Chapitre 10 - Étincelle

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Le bruit caractéristique d'un filin en acier fendant l'air se fait entendre puis celui de quelques centilitres de gaz s'échapper. Les arbres défilent à une vitesse folle dans la vision périphérique, à cette vitesse. Il n'existe pas de sensation plus grisante que celle de sentir le vent dans ses cheveux, d'être à plusieurs mètres du sol et ainsi voir le monde sous un nouvel angle, de voltiger entre les troncs en les rasant : une sensation de liberté et de légèreté à laquelle il ne s'y habituera sans doute jamais complètement.

Mais il n'est pas là pour se perdre en pensées. Il jette un coup d'œil à sa droite et une jeune femme le toise dans le même temps.


— Prêt ? demande-t-elle.


Thomas acquiesce avec détermination, un petit sourire en coin.

Un titan en bois est en vue avec l'un de ses congénères pas très loin. Thomas plante son grappin dans une haute branche pour faire balancier sur l'axe vertical et ainsi perdre de l'altitude. Ensuite, il libère du gaz pour gagner en vitesse et s'approcher plus près encore du sol. A la bonne hauteur, dans un timing en adéquation avec son binôme, il plante son grappin dans le mollet gauche du démon inanimé.

Lorsqu'il passe à toute vitesse près du talon droit, à ras de terre, il peut sentir les deux caisses de métal sur ses hanches effleurer la terre. Ayant un angle parfait, il relâche son accroche et se propulse vers le tendon d'achille du pied gauche qu'il touche du bout de ses deux sabres. Une fraction de seconde plus tard sa partenaire passe entre les jambes et tranche le pied droit.

Dans un timing quasiment parfait digne d'un ballet aérien, ils vont tous les deux utiliser un seul grappin pour remonter dans les airs et, une fois la barre des dix mètres atteinte, vont tirer leurs deux filins en direction du visage du titan, se retournent complètement sur eux-même et fondent sur ses yeux. La touche de chacun des deux soldats se fait au même instant. Thomas se retrouve derrière le titan, nuque exposée et parfaitement en vue. Il est immobile et aveugle, un boulevard s'ouvre pour terminer la cible. Toutefois la jeune femme doit se repositionner pour trouver un angle d'attaque. Alors, lorsqu'elle passe près de son camarade, tous deux tendent la main et s'attrapent l'avant-bras. Le brun se retrouve emporté et tournoie sur lui-même et c'est exactement ce qu'il voulait : après un tour complet il lâche sa partenaire qui peut asséner le coup fatal avec ce repositionnement, sans perdre sa vélocité.

Le jeune homme sent la satisfaction le saisir tout entier, un grand sourire s'affiche sur son visage. Cela fait trois heures qu'ils s'entraînent et ça ne fait pas de doute, il a trouvé quelqu'un avec qui il s'accorde bien sur le terrain et en dehors. De jour en jour leur duo s'améliore et s'affine. Enhardi par cette complicité, Thomas se sent plus fort, plus rapide, plus aiguisé : invincible. Il se sent prêt à s'attaquer à tous les titans qui souillent ce monde de leur existence abjecte.

Une fois retournés au départ du parcours, les deux jeunes gens se posent puis se dirigent l'un vers l'autre et tapent dans leurs mains en ayant un grand sourire. Le reste de l'escouade les rejoint.


— Tu vois que tu peux y arriver ! félicite Nifa en rangeant ses lames.

Il en est heureux, en témoigne son grand sourire satisfait qui montre toutes ses dents.

— T'as de la chance, t'as pas eu le droit à son numéro suicidaire... taquine Keiji.

— Roooh ça va, lâche-le un peu, t'es juste jaloux parce qu'en quelque jours il est devenu meilleur que toi en plusieurs années, riposte Nifa avec un sourire malicieux, une véritable tête de sale gosse.

— Quoi ?!

— T'es une grande asperge, tu peux pas aller aussi vite.

— Oh putain !

Le destin des Ackerman - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant