Tous opinèrent du chef et il se rassit en vitesse, ignorant les yeux déstabilisants du Jeune Maître. Ils le plongeaient dans une instance de trouble dérangeant. À sa proposition, des phrases insensées s'élevèrent dans la salle. Personne ne coopérait vraiment et cela irritait passablement Hiwang. Ils prononçaient des hypothèses, reposant sur de la chance, sans arguments véritables. Poison, feu, araignée ou serpents... Les gens de Hù lǐ, déjà qu'ils étaient peu nombreux, ne participaient pas à cette énumération sans queue ni tête. L'absurdisme de la situation les décontenançait. Un d'entre eux se risqua cependant à noter un point important.
— Pourquoi pas la chaleur ? Les créatures ne s'aventurent pas en plein jour. Elles s'écartent à l'approche des flammes. Elles fuient devant tous nos sorts qui propagent de hautes températures. Elles vivent en majorité dans les zones humides, dans les grottes et les renforcements, là où la chaleur baisse.
— Non, l'interrompit net l'héritier.
Sa voix électrisa Hiwang qui se replongea dans la conversation.
— Nous avons convenu qu'elles ne redoutaient pas le feu, puisqu'elles attaquent même si nous formons une barrière enflammée ! Elles privilégient les régions aux températures basses, mais c'est tout.
Soora haussa un sourcil. A priori, celui-ci deviendrait un Chef de Secte rigide et autoritaire, le contraire de son père. Le chasseur releva la fureur qui se peignait sur tous les traits de son ami. Hiwang s'emportait au ton sec et dédaigneux de l'héritier. Comment un homme pareil pourrait-il diriger ? s'interrogea-t-il. Détestait-il simplement les étrangers ? En lui, il ne discernait pas le talent d'un régent. En outre, il haïssait fondamentalement ceux qui s'en prenaient à son peuple, ou aux autres d'ailleurs par seul esprit de supériorité. C'est pourquoi, saisi par une colère à peine contrôlée, il bondit derechef et ne pesa pas ses paroles.
— N'est-il pas possible pour vous de vous exprimer sans rabaisser les autres ?! blâma-t-il, le visage imprégné de reproches, mais d'un sourire railleur. Pourquoi faites-vous ça ? Je crois, qu'en réalité, vous essayez de dissimuler un méchant complexe d'infériorité, car vous vous rendez compte que vous n'avez pas les réponses non plus et cela vous contrarie. Vous avez conscience que votre légendaire intelligence n'aide pas à détruire les créatures et cela vous enrage. N'est-ce pas ? Vous vous sentez impuissant et vous déferlez votre incapacité sur ma Secte. Vous profitez de notre neutralité pour faire fi de potentiels incidents diplomatiques. Parce que nous ne répliquerions pas. N'est-ce pas ? Eh bien, grand frère, ajouta-t-il en avançant vers lui en une fausse courbette, moi, je pratique mal les principes de ma Secte et je n'en ai rien à faire d'engendrer un incident entre nos deux Sectes ! La Sagesse Altruiste ? Bah ! Je dirais la Méchanceté Puérile, en ce qui vous concerne. En quoi vos constantes critiques arrangent notre cas ? En rien du tout ! Vous ralentissez les progrès et à cause de vous, plus personne n'ose adresser ses idées.
Hiwang n'était plus qu'à quelques mètres du large siège du Patriarche et donc de celui de l'héritier, s'étant faufilé entre les gens des différentes Sectes. Les deux Némésis se jaugeaient avec hargne, prêts à se bondir dessus. Néanmoins, malgré les réprimandes qui l'attendaient, il ne s'excuserait pas. Au contraire, il gardait son célèbre sourire espiègle qui invitait nettement cet homme à rétorquer. Il amorça par ailleurs un geste vers son épée, mais son paternel le stoppa d'un regard tranchant. Le Chef de Zhī dào susurra des mots incompréhensibles à son fils, dont les muscles se détendirent. Petit Sage sauta sur l'occasion pour supprimer le désaccord.
— Nul besoin d'autant de tension, voyons ! Nous combattons ensemble dans le même camp, après tout ! rit-il, stressé au possible. Soit ! Reprenons où nous en étions. La chaleur. Tous s'accordent-ils à abandonner cette idée ?
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La fosse des Lamentations
FantastikQuand le monde bascule dans l'ombre, seuls de véritables héros peuvent le sauver. Tout le monde pensait les connaître, que ce soient les cultivateurs, les prêtres, les immortels ou les mortels. Tous ont cru comprendre ce qu'avaient enduré les Champi...