Chapitre 15

46 3 0
                                    


Jaskier demeurait toujours introuvable, en ville, comme dans les bourgs qui entouraient Novigrad. Léo avait ratissé toute la capitale, se rendant dans les endroits où il savait que le barde avait ses habitudes. Ciri quant à elle avait demandé à tous les habitants du bourg s'ils n'avaient pas vu le poète. Sans succès. Le soir, ils rentrèrent tous deux à l'auberge, bredouilles. Ciri resta assise seule au rez-de-chaussée, et Léo préféra la laisser seule.

Depuis qu'ils avaient passé cette nuit ensemble, ils n'avaient pas vraiment pris le temps de se reparler. L'attitude de la sorceleuse envers son compagnon avait quelque peu changée, mais elle gardait son tempérament de vipère : froide, et insolente. Léo s'y était accoutumé mais il l'avait tout de même préférée un peu plus sympathique.

Pour ce qui était de Jaskier, ils n'avaient aucune piste, Léo proposa d'aller au Lacis chercher des indices, mais la jeune femme s'y opposa fermement. Sa réaction surprit le sorceleur mais il n'en demanda pas plus. Ses blessures n'étaient pas encore guéries, et il avait deviné que la jeune femme s'inquiétait pour lui, même si son attitude arrogante semblait montrer le contraire. Ciri ne se sentait pas encore véritablement prête à laisser transparaître tous ses sentiments. Elle avait passé un très bon moment avec le sorceleur, mais elle n'arrivait même pas à savoir si elle le regrettait ou non.

Léo avait compris que la sorceleuse avait besoin de temps, de prendre du recul par rapport à ce qu'il s'était passé entre eux, mais aussi sur ce qu'elle ressentait. La lueur dans ses yeux la trahissait parfois, et il se dit qu'il était peut-être allé trop rapidement. Il se remémora les paroles qu'elle avait prononcé le soir où il était allé la voir dans sa chambre. Elle avait sûrement vécu des choses qui l'avaient profondément marqué, et il comprenait en partie pourquoi elle avait réagi ainsi avec lui.


* * *


Jaskier pesta. Cela faisait plusieurs jours qu'il était attaché à cette maudite chaise. Il avait beau eu dire à ses ravisseurs qui il était, ceux-ci n'avaient rien voulu entendre et avaient même allongé le siège sur lequel le barde était sur le sol. Il avait donc la tête à moitié à l'envers, et ne pouvait rien faire d'autre que de fixer le plafond.

Un plafond laid en plus. Le poète se fit la réflexion plusieurs fois, en boucle, alors qu'il regardait autour de lui. Un chandelier ? Moche. Une tapisserie ? Moche aussi. Tout ce qui se trouvait autour de lui était du plus mauvais goût. Jaskier le fit remarquer à ses ravisseurs, qui se firent un plaisir de lui coller une droite.

Le barde pesta encore une fois, ce qui lui valut un énième coup. Il cracha du sang, qui atterrit par mégarde sur la botte du bandit qui venait de le frapper. Une autre frappe, qui fit trembler Jaskier de tout son être. C'était bien la première fois qu'il était traité ainsi, jamais, au grand jamais ses kidnappeurs l'avaient autant roué de coups.

Alors que le brigand à côté de lui s'apprêtait à le tabasser une nouvelle fois, un homme entra dans la pièce. Le poète reconnut immédiatement Tonegel. Celui-ci s'avança, prit une chaise et s'assit près de son prisonnier. Après avoir posé son pied sur son visage, il demanda à Jaskier s'il acceptait de collaborer.


- Jamais... ! Au grand jamais je ne... !


Le poète ne put finir sa phrase qu'il sentit le pied sur sa joue s'écraser, ce qui lui fit atrocement mal. Il poussa un cri de douleur, mais ne céda pas. Tonegel réitéra sa demande, mais Jaskier refusait toujours. Il demanda à l'un de ses hommes de lui amener son canif préféré. Lorsque le larbin l'eut apporté, le chef du culte du Lis s'en empara, et se mit à l'aiguiser au plus près de l'oreille de Jaskier, puis il l'entailla légèrement avec. Il reposa sa question, la réponse du poète fut la même : un non catégorique, qui lui valut une plus profonde entaille au niveau de la joue.

