Chapitre 31

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Ils galopèrent longtemps, à une allure poussée et sans perdre le rythme pour rentrer au plus vite. Les elfes laissèrent les chevaux à l'étable, retirèrent leurs armures, légères pour la plupart, et entrèrent dans la bâtisse. Iorvan s'arrêta avant de pénétrer dans le long couloir, et sortit la lettre de sa poche. Ce n'est peut-être rien, cette lettre... Il hésitait. Garder le papier était possible, mais si quelqu'un l'apprenait, son acte serait considéré comme une trahison. Pendant un bref instant il songea à garder ce petit secret pour lui. Avec les livres de Thoran il arriverait bien - tôt ou tard - à déchiffrer les mystérieux signes.

Il le rangea, traversa le corridor, et pénétra dans la grande pièce. Le reste de ses hommes – ceux qui avaient survécus au massacre d'Oxenfurt – y était rassemblé. Iorvan monta l'escalier jusqu'à l'étage, qui ne comportait que deux pièces : l'une pour lui, l'autre pour le magicien qui les accompagnait. L'elfe toqua à la seconde porte, et une voix lui quémanda d'entrer.

Thoran était assis derrière son bureau, un livre à la main. On pouvait y lire le titre suivant : La généalogie de Lara Dorren. Depuis peu, il se passionnait sur le sujet ; et il lui avait semblé avoir été témoin de la manifestation du sang ancien récemment. L'arrivant le tira de sa rêverie, ce qui lui déplut, et il ferma le livre. Iorvan, finalement décidé, sortit le mot de sa poche, le déplia, et lui tendit. L'elfe aux cheveux blonds esquissa un sourire ; il pointa du doigt un ouvrage sur l'étagère, que Iorvan récupéra avant de le poser devant lui.

Le magicien tourna plusieurs pages, avant de trouver ce qu'il cherchait. Il compara les symboles sur les deux supports, et réussit à en faire correspondre certains. L'elfe gribouilla quelque chose sur son carnet, passant successivement, et plusieurs fois du livre à la lettre. Le décryptage lui prit plusieurs heures, tant il était fasciné par la complexité dont il faisait preuve. Quand il eut terminé, il lut le contenu de la missive à son subordonné.


- As-tu la moindre idée de ce que cela peut signifier Iorvan ? Je vais te dire ce que je pense : ceci – il agita la lettre de sa main – est une correspondance entre une magicienne, qui en est par ailleurs l'expéditrice, et une tierce-personne, sûrement quelqu'un à qui elle tient, vu le ton du mot. Où l'as-tu trouvé, Iorvan ?


Le dit Iorvan savait qu'il ne pouvait plus reculer à présent, et qu'il n'était pas envisageable de cacher à son interlocuteur quoi que ce soit. Il se lança donc dans son récit, sans rien omettre.


- Un de mes hommes a abattu d'une flèche un oiseau, qui portait ce message attaché à l'une de ses pattes...

- Hmm, cela suffit, j'en sais assez ! Le coupa Thoran. Dans cette lettre est fait mention d'un certain Léo... Une idée de qui il s'agit ?


Iorvan réfléchit. La seule personne qu'il connaissait et qui portait ce nom, était le sorceleur. Mais pourquoi une magicienne adresserait à quelqu'un une lettre faisant mention de celui-ci ? Il fit part de ses premières impressions au magicien, avant de se retirer dans ses quartiers. Thoran médita un moment sur la question. Le sorceleur et la magicienne était sûrement lié, mais comment ? Dans la lettre était aussi mentionné Corvo Bianco, à Toussaint. Intéressant... se dit-il. Je devrai peut-être envoyer un détachement, cela promet d'être captivant...


* * *


Léo se réveilla avec un horrible mal de crâne. Quelqu'un était-il en train de parler de lui en ce moment même ? Le sorceleur regarda autour de lui : Ciri était déjà levée, et Skjall était sûrement avec elle. Il se massa le crâne, avant de s'habiller, puis descendit dehors. Le soleil était déjà haut dans le ciel, il devait être plus de midi. La lumière l'aveugla, et il se lava le visage au ruisseau, à côté du domaine. Le jeune homme sursauta quand une main vint se poser sur son épaule.

Un Sorceleur pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant