Ciri pensait. Allongée sur son lit, elle ne cessait de se demander où pouvait se trouver son ami. Elle se retourna plusieurs fois, enfouit sa tête sous son coussin, et l'appuyant fort sur son visage, hurla. Le barde demeurait introuvable, et ils avaient beau chercher, Léo et elle, rien n'y faisait.
C'est comme si les ravisseurs s'étaient envolés. La ville était plutôt calme, et, mis à part les nombreux tapages entre mendiants sur le port ou dans les rues, aucun autre incident n'avait été déploré. Mais ça, c'était le calme avant la tempête, la jeune femme le sentait. Elle se mit sur le dos, et inspira profondément. Faire le vide dans son esprit. Se calmer.
Léo de son côté réfléchissait. Il avait reconnu l'elfe, mais impossible de savoir où il l'avait vu. Au Lacis ? Chez Tonegel ? S'il pouvait le retrouver, il apprendrait sûrement où était retenu Jaskier. Le sorceleur descendit, et observa attentivement la pièce, en quête d'indices.
Alors qu'il allait abandonner, un détail attira son attention. Il s'approcha d'une des tables, se pencha, et ramassa un bout de tissu, qui devait appartenir à l'elfe. Dans la précipitation, il avait dû s'accrocher et arracher un bout de sa cape.
Le bout de manteau que Léo tenait entre les mains dégageait une forte odeur, qui agressa d'abord ses narines. Après s'y être habitué, il entreprit de suivre la piste, qui était visible grâce à ses sens de sorceleur. Il aurait pu prévenir Ciri, mais il préféra partir seul. Elle va encore me passer un savon, se dit-il. Il sortit sans ses lames, qui étaient dans la chambre avec celle de la jeune femme, et se fondit dans la masse, suivant toujours l'odeur bien présente.
Elle le conduisit loin, passant dans le bourg au sud de Novigrad puis retournant en ville, jusqu'au Lacis en bifurquant par les places de la cité. Mais l'elfe ne pouvait pas tromper un sorceleur. À un moment, l'odeur s'estompa, et Léo dut ralentir le pas, zigzaguant entre les passants sans perdre la trace qu'il suivait. Elle le mena finalement devant une bâtisse, qui indiquait un bordel.
Léo toqua à la porte, et une femme, une elfe plus précisément vint lui ouvrir, et l'invita à entrer. Le bordel n'était constitué que d'elfes, hommes et femmes. Elle l'invita à monter, et le conduisit devant celle qu'elle appela « maîtresse », s'inclinant par la même occasion. Léo resta de marbre. L'elfe devant lui, qui portait le nom de Taria, esquissa un sourire.
- Je n'ai pas l'habitude de recevoir de sorceleurs dans mon établissement... Que me vaut le plaisir de ta visite jeune homme ?
Léo ne bougea pas d'un cil, presque intimidé de la prestance dégagée par son interlocutrice. Taria fit signe à sa prostituée de quitter les lieux, et de dire aux autres de n'importuner sous aucun prétexte leur invité. Elle s'exécuta et sortit de la pièce. Taria prit place sur son dossier et invita le sorceleur à faire de même. Elle lui proposa un verre, qu'il refusa.
- Je sais pourquoi tu es là Sorceleur... commença-t-elle. Mais tu ne trouveras rien ici.
- Vous cachez quelque chose c'est sûr, répondit-il. L'odeur que j'ai suivie m'a mené jusqu'ici, et il n'y a qu'une seule entrée. L'elfe qui s'est réfugié ici ne peut pas fuir.
- En effet, il est ici, reprit-elle. Mais je t'empêcherai de faire du mal à l'un des miens. Ici, c'est le seul endroit, bien que caché des yeux des humains, où les elfes peuvent être en sécurité.
- Il faut que je le vois, il doit savoir où se trouve mon ami qui a été enlevé.
-Le poète Jaskier ? Je suis navrée mais je doute que tu le retrouves un jour...
L'elfe se leva, et gracieusement, vint s'asseoir sur l'accoudoir de la chaise sur laquelle se trouvait Léo. Elle passa ses mains autour du cou du sorceleur, se pencha sur lui, susurrant à son oreille.
- Mais sinon sorceleur, es-tu pris ? On pourrait...
Il la repoussa avant qu'elle n'ait pu tenter quoi que ce soit. Elle reprit son équilibre, et s'assit sur le bureau, ses jambes croisées l'une sur l'autre.
- Je vois, tu préfères cette sorceleuse sûrement... Dommage, les elfes offrent de meilleurs services que les humaines, crois moi...
- Comment sais-tu que... ?! L'elfe commençait à l'irriter.
- Je suis au courant de beaucoup plus de choses que tu ne le crois sorceleur... En sortant, monte à l'étage, traverse le couloir, entre dans la pièce. L'elfe t'attend. Mais je t'interdis de lui faire du mal, son but n'était pas de vous nuire, loin de là.
Sans demander son reste, Léo se leva et sortit. Il suivit les directives de la propriétaire du bordel et s'avança devant la porte. Cette femme l'intriguait réellement. Il ne l'avait jamais vu et pourtant, elle savait pour Ciri et lui. Il toqua à la porte. Aucune réponse. Il l'ouvrit, et l'elfe, qui était caché lui sauta à la gorge.
Léo tomba à la renverse sur le sol, et sentit une dague contre son cou. L'elfe tremblait comme une feuille, mais tentait de se maîtriser et de paraître menaçant. Mais il était frêle et jeune. Léo sourit, et profita d'une seconde d'inattention pour le frapper au visage. L'elfe tomba à la renverse, sonné. Léo le releva, et l'assit sur le lit.
Grieldan, c'est ainsi qu'il s'appelait, était un elfe aux yeux bleus, cheveux blonds, d'une carrure assez mince, et devait avoir la vingtaine. Voyant le sorceleur qui le surplombait, il se recroquevilla sur lui-même. Il avait adhéré au culte du Lis sur ordre de Taria, pour obtenir des informations sur Tonegel, qui avait été son amant. Mais, il avait été enrôlé du côté de Iorvan, pour ses qualités de filature.
Le double rôle de messager pour le culte du Lis et d'espion au compte de Taria lui convenait donc parfaitement. Lorsqu'il expliqua tout cela sous l'attention particulière du sorceleur, énervé, Léo comprit d'où venaient les informations de la femme elfe, mais aussi la lettre à l'auberge. C'était ça son double rôle : transmettre des messages anonymes du culte du Lis, et récolter des informations pour Taria. Grieldan, en se rendant au bordel, avait donc voulu y conduire Léo.
* * *
Grieldan se faufila rapidement entre les passants, sa lettre à la main. Le Thym et Romarin, je dois aller au Thym et Romarin... Il réajusta sa capuche par peur d'être reconnu ; les rafles d'elfes se faisaient plus fréquentes ces temps-ci, alors il préférait être prudent. Avant d'aller à l'auberge, il passa par le bordel. Taria l'attendait, dans sa tenue habituelle – une longue robe de satin de couleur vert émeraude, sa favorite -, un verre à la main.
L'elfe rougit en la voyant, puis se ressaisit. Il montra la lettre à la propriétaire du bordel. Elle lui remit un liquide, qu'il appliqua sur sa cape. L'odeur était forte, et agressa les narines de Grieldan. Taria le pressa ensuite de se rendre à l'auberge, pour déposer la lettre, puis lui donna ses instructions. D'abord passer par le bourg, retourner en ville, le Lacis, bifurquer sur les places, puis arriver au bordel. Monter au dernier étage, chambre du fond. Il répéta ses instructions plusieurs fois puis sortit.
* * *
Léo s'assit, pensif, alors que l'elfe se remettait de ses émotions. Timidement, craignant la réaction du sorceleur, il se présenta. Léo ne répondit pas, perdu dans ses songes.
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EEEEEEH deux nouveaux persos font leur apparition !
J'espère que vous allez les apprécier, puisque leur rôle dans mon histoire va être crescendo ! (Perso j'ai adoré créer le personnage de Taria <3)
N'hésitez pas à laisser un commentaire et à partager le chapitre ou la fanfic entière si ça vous a plu !! <3

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Un Sorceleur pas comme les autres
FantasyUne nouvelle menace plane sur Le Continent, en particulier sur le célèbre barde Jaskier ! Léo, un sorceleur dont on ne connaît rien, va se retrouver mêlé à ses histoires, et il aurait peut être mieux fallu qu'il s'en éloigne le plus rapidement pos...