Jaskier se mordit la lèvre : il allait être découpé en rondelle, et par un sadique en plus ! Il jura à voix basse, mais malheureusement il fut entendu par Baddur, qui venait d'entrer dans la pièce. Le nain s'approcha du captif, et envoya son pied dans ses côtes. Jaskier cria, Tonegel poussa un juron.


- Ne l'abîme pas Baddur, on a besoin de lui, et puis, il finira bien par collaborer... fit Tonegel légèrement agacé.


Le nain recula un moment, et observa le poète qui gesticulait sur la chaise. Passé un moment, il proposa à son supérieur de s'occuper personnellement de leur prisonnier. Tonegel acquiesça et mis en garde le détenu qui se débattait toujours. Puis il sortit de la pièce.

Jaskier blanchit. Baddur tira sur la chaise pour la remettre droite, et la bascula d'un coup en avant, pour s'amuser. Le poète faillit vomir ; le nain avait beau être petit, il était tout de même costaud. Il traîna la chaise jusqu'à une autre pièce, remplie d'ustensiles en tout genre. Le barde voulut crier quand il comprit à quoi tout cet attirail allait servir, mais Baddur noua un chiffon autour de sa bouche pour le faire taire.


- Je te préviens, je suis un peu rouillé... fit le nain, le sourire aux lèvres. Donc ça risque de faire un peu mal au début mais rassure toi... Tu vas très vite t'habituer.


Le nain sortit une petite épée de son fourreau, qu'il aiguisa, pendant que Jaskier tentait de renverser sa chaise. Pourtant, il savait que c'était vain, qu'il ne pourrait pas s'échapper, mais il essaya tout de même. Quand Baddur s'en aperçut, il gifla le plus fort qu'il put le barde, si bien qu'il tomba à la renverse. Mais il était toujours attaché. Le nain releva la chaise, la bloqua de façon que le captif ne puisse plus bouger et ferma la lourde porte à clé.


* * *


Léo et Ciri sortirent en hâte de l'auberge : ils n'avaient pas une minute à perdre. Le jeune homme, qui était descendu avant la sorceleuse, avait trouvé une lettre déposée sur l'une des tables, près de l'entrée. La porte de l'auberge était entrouverte. Quelqu'un s'y était introduit pour déposer la missive et était reparti sans prendre le temps de refermer la porte. Il remonta donc prévenir Ciri.

La jeune femme pesta contre lui lorsqu'il la secoua pour qu'elle se lève, mais se prépara rapidement lorsqu'il prononça le nom de leur ami. Ils se dirigèrent vers le port, sans remarquer l'homme encapuchonné. Celui-ci s'assit par terre et écrivit une lettre, à l'attention de Iorvan, qu'il donna à un gamin qui passait par là, et qui courut porter la lettre.

Il venait d'envoyer les deux sorceleurs sur une fausse piste. Arrivé au port Ciri chercha son ami du regard. Léo stoppa sa compagne. Elle se retourna, mais il secoua la tête en signe de désapprobation.


- Celui qui a laissé cette lettre, commença Léo, je n'étais pas sûr mais à présent... Ciri ne semblait pas bien comprendre, alors il continua. C'était un homme de Iorvan j'en suis sûr...

- Comment peux-tu en être sûr alors que tu ne l'as pas vu ?! cria-t-elle. Il voyait bien qu'elle était folle de rage, mais pas contre lui. Elle était en colère de n'avoir toujours pas retrouvé Jaskier.

- J'ai cru voir quelqu'un devant l'auberge, quand on est parti. Je suis sûr et certain que c'était lui.


La jeune fille blêmit, serra les dents puis baissa la tête. Le jeune homme voulut la prendre dans ses bras mais elle le repoussa un peu trop brutalement. Elle n'avait pas besoin de compassion, seulement, elle bouillonnait de rage. Ils rentrèrent silencieusement à l'auberge, sans aucune piste, lassés de courir aveuglément.


----------

Pauvre Jaskier, voilà ce qui lui arrive parce qu'il ne veut pas coopérer (Mais je le comprends hein !). Quels connards les autres là ahaha

N'hésitez pas à laisser un commentaire et à partager le chapitre ou l'histoire entière si ça vous a plu !! <3

Un Sorceleur pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant