Le destin des Ackerman - Tome 1

Chapitre 40 - Nouvelle mission

La lourde porte donnant sur le couloir s'ouvre et cogne contre le mur en pierre, un bruit commence à taper sur les nerfs de la jeune femme enfermée ici. L'humidité des lieux, l'odeur qui la répugne un peu plus chaque jour, ces allées et venues... La captivité devient vraiment difficile, tout comme la privation de repères temporels.

Le pire est certainement de n'avoir rien à faire d'autre de son temps que fixer le plafond ou le mur d'en face, ce qui la mènerai presque à espérer que la personne qui entre vient la chercher pour l'emmener encore une fois dans cette grande cellule où elle se fera dévorer, au moins elle sera libérée de tout cela. Elle regrette aussi ce temps où elle était un simple soldat des brigades spéciales, même les jacasseries incessantes de Hitch sur ses déboires amoureux lui manquent, pour dire...

Des pas résonnent et, quelques instants plus tard, ce Thomas apparaît devant la cellule. Est-ce déjà l'heure du repas ? Apparemment non, il n'a ni écuelle pleine de soupe ni tranche de pain dans les mains, seulement un sachet de papier brun qui présente quelques tâches sombres caractéristiques.

Il la dévisage un instant avec un regard moins froid que les jours précédents et son esprit est d'autant moins vindicatif à sa vue. Elle l'observe à son tour et, après ce court moment de flottement pendant lequel ils se jaugent, Thomas pose ce petit sac tâché de graisse sur la tablette.

Intriguée par ce qu'il lui apporte, Annie se lève sans attendre qu'il ne tourne les talons et s'approche des barreaux.

Méfiante de nature, elle regarde alternativement le jeune homme puis ce qu'il lui a apporté, plusieurs fois, avant de s'en saisir. Elle déplie puis défroisse l'emballage pour y jeter un coup d'œil puis découvre avec surprise son contenu : deux beignets de forme torique couverts de sucre. Annie reste immobile pendant un instant parce qu'elle se souvient très bien de cette pâtisserie puisque Carly Stratmann lui en avait offert après cette longue enquête riche en rebondissements.

Cette odeur, la sensation du sucre qui fond sur ses doigts...

Toutefois elle ne se laisse pas attendrir et sait qu'il est tout à fait possible que ce soit une partie du stratagème mis au point par le bataillon pour la faire parler. Sa sympathie, la façon qu'il a de la protéger, ces petites douceurs... Non, elle ne craquera pas. Pourtant, elle ne peut pas nier qu'un peu de sucre lui remontera le moral.

Derrière cette gentillesse plutôt sincère, Thomas aimerait forcément savoir quelles sont les motivations de cette meurtrière mais pas seulement. Ni Hanji ni Livaï ne lui ont demandé de lui offrir ces pâtisseries et encore moins de les empêcher de la torturer : tout cela sert à atteindre un objectif plus personnel. Mais avant ça, il doit penser au bataillon et aux prochaines missions que ses camarades et lui devront remplir.

Il n'y a aucun doute sur le fait qu'elle veut survivre, s'échapper d'ici et retourner à Mahr.

Maintenant qu'elle est informée sur la situation actuelle du peuple des murs, elle a dû rapidement comprendre que — maintenant que le mur Maria a été repris — le bataillon va maintenant s'employer à purger cette île de tous les titans qui y rôdent, du moins c'est ce qu'il se dit. Il se met à sa place et conclut rapidement que son seul moyen de survivre et de s'échapper est de survivre jusqu'à ce qu'ils se tournent vers l'extérieur des murs, au delà du mur Maria. C'est là qu'elle pourra leur fausser compagnie pour sauter sur le premier bateau venant du continent et ainsi rentrer chez elle.

Alors, aussi étrange et stupide que ça puisse paraître, une alliance serait possible puisque leurs intérêts vont — pour l'instant — dans le même sens. Si Annie les aide avec son pouvoir de transformation, ils iront d'autant plus vite pour atteindre leurs objectifs et ça la rapprochera donc d'autant plus de sa porte de sortie. Certes, le risque qu'elle les trahisse et tente de les exterminer à la première occasion est grande mais il mise sur ce statu quo qui devrait la dissuader de leur faire faux bond.