Chapitre 2 - Premières terreurs

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Thomas est dans son dortoir, seul, assis sur son lit et adossé contre le mur. Il sanglote doucement en serrant fort contre son cœur le pendentif qui appartenait à Petra. Trop perdu dans ses pensée, il ne s'aperçoit pas que quelqu'un entre dans la grande pièce où une douzaine de lits sont disposés.

Le jeune homme n'entend pas le bruit des pas ni le son d'une cuillère en argent qui tape lentement le bord d'une tasse en porcelaine.


— Thomas ? demande une voix douce et hésitante bien trop proche de lui qui le fait sursauter.


Il lève rapidement les yeux vers la personne qui vient le déranger et il reconnaît cette fille qui était avec lui ces trois dernières années dans la 128e brigade d'entraînement : Lise Niso.

En trois ans, il est difficile d'être un étranger pour qui que ce soit et c'est sans doute pour ça que les brigades d'entraînement regroupent par centaines des jeunes adolescents pour les entraîner : avoir des liens renforcés et un esprit de groupe qui les rend meilleurs au combat.

Pourtant, il est impossible de bien s'entendre avec tout le monde, encore moins d'avoir tout autant d'amis... Mais Lise fait partie de ces personnes avec qui il s'est toujours bien entendu et avec qui - dès les premiers jours - un rapprochement s'est effectué. Toujours douce, calme, souriante et préoccupée par les autres. Thomas s'est toujours demandé comment une telle personne pouvait être soldat. Il n'a jamais osé lui demander quelles sont ses motivations, mais il est clair pour lui que toutes ses qualités et sa façon d'être auraient pu être mieux employées ailleurs, plutôt qu'en chair à canon dans ce corps d'armée où personne ne fait de vieux os.

Pourtant, que personne ne s'y trompe : elle est loin d'être maladroite au combat et est loin d'être stupide. Arrivée troisième de la promotion, elle n'a pas à rougir face à tous les autres et leur égo surdimensionné qui se vantent - à tort - d'être des virtuoses de la tridimensionnalité. C'est une chose de plus qui étonnera toujours monsieur Ralle, en plus de lui inspirer respect et admiration. Il la regarde, elle et son sourire forcé trahissant son inquiétude, avant de baisser les yeux sur ce qu'elle a entre les mains.


— Tu n'étais pas là au déjeuner, j'ai pensé que tu étais malade alors je t'ai apporté une tasse de café et de quoi grignoter, explique-t-elle pour justifier sa présence puisqu'elle n'est pas certaine d'être la bienvenue.


La jeune femme s'est trouvée bête quand, à tout juste quelques pas de lui, elle a compris qu'il pleurait dans son coin, il était malheureusement trop tard pour faire demi-tour. Malgré tout ils sont amis et c'est son devoir d'être là pour lui dans ces moments de doute et de tristesse. Rater des repas, rester seul pendant des heures... Non, vraiment quelque chose cloche et elle le connaît trop bien pour le savoir. Il n'a jamais été le plus extraverti ni le plus bruyant mais il est d'habitude le premier à plaisanter, sourire et soutenir ses compagnons, alors le voir s'isoler est un signe criant.


— Merci c'est... Merci, Lise, répond Thomas qui ne sait pas vraiment quoi dire alors qu'il essuie le coin de ses yeux et range en vitesse le pendentif.

— Dis... Qu'est-ce qui ne va pas ? demande la jeune femme en posant ce qu'elle a apporté sur le lit.

A cette question, le nouveau membre du bataillon d'exploration lève de grands yeux vers elle puis baisse de nouveau la tête, muré dans un silence lourd de sens.

— Écoute Tom... On est amis depuis qu'on est soldats et d'habitude c'est toi qui est là pour moi quand je me demande si je dois continuer parce que je doute de mes capacités ou si j'ai bien fait de m'enrôler, commence-t-elle.

Le destin des Ackerman - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant