Chapitre 14

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Elle avait les larmes aux yeux et les sécha rapidement : il était hors de question qu'il la revoit dans cet état-là. Il était habillé d'un pantalon simple, et avait troqué son armure de sorceleur contre une chemise blanche, simple elle aussi. La seule chose qu'il avait gardé était son médaillon : celui-ci ne le quittait jamais.

Ciri regardait ailleurs. Elle l'avait laissé entrer, mais n'avait en vérité aucune envie de le voir. Léo hésita à rester là où il était, ou à s'approcher. Il choisit la seconde option, et vint s'asseoir au bord du lit. La jeune femme recula pour rester à bonne distante de lui. Pour une fois, elle ne le fixait pas avec ses regards arrogants, ou provocateurs.

Il en était plutôt soulagé, mais il sentait que quelque chose n'allait pas. Il savait qu'elle ne lui faisait pas confiance, et qu'il n'avait aucun droit de lui demander quoi que ce soit. Il le fit pourtant, et elle le toisa d'un regard empli de hargne.

Elle ne parla pas. La jeune femme voulut hurler sur le sorceleur, faire exploser la colère qu'elle gardait en elle depuis longtemps. Mais elle savait qu'elle n'aurait pas la force de retenir ses larmes par la suite. Son esprit et son cœur lui dictaient deux choses différentes : le premier de rester fermée, repliée sur elle-même, et ne pas accorder sa confiance. Mais une petite voix à l'intérieur lui intimait qu'il pouvait être à part, et elle savait qu'il n'était pas mauvais. Il lui rappelait même Geralt. Il la regardait toujours, et elle finit par croiser son regard.

Ciri rougit malgré elle ; le jeune homme dégageait une chaleur enivrante, qu'elle voulut sentir contre elle. La simple chemise qu'il portait lui faisait penser – bizarrement – à la tenue que portait Geralt lorsqu'ils s'entraînaient tous les deux quand elle était enfant. Quant à ses yeux, il n'avait pas ce regard, celui de ceux qui lui avaient fait du mal. Une partie d'elle la poussait à s'ouvrir à lui, à lui faire confiance, mais elle ne céda encore pas. Non, elle ne pouvait pas. La jeune femme lui demanda donc de partir.

Léo refusa. Il voyait bien que la jeune femme était prise dans un dilemme. Il s'approcha plus près d'elle, ce qui la fit reculer jusqu'au mur. La sorceleuse se rendit compte qu'elle n'avait pas d'échappatoire, et son cœur faisait des bonds dans sa poitrine.

Il avança encore un peu, jusqu'à pouvoir effleurer son genou de sa main. Lorsqu'il le toucha, Ciri réagit au quart de tour et se recroquevilla sur elle. Quelque chose l'empêchait de se lever pour courir hors de la chambre. Peut-être par ce qu'elle voulait savoir ce qu'il allait faire, ou tout simplement qu'elle n'en avait pas la force.

Elle se persuada de la deuxième option, bien consciente qu'elle se mentait encore à elle-même. Léo ne s'approcha pas plus, de peur d'effrayer plus la jeune femme. En plus, elle le regardait d'un air glacial, arrogant, mais aussi apeuré, et il était mal à l'aise.

Décidément, il n'avait rien à voir avec Léo Bonhart, pourtant, elle ne cessait de penser à lui. À ses atrocités. Elle se recroquevilla plus. Son cœur rata un battement quand elle sentit sa main se poser sur son avant-bras. Mais elle ne réagit pas, murmurant seulement quelques mots.


- Et après, tu vas faire comme les autres c'est ça... ? Elle ne retenait plus ses larmes. Elle avait cédé. Me déshabiller, me forcer à faire ce que tu désires puis me laisser là comme un vulgaire objet dont on a plus la moindre utilité... ?!!


Elle venait de hurler et avait relevé sa tête. Il put voir son visage crispé par la douleur, la colère et la honte. Il passa une main doucement derrière sa tête, alors qu'elle sanglotait. Ne me touche pas... Reprit-elle. Tu n'as pas le droit... Léo ne savait plus quoi faire, les paroles de la jeune femme l'avaient bouleversé. Il passa son autre main derrière son dos, et l'attira contre lui.

Un Sorceleur pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant