Le Talion Infernal 2

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Cette semaine se pressentait longue et inutile, ils s'en lassaient déjà.

Quand le soleil se coucha, ils daignèrent lever leur postérieur des coussins et s'apprêter avec soin. Ils visitèrent enfin le pavillon, ne s'y étant même pas aventuré plus tôt. En somme, l'après-midi s'était écoulé entre méditations et promenades, rien de bien excitant.

Cet endroit proposait en tout et pour tout une pièce commune et une chambre pour chaque membre. Cela suffisait amplement. Ils priaient pour retrouver rapidement leur Secte, mais ils fournirent un certain effort pour s'habiller en beauté. Une soirée devait être honorée, peu importe l'hôte.

— Croyez-vous que nous aurons droit à un beau discours ? s'enquit Meiling, de retour de sa balade avec le Jeune Maître.

— Beau, je ne sais