La mort du Seigneur Hiwang 2

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Le Jeune Maître s'écarta pour ne pas gêner le couple, mais se tendit par réflexe quand les doigts du jeune guerre se murent encore. Avec plus d'énergie et de détermination que tantôt. Avec plus d'envie. L'alchimiste en sanglota. Des sons bruyants qui tirèrent complètement son amant de son sommeil. Comment, en bon amant, pouvait-il autoriser son homme à pleurer en son absence ? Le benjamin en appela à toutes ses forces restantes, c'est-à-dire très peu, mais qui lui permirent d'ouvrir les paupières, avant de les refermer à cause de leur lourdeur. Il combattit la luminosité et l'épuisement dans le seul but d'éliminer les larmes de son amour.

— Oh, dites-moi que tout est fini à présent ! s'exclama Wulong, submergé par l'émotion. Je le jure, que les dieux tentent de te voler à moi une fois de plus et je monte en personne à la Cour Céleste pour te ramener !

Yichen se contenta de lui sourire avec tendresse. Il ne détenait pas l'énergie pour lui répondre, mais il leva son bras avec peine pour l'enlacer. Wulong se coucha à ses côtés, son torse sur le sien, sans trop s'appuyer pour ne pas l'écraser. Le jeune guerrier frottait avec autant de vigueur qu'il le pouvait son dos secouer par des soubresauts sous le regard rassuré du Jeune Maître. Celui-ci salua chaleureusement le revenant sans qu'aucun mot ne soit prononcé. En tournant le visage sur sa droite, le benjamin aperçut le corps livide du Seigneur et il devina l'état d'esprit de Xian-Jun. Après de nombreuses minutes et des respirations contrôlées, sa bouche sèche souhaita parler.

— Mon...amour, souffla-t-il, la gorge rugueuse et toussotant, a-arrête de pleurer, sèche-m-moi ces la-larmes. Vite !... Je t'aime tellement.

— Ne te préoccupe pas de moi ! réprimanda sur un air bougonnant son aîné. Attends, je t'apporte un peu d'eau.

— Combien de temps as-tu veillé ? questionna Yichen, prenant le temps de s'exprimer. Repose-toi, je vais bien désormais. Reposons-nous... Et dépêche-toi de m'embrasser...

À cet ordre, l'aîné songea aux baisers qu'ils partageaient à l'époque, les instants au lit également, et il se mit à rougir. Pour dissimuler sa gêne, il tapa sur le bras de son amant qui se tordit de douleur. Effaré de lui avoir procuré une quelconque souffrance, il était sur le point de s'excuser mille fois, avant de repérer le sourire goguenard du jeune homme. Il soupira et se désintéressa de lui. Cela n'empêcha pas l'alchimiste de le délaisser une minute pour chercher une coupe et de l'eau fraîche. Xian-Jun partait afin de leur octroyer l'intimité requise, tandis qu'il l'aidait à boire lentement. D'abord, il le redressa. La tête de Yichen tourna un moment, les vertiges s'accrochèrent à lui, mais il finit par y voir clair. Wulong posa la céramique contre ses lèvres et il avala peu à peu, évitant de s'étouffer.

— Mon amour, l'interpella-t-il, à propos de moi étant au service des Ombres, je...

— Non, susurra Wulong, son expiration se répercuta sur la bouche de son amant. Ne parle pas de cela. Ne parlons plus de ces affreux moments. N'évoque pas ce passé déjà lointain. Je veux tourner la page.

— Mais j'ai tué des êtres innocents, objecta Yichen, fragile à cette pensée. J'ai assassiné des femmes, des enfants, des hommes que je connaissais... Je sais parfaitement que je ne dois pas me désigner en fautif. Qui d'autre ? J'ai ôté toutes ces vies et, à cause des Ombres, je me plaisais à la vue du sang ; à l'agonie, je riais... Mon amour, me pardonneras-tu ?

Pour toute réponse, il lui offrit le baiser exigé. Wulong l'embrassa avec langueur, il ne se pressa pas, faisant durer le plaisir. Ses mains frôlaient les joues fermes de son amant, il hésita presque à lui grimper dessus car son désir commençait à imploser. Le jeune guerrier se remémora la fois où les Ombres l'avaient touché et la haine domina son esprit possessif. Yichen approfondit l'échange, glissant impétueusement sa langue sur la sienne, en se réappropriant cette bouche qui est à lui. Cet homme lui appartenait entièrement, et cela pour l'éternité. Il les sépara d'un mouvement brutal et l'alchimiste voulut comprendre pourquoi.

La fosse des LamentationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant