Chapitre 55

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Ciri s'écrasa sur le sol, sans parvenir à se relever. Alors que Thoran s'approchait d'elle pour la relever, la porte d'entrée claqua. Tsss, fit le mage, déçu. Ça ira pour cette fois. Il sortit de la pièce et ferma la porte. La jeune femme se redressa et s'assit sur le lit. Les multiples blessures que lui avait infligé Thoran la faisait souffrir. Elle massa son crâne endolori puis s'allongea, se retenant de sangloter. Alors qu'elle allait s'endormir, Cirrandae haussa soudainement la voix sur son confrère, la faisant sursauter. Elle se releva et s'approcha de la porte pour les écouter.


- Mais qu'est-ce qu'il t'a pris bon sang ? s'écria Cirrandae, tu n'aurais pas dû lui ouvrir. Qu'allons-nous faire si elle révèle au roi que tu es de retour ?

- Allons allons, répondit Thoran calmement en haussant les épaules. J'avoue que ma curiosité l'a emporté sur la prudence, mais je mourrais d'envie de savoir qui venait toquer chez toi à une heure si tardive.

- Tsss, fit son confrère, tu as toujours été comme ça de toute façon... Qu'est-ce qu'elle voulait ?

- Te parler, de quelque chose d'important. Elle n'a pas voulu me dire de quoi il s'agissait. En revanche, elle semblait nerveuse. Je ne l'ai pas laissée rentrer évidemment...

- Elle se doute de quelque chose c'est sûr... reprit Cirrandae après un silence. Mais comment ?

- Tu n'as rien laissé transparaître pendant la réunion n'est-ce pas ? demanda Thoran, méfiant.

- Bien sûr que non ! Mais peut-être que j'ai été suivi à un moment ou à un autre... Mais quand ?

- Je l'avoue, je n'aurais pas dû ouvrir cette porte, avoua Thoran, ça ne se reproduira plus.

- J'espère bien. Il serait bête que tu te fasses arrêter maintenant. Nous ne pourrons pas compter sur Finriel si le roi lui donne l'ordre de t'arrêter, de nous arrêter, il est bien trop fidèle au roi. Et qu'en est-il de la fille ?

- Enfermée, répondit l'érudit. Elle a tenté d'attirer l'attention quand Aerin était là, mais heureusement elle n'a pas réussi. Je lui ai donné une correction, si tu étais arrivé un peu plus tard...

- Calme tes pulsions Thoran, l'interrompit Cirrandae. Elle est inoffensive à présent ; si nécessaire, attache-la, mais ne va pas plus loin. Son pouvoir nous sera très utile, ne le gâchons pas de grâce.

- Tsss, très bien... marmonna-t-il.


Thoran tourna le dos à son confrère et se dirigea vers la pièce où se trouvait Ciri. La jeune femme l'entendit arriver, et recula subitement pour se rasseoir sur le lit. Elle n'en eut pas le temps : le mage pénétra dans la pièce et la trouva debout en face de lui. Elle s'attendit à ce qu'il porte à nouveau la main sur elle, mais il lui ordonna sèchement de s'asseoir. Elle s'exécuta. L'érudit s'assit à côté d'elle, et s'avança si près de son visage qu'elle pouvait sentir son souffle sur sa nuque. Elle frissonna et eut un haut-le-cœur.

Elle resta immobile, la respiration saccadée, et réprima un sanglot quand elle sentit sa main caresser son épaule, sa clavicule. De son doigt, Thoran la força à le regarder. Cirrandae m'a demandé de ne plus porter la main sur toi... Il replaça une mèche de ses cheveux cendrés derrière son oreille. Mais rien ne m'interdit de te punir autrement si tu me désobéis, ou si tu tentes quoi que ce soit... Sa bouche était si proche de la sienne qu'elles s'effleuraient. La sorceleuse se mordit la lèvre, espérant qu'il n'aille pas plus loin.

L'érudit se délectait de l'expression de dégout présent sur le visage de la jeune femme. Il avait beau détester les humains, il fallait avouer que le corps qu'il avait devant lui était plutôt séduisant, et qu'il ne serait pas contre le fait de s'amuser un peu. Mais il voulait d'abord montrer à quel point il avait une emprise sur elle, qu'elle lui était soumise. Il aurait pu depuis longtemps passer à l'acte, mais torturer sa victime était beaucoup plus amusant.

Un Sorceleur pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant