La Caresse Divine 1

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— Jeune Maître...Xian-Jun....Xian-Xian... Réveillez-vous, vous avez suffisamment rêvé pour aujourd'hui.

Il fallut une poignée de secondes à l'héritier pour déchiffrer ces mots, les enregistrer dans son esprit, les analyser et les comprendre. Il papillonna des paupières et les souleva avec difficulté. La lumière des lanternes le dérangea, mais il se débattit contre la vive sensation désagréable pour ouvrir complètement les yeux.

Le soleil se couchait peu à peu, le ciel se teintait d'un doux rougeâtre. Les flammes dansaient dans son regard embrumé. Il se trouvait au pavillon, mais ne reconnut pas sa chambre, puisque dans la sienne, il n'y avait pas de coffre orné de jades.

Xian bougea légèrement sa tête lourde et rencontra deux iris nocturnes. Le sombre de ses prunelles était encore embué par l'endormissement. Il tenta de se redresser, mais Hiwang appuya sur ses épaules, l'incitant à ne pas trop se mouvoir.

— Doucement, Xian-Jun, avertit le Seigneur d'une voix délicate. Votre corps ne bouge plus depuis hier, une journée entière alité. Ménagez vos forces.

— Pourquoi une journée ? balbutia l'aîné. Qu'est-il advenu ?

— Un contretemps. Ne vous en tourmentez point, le Patriarche n'a guère été mis au courant et il ignore même que nous avons quitté sa balade plus tôt que prévu.

Puis, les bribes de la veille lui revinrent en mémoire. Il sut exactement ce qui l'avait fait vaciller, ses symptômes s'étaient déclenchés à l'instant où il avait bu de l'eau. Hiwang était également au courant. En ramenant le Jeune Maître au pavillon, il avait exigé l'aide de Yichen, qui lui avait tout expliqué.

Soupirant, Xian-Jun essaya à nouveau de se lever ; il ne réussit qu'à s'adosser au lit qui devait être celui du Seigneur. Ce dernier le fixa gentiment, patientant en silence. Il lui versa un liquide pur dans une tasse et le lui tendit ; il l'ingurgita à grandes goulées, assoiffé.

— Votre sommeil a été tumultueux, exposa son ami. Vous gémissiez et gigotiez, je crois même que vous halluciniez, vous prononciez des paroles sans queue ni tête. Heureusement que j'étais à vos côtés !

— Votre présence devrait-elle me rassurer ? Au contraire, peut-être voulais-je me débarrasser de vous, mon subconscient vous sentait et me prévenait que je devais vous chasser au plus vite.

— Ingrat, marmonna Hiwang, avant de reprendre plus distinctement. J'ai veillé toute la nuit et toute cette journée pour un Jeune Maître qui ne me respecte pas. J'aurais dû vous laisser dans la forêt. Je vous ai renvoyé votre bienveillance à la Crête des Colères Démesurées. Nous sommes quittes.

— Certes, mais là-bas, vous avez manqué de perdre la vie. Est-ce comparable à votre geste d'hier ?

— Bien sûr ! s'insurgea le Seigneur. Pour peu, vous perdiez votre esprit ! Et qu'est-ce qu'un Jeune Maître sans esprit ? Rien du tout. Ainsi mon geste vous a préservé d'une horrible catastrophe. Nous sommes quittes désormais, un point c'est tout !

— Dans ce cas, je me plie à votre bonté et vous remercie.

— Répétez cela avec davantage de conviction. Ah, Jeune Maître, qui est impertinent maintenant ?

— Dès que je parviendrais à me lever, je m'agenouillerai devant vous, ô mon vénéré sauveur, promit Xian.

— Cela me siérait, en effet ! Vous ne courbez jamais l'échine face à un simple Seigneur à cause – ou grâce – à votre rang, ce serait un grand début si vous vous incliniez vraiment de gratitude.

— Ne priez pas trop non plus.

— Vous parlez bien trop pour un homme qui se réveille tout juste, accusa Hiwang. Silence. Et reposez-vous. J'ignore si vous êtes vraiment guéri. Alors, plus de bavardages et dormez un peu plus. Sinon, je m'inquiéterais et je n'aimerais pas en arriver à ce stade.

La fosse des LamentationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant