. Non, elle ne devait pas leur révéler qui elle était, peu importe s'il mourrait. Cependant, Taria n'était pas du même avis. Non, elle ne pouvait pas le laisser mourir. Ce petit elfe orphelin qu'elle avait recueilli à Tir nà Lia alors qu'il n'avait plus de famille. Cet elfe qu'elle avait protégé et élevé comme la prunelle de ses yeux parce que, pour une raison inconnue elle ne pouvait pas donner la vie.

C'était hors de question, non, il ne mourrait pas aujourd'hui, il vivrait, longtemps encore comme les elfes qui survivaient des siècles entiers. C'était dans leur sang. Prudemment, elle s'approcha de son compagnon souffrant, et s'agenouilla près de lui. Yennefer voulut lancer un sort pour l'en empêcher mais Triss l'arrêta. Taria passa une main dans ses cheveux, comme pour lui dire que tout irait bien, et Grieldan voulut fondre en larme. Puis l'elfe se releva, et fit un signe aux deux magiciennes : elle parlerait.