Chapitre 43

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Damien de la Tour se dépêcha de rassembler ses affaires dans sa besace. En prenant soin de ne pas oublier la lettre que la duchesse avait écrite, il sortit en hâte du château. Il sella son cheval, l'enfourcha, et sortit de la ville. De là, il galopa le plus rapidement possible, sans s'arrêter jusqu'à Corvo Bianco. Il ne remarqua pas qu'il était suivi.

Arrivé au domaine, il laissa aux paysans présents le soin d'attacher et de nourrir sa monture, et grimpa au sommet de la colline, à la recherche du sorceleur ou de la sorceleuse, à qui il devait remettre la missive. Lorsqu'il aperçut Léo, il le héla.

- Décidément, on vous voit beaucoup par ici, lança Léo en s'approchant.


Damien vit qu'il dégoulinait de sueur, il devait être en train de s'entraîner.


- Une lettre pour vous de la part de la duchesse, répliqua le garde avec son sérieux habituel, tendant l'enveloppe au sorceleur.


Léo l'ouvrit, et, voyant que le chevalier ne le quittait pas des yeux, ouvrit la lettre. Il la lut attentivement. Damien ne semblait pas vouloir partir, attendant une réponse. Oui, oui, la duchesse nous convoque. Nous viendrons, je dois d'abord prévenir Ciri, marmonna-t-il en tournant les talons. Damien repartit sans demander son reste. Décidément, il n'aimait pas les sorceleurs, mais il était content d'avoir accompli sa mission.

Le sorceleur, quant à lui rejoignit sa compagne et lui fit lire. Elle fit mine de paraître enchantée : tout comme lui, elle n'avait pas réellement envie de se rendre à Beauclair, surtout à cause des récents événements. Elle aurait préféré se consacrer à ses recherches sur ce mystérieux mage, mais elle se ravisa. Tous deux savaient qu'on ne pouvait pas refuser une invitation comme celle-ci. La jeune femme informa tout de suite après ses parents adoptifs, Triss, Taria et Grieldan qu'ils partiraient dès le lendemain – la duchesse souhaitant les recevoir dans son palais le plus tôt possible -.

Taria voulut les accompagner, mais un regard sévère et discret de Yennefer l'en dissuada. Ciri, qui s'en été réjouis fit la moue. La rousse prétexta un imprévu ; elle ne pouvait pas dire à Ciri que c'étaient les magiciennes qui refusaient qu'elle les accompagne parce qu'elles savaient qui elle était. Alors que la sorceleuse allait la questionner, Grieldan apparut, essoufflé. L'elfe lui proposa son aide, et elle en profita pour s'éclipser. Ciri allait les suivre, mais Skjall s'était mis à pleurer. Elle le récupéra à contre-cœur, ses deux amis étaient partis.

Pour lui redonner le sourire, Léo lui proposa d'aller préparer leurs affaires pour le lendemain, et d'aller s'occuper de leurs montures. Bonne idée ! répondit Ciri, enjouée. Elle le suivit, Skjall dans les bras.


* * *


Alors que Iorvan et les quelques hommes qui l'accompagnaient s'étaient arrêtés, un détail attira l'attention du meneur. Il se redressa et observa attentivement les alentours. Son ouïe extrêmement fine lui permit de percevoir des bruits de sabots qui se rapprochaient, mais aussi les tintements de plaques de métal ou de lames qui s'entrechoquaient. Hmm, sûrement un chevalier... Où peut-il bien aller ? pensa Iorvan.

Il décida d'aller voir ; du haut de la colline, il aurait une bonne vue sans pour autant être remarqué tout de suite. À peine était-il monté qu'un cavalier passa en contrebas au galop. Même s'il était extrêmement rapide, l'elfe eut le temps de voir son cavalier. Intéressant... ce n'est pas un garde ordinaire... et qui plus est, il se dirige dans la même direction que nous...

Iorvan redescendit en hâte de la bute, monta sur son cheval et dépêcha ses hommes de faire de même. Si ses soupçons s'avéraient justes, il y avait de grandes chances pour que ce cavalier se rende à Corvo Bianco. Il savait que les sorceleurs qui se trouvaient là-bas connaissaient la duchesse Anna Henrietta. Ils partirent au galop et ralentirent afin de ne pas rattraper le cavalier trop vite, sinon ils seraient repérés.

Quand le domaine se dessina dans son champ de vision, il arrêta ses hommes d'un geste de la main. Il leur ordonna de rester caché et descendit de sa monture. Il continua à pied et se rapprocha du domaine. Arrivé là-bas, il se faufila derrière la plus grande bâtisse. Iorvan aperçut le garde donner quelque chose au sorceleur. Une lettre. Lorsque celui-ci s'éloigna, il le suivit du regard. La sorceleuse lut aussi la lettre. Ils sont conviés au château j'en suis certain... pensa l'elfe, ils devraient partir au lever du jour, mais je dois m'en assurer. Si ce je que je rapporte à Thoran est finalement faux...

Iorvan resta là où il était, voyant que les deux sorceleurs retournaient vers la maison. Ils ne semblaient pas se préparer à partir dans l'immédiat. Prudemment, il sortit de sa cachette, se faufila hors du domaine – quelle chance qu'il ne soit pas tombé sur les magiciennes, qui l'auraient débusqué immédiatement – et rejoignit ses hommes. L'un d'eux lui affirma qu'il avait vu repasser le chevalier qu'ils avaient vus. Iorvan soupira. Ils repartirent à Beauclair, il devait absolument rapporter au mage elfe ce qu'il avait vu.

Le groupe d'hommes – ou plutôt d'elfes pour la plupart – galopèrent encore plus vite qu'à l'aller afin de regagner rapidement leur planque à Beauclair. Iorvan monta les marches quatre à quatre et toqua à la porte. Le mage lui permit d'entrer. Syl et Melwe se trouvaient dans la pièce avec Thoran. Iorvan, qui allait tout balancer, se retint.


- Maître, j'aimerais vous parler seul à seul si ce n'est trop demandé...

- J'ose espérer que ce que tu as à me, à nous dire concerne la sorceleuse, ou le sorceleur, répondit Thoran. Melwe et Syl sont déjà au courant de nos plans, tu peux parler tranquille.

- Très bien, dit Iorvan. Avec mes hommes, j'ai surpris un garde du château qui se rendait à Corvo Bianco, là où résident les deux sorceleurs et leurs amis. Ils sembleraient qu'ils aient été conviés par la duchesse. Ils devraient aussi partir demain, peut-être pourrions-nous leur tendre une embuscade...

- J'espère que tu es sûr de ce que tu avances Iorvan, commença Melwe, si nous agissons, ça ne sera pas sans conséquences...

- J'ai confiance en lui Melwe, rétorqua Thoran, nous le connaissons mieux que quiconque. Reste à savoir s'ils seront seuls, ou s'ils seront accompagnés. Préparons-nous ! Par précaution, nous prendrons tous les hommes nécessaires, et nous partirons à l'aube, nous attendrons la journée s'il le faut, les enjeux sont trop importants. Qu'en pensez-vous messieurs ?


Syl et Melwe acquiescèrent. Iorvan ne répondit pas, il savait qu'il n'était pas concerné.


- L'idéal serait qu'ils soient seuls, avec ce bébé... continua le mage elfe, si nous parvenions à mettre la main sur lui nous aurions l'avantage. Elle n'osera sûrement pas utiliser ses pouvoirs pour se battre ou pour fuir...

- C'est très probable, dit Iorvan, lorsque nous nous y étions rendus, il semblerait que la duchesse s'y soit rendu pour rencontrer ce bébé. Ils l'emmèneront sûrement...

- Ce ne sont que des suppositions, répliqua Syl, qui ne semblait pas apprécier l'elfe. Il ne faut que nous basions tout notre plan sur une hypothèse !

- Il suffit ! rugit Thoran, agacé, nous ferons comme suit.


Et il leur exposa son plan.


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Exceptionnellement, je publie deux chapitres aujourd'hui ^^ (bon celui-ci est très court)

J'ai envie de pouvoir poster le chapitre suivant dès la semaine prochaine, vous comprendrez pourquoi à ce moment-là ^^ (je vous le dis, vous n'êtes pas prêts pour ce qui va arriver xD)

Et puis je pense que je vais poster quand je termine un chapitre maintenant, au lieu d'attendre un jour précis (conséquence --> les publications seront plus irrégulières, mais j'espère que ça vous conviendra quand même ^^ j'ai besoin de changer de rythme !)

En tout cas merci encore de suivre cette histoire, j'en suis de plus en plus fière :)

Un Sorceleur pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant