À nos prochaines rencontres 1

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En se réveillant, Meiling avait failli pleurer. Ses larmes étaient montées, une moue chagrinée avait tordu sa bouche et elle n'avait pas bougé pendant plusieurs minutes à fixer un morceau de papier sur son lit. Une lettre que lui avait rédigée Muwen.

— Merci pour tout, ma tendre acolyte. Sache que Mó fǎ t'accueillera à bras ouverts. Les deux M pour toujours ! avait-elle lu à haute voix.

Son cher coéquipier voyageait déjà pour Mó fǎ et il avait refusé les au revoir en face à face, car cela aurait été trop douloureux pour eux deux. Les deux M avaient tissé une forte amitié, surtout pendant cette semaine, et ce huitième jour sonnait le moment des adieux. Bien évidemment, Jia Li s'était volatilisée dans la nuit, en même temps que son fiancé.

La chasseuse s'en remettait avec difficulté. Outre cette lettre, un bijou avait été délicatement déposé sur le coin de son oreiller. Une broche fleurie aux couleurs du printemps. Elle qui comptait s'amuser un peu plus avec lui durant ce dernier jour, il l'avait quittée avant. Meiling ne détenait plus aucune raison de rester davantage. Elle se leva d'une lenteur excessive et rassembla ses affaires dans sa sacoche.

Le soleil apparaissait dans le ciel azur et elle disparut sur sa monture, n'accordant pas de mots à ses compagnons, simplement attristée de ne plus revoir Muwen. Elle se réconfortait en songeant qu'ils se rendraient visite, mais ce ne serait plus pareil. Heureusement, elle comptera toujours sur son Jeune Maître, qui prendra la route pour Zhī dào plus tard.

Le pavillon demeura dans un calme parfait jusqu'à ce que Yichen s'éveille, qu'il sorte par réflexe dehors pour profiter des températures fraîches, uniquement pour discerner le cheval immaculé de Wulong.

Sur-le-champ, son regard traduisit son indignation et sa colère, serrant les poings. Il rentra au pavillon dans la seconde, fit coulisser en fracas la porte de l'alchimiste qui sursauta. L'aîné détecta ses traits tirés et devina aisément la raison de cet emportement. Il lui sourit avec tendresse dans l'espoir de l'apaiser, comme il le ferait à un enfant capricieux, mais ne cessa pas de ranger ses effets personnels dans deux lourdes besaces qu'il attachera par la suite à sa monture.

— Explique-moi, ordonna le benjamin.

— Il n'y a rien à expliquer, Yichen, déclara Wulong, choisissant ses mots avec soin. Je pars, comme nous tous. Nous retournons chez nous et toi aussi. Ta demeure ne te manque-t-elle pas ? Au début, tu n'appréciais vraiment pas le pavillon.

— Tais-toi.

À cette fureur, Wulong soupira. En réalité, il s'en doutait, il présageait que son cadet réagirait mal à son départ, mais il espérait qu'il fasse preuve de maturité et le laisse s'éclipser sans causer tout ce désordre. Malgré ce regard foudroyant qui le transperçait, l'alchimiste refermait une besace et s'occupait de la seconde.

Yichen fulminait, il dégageait une telle aura sombre, mais il n'effrayait nullement l'alchimiste. Il s'avança d'un pas, mais s'immobilisa tout de suite. Qu'y pouvait-il, de toute façon ? L'empêcher de remplir son sac ? L'enfermer ici ? Il partait, voilà tout.

Cependant, Wulong n'avait pas saisi la nature exacte de son courroux. Le benjamin ne tarda pas à l'éclairer.

— Pourquoi ton cheval a-t-il été amené ? Tu ne pars pas maintenant. N'est-ce pas ? Tu t'en iras le plus tard possible. N'est-ce pas ?

— Yichen, exposa d'un sourire contrit l'alchimiste, je sais que tu aimerais passer le reste de la journée ici, avec moi, que le temps se rallonge et que ces heures soient éternelles. Mais, je préfère ne pas attendre trop longtemps. Pour atteindre Hù lǐ, il me faut traverser une partie ténébreuse de Jiǎo huá et je souhaiterais faire cette partie-là de trajet de jour. Hiwang et moi...

La fosse des LamentationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant