La cérémonie officielle touchait presque à sa fin. Il ne restait qu'une étape et enfin la nuit de noces. Muwen attrapa délicatement les doigts de sa mariée et il l'aida à se remettre sur pied sans se débattre avec sa traîne. Jia Li pivota vers lui, toujours couverte. Même s'il ne pouvait pas la voir, il ressentait son sourire et elle dégageait une telle aura d'élégance et de ravissement. Et, en effet, elle souriait, soulagée de mettre un terme à ses fiançailles de la plus merveilleuse des manières.
— Ne le regrettez pas, ma chère, avertit-il. À partir de cet instant, et pour l'éternité, vous m'appartenez corps et âme. Dans nos prochaines vies, soyons ainsi. Ne nous séparons pas, que jamais rien ne nous éloigne. Que ce soit par la mort ou les conflits, par le sang ou le feu, nous nous retrouverons qu'importe où le destin nous mènera.
— Mon cher époux, chuchota Jia Li pour qu'il soit le seul à entendre, je suis bien incapable d'un discours aussi affectueux, alors n'espérez pas trop de moi et n'éternisons pas ce moment, voulez-vous !
— Soit ! s'exclama-t-il, conscient de la gêne de son épouse encore embarrassée par les formes d'affection. Dans ce cas, jurons maintenant sur les dieux que notre amour est pur et sincère, qu'il vaincra les temps et qu'il perdurera à travers les âges.
— Je le jure, souffla-t-elle, ne masquant pas son impatience. Dorénavant, mon mari, achevez cette union et retirez-moi ce voile.
Il obéit docilement, ses lèvres s'étirant au maximum. Ses mains tremblantes se guidèrent jusqu'à ce voile encombrant et il l'enleva avec une lenteur cérémoniale. Peu à peu, il découvrit le visage de sa promise. Sa bouche avait été maquillée d'une vive couleur rosée, ses yeux le transpercèrent de leur éclat éblouissant, elle reflétait la lumière. Une beauté sans égale. Et il était maintenant son époux. Ils souriaient tellement que tous se sentirent guillerets. Peu s'égayait le jour des noces à Mó fǎ, mais, pour eux, ils faisaient l'effort.
Main dans la main, ils se dirigèrent dans une pièce adjacente, dont la porte leur fut ouverte par les dames d'honneur. Se rassemblèrent les familles qui leur souhaitèrent les meilleurs vœux, et ils se retrouvèrent tous les deux, dans la chambre nuptiale. Muwen la fit asseoir sur son lit.
Voilà. La cérémonie se finissait ainsi. Elle le fixait sagement et lui en face, tourmentés par un léger malaise. Ils savaient très bien quoi faire par la suite. Consommer cette union. Il prit position à ses côtés, sur le rebord du lit, sa jambe martelant le sol. Il n'était clairement pas préparé à ce qui devait suivre. Jia Li trouva le premier sujet de conversation qui lui vint à l'esprit pour le détendre :
— Je présumais que votre choix se porterait sur la chasseuse. J'en mourrais de rage. À bien y songer avec du recul, j'étais idiote de ne rien avouer de mes sentiments.
— Je ne parvenais pas non plus à vous déclarer ma flamme, rétorqua son mari. À vrai dire, Mei est de loin ma meilleure amie, et je la considère comme mon âme jumelle dans ce monde. Mais, vous et moi, nous nous complétons. Une perfection ensemble. Je me canalise en votre présence et vous vous ouvrez avec moi ; voici comment devrait fonctionner l'amour. Mon inclination envers vous est très différente de l'amitié que j'éprouve pour elle.
— D'ailleurs, soupira-t-elle, vous m'avez suffisamment prouvé votre loyauté et votre amour. Vous avez instauré une distance entre elle et vous, depuis que nous avons convenu de ce mariage. Je remarque que cela vous ennuie. Invitez-la de nouveau, cela ne m'importunera plus. Tant que vous me demeurez fidèle.
— Je vous aime, Li, de tout mon humble cœur, répondit-il simplement avec un gigantesque sourire.
Ils s'embrassèrent. Ou plutôt, elle l'attira dans un baiser empli de gratitude et de passion. Par un heureux hasard dicté par un enchaînement de circonstances, ils avaient réussi à ne pas briser leurs vertus avant ce soir-ci. Cependant, ils avaient manqué à plusieurs reprises de franchir les limites imposées par les lois du mariage.
Puisqu'ils s'étaient officiellement unis, leurs corps aussi méritaient de se rencontrer après tout ce temps !
Il se risqua à étreindre le haut de ses hanches et elle entoura sa nuque de ses bras. Le baiser partait dans tous les sens. Ils se mordillaient, se titillaient, leurs lèvres dansaient toutes réjouies de se taquiner et ils profitaient de leur chaleur. Dans un désordre hallucinant. Ils débordaient de désir et Muwen ne put se retenir plus longtemps. Il s'empressa de descendre à son cou, sur ses clavicules et très rapidement sur la naissance de sa poitrine. Il tirait sur sa robe sans arriver à en défaire les liens. Il se débattait bec et ongles, diablement concentré sur sa tâche sans réussir, et elle plissait les lèvres, prête à s'esclaffer devant tant de gaucherie.
Gentiment, elle le poussa par les épaules et ancra son regard dans le sien. Il était essoufflé et analysait son col tel un ennemi, élaborant une stratégie pour le défaire. Elle pouffa, attendrie par cet homme dont elle comprenait finalement les qualités.
— Ne nous pressons pas, déclara-t-elle d'un sourire rassurant, nous disposons de l'éternité pour assouvir nos envies. Savourons ces instants, voulez-vous.
— Oui, bien entendu ! fit-il, néanmoins focalisé sur la robe. Mais...pourquoi en tirant sur le ruban ne cède-t-elle pas ?
Là encore, elle réprima son rire pour ne pas briser leur instance passionnée. Les bras de Jia Li ondulèrent dans son propre dos et atteignirent ledit ruban scellé. Le déroulant, elle déposa la ceinture dans ses mains, il en fut tout confus, parcouru d'une vive excitation qui le domina tout entier. Il observa une minute ce corps prêt à se dévoiler à lui, puis lança l'attache quelque part et se hâta d'attraper les deux pans pour les séparer. Seulement, il se figea. La nudité de son épouse le chamboula. Cette vue le fit rougir des pieds à la tête, tel le frêle être innocent qu'il était, n'ayant jamais vu de femme nue... Elle ne ravala plus son hilarité, riant bruyamment et d'une honnêteté surprenante.
— Devrais-je tout vous apprendre ? Reprendre les bases ? se moqua-t-elle, avec tendresse.
L'homme sembla regagner sa contenance, cligna des yeux et se reconcentra. Sa bouche atterrit franchement sur la sienne et il décida de pousser ce baiser plus loin. D'un geste souple, il bascula sur elle et la fit s'allonger sur ce lit qui était à eux. Il se débarrassa de la robe, la chiffonnant et l'envoyant dans un coin de la chambre, et tenta de se déshabiller à son tour...
Puisque ses pieds avaient l'habitude de gonfler par moments d'anxiété, il ne parvenait par conséquent pas à enlever ses bottes...
Jia Li sentait qu'il ne s'abandonnait pas complètement à cette étreinte, qu'il était angoissé et préoccupé et devina pourquoi. Il stressait comme jamais auparavant ! Cette nuit serait pour sûr très longue. Mais elle souriait avec lui, ce qu'elle ne faisait avec personne d'autre. Elle l'aimait, elle tolérerait toutes ses étourderies. Quelle nuit de noces ! Si elle commençait ainsi, qu'adviendra-t-il par la suite ? Ils s'en souviendraient longtemps !
Elle le guida à travers les baisers, l'aida du mieux qu'elle put à ôter les barrières ennuyantes de vêtements, puis elle le laissa flatter son corps, déposer ses mains là où le plaisir la submergea, glisser sa langue pour satisfaire ses zones sensibles, et ils profitèrent de cette nuit comme de la dernière.
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La fosse des Lamentations
FantasyQuand le monde bascule dans l'ombre, seuls de véritables héros peuvent le sauver. Tout le monde pensait les connaître, que ce soient les cultivateurs, les prêtres, les immortels ou les mortels. Tous ont cru comprendre ce qu'avaient enduré les Champi...