Chapitre 11 - Retour à Karanes

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Thomas marche lentement dans une ruelle, son uniforme sur le dos. Parmi les passants, il y a deux types de regards : celui des adultes qui ont une expression méfiante ou moqueuse puis celui des enfants qui le regardent comme s'il était un héros légendaire qui a sauvé le monde des dizaines de fois. Il se reconnaît dans l'expression d'un petit garçon qui l'observe avec un grand sourire et des yeux brillants, il se souvient qu'il avait la même admiration lorsqu'on lui soufflait « bataillon d'exploration » ou qu'il apercevait le blason de ce corps d'armée.

Ses pas sont guidés sans qu'il n'ait besoin de réfléchir où il va et, à vrai dire, il ne sait pas ce qu'il fait ici. La seule certitude est que cet endroit lui est familier parce qu'il l'a déjà arpenté des centaines sinon des milliers de fois. Ces visages... Il a l'impression de les connaître. Sans qu'il ne puisse mettre le doigt dessus, le quartier a quelque chose de différent et d'étrange, sans que ça ne le dérange plus que ça.

Après quelques pas, il s'arrête et tourne la tête vers la droite : voilà la maison dans laquelle il a grandi. Un sentiment étrange l'envahit, une alchimie d'émotions contradictoires.

Il s'approche et pose sa main sur la poignée pour ouvrir la porte puis la pousse.


— Thomas ! s'exclame une voix familière.

L'instant suivant il voit une masse de cheveux blonds courir vers lui et se jeter dans ses bras. Après quelques secondes, cette personne se recule un peu et le jeune homme découvre un visage angélique avec un grand sourire.

— Oh Thomas, tu m'as tellement manqué... Regardes-toi, tu es devenu un homme !

Cette jeune femme qui est vêtue de sa robe du dimanche palpe les muscles des bras du soldat Ralle, des étoiles dans les yeux rien qu'à la vue de l'écusson cousu sur sa veste, fière.

Le jeune homme la serre de nouveau dans ses bras, heureux.

— Et tu ne me présente pas ? demande-t-elle en quittant l'étreinte, penchant la tête sur le côté, observant quelque chose dans le dos de Thomas.


Il se retourne et reconnaît Mikasa qui est elle aussi endimanchée dans une robe bleue marine cintrée à la taille, la jupe tombe une dizaine de centimètres au dessus de ses genoux, elle porte aux pieds des ballerines noires.


La jeune femme vient agripper le bras de Thomas, elle a un sourire aux lèvres.

— Oui pardon je euh... hésite-t-il, comme s'il avait eu une absence qui lui avait fait oublier qu'il est accompagné.

— Tu fais toujours le malin pour m'impressionner mais au fond tu es un grand timide, c'est ce que tu essayes de dire ? l'interrompt Mikasa avec un sourire malicieux.

Thomas essaye d'afficher exaspéré mais c'est un échec à cause du sourire indélébile qui ne quitte pas ses lèvres.

Petra glousse puis désigne l'intérieur de la maison.

— Installez-vous, je vous ai préparé du thé.


Thomas et Mikasa s'installent côte à côte sur ces chaises qui n'ont rien d'extraordinaire, mais ont l'avantage d'être robustes, leurs mains restent jointes sur la cuisse de la jeune Ackerman. Petra revient avec la théière et verse le liquide dans les deux tasses devant ses invités.

Quand le jeune homme y regarde de plus près, ce liquide brûlant est rouge et épais. Il lui faut quelques instants pour comprendre et, quand il se tourne vers Mikasa, celle-ci le boit sans aucun problème. Il se tourne alors vers Petra et elle continue d'arborer son grand sourire, comme s'il était tout à fait normal qu'elle serve du sang bouillant de titan à la place du thé.

Le destin des Ackerman - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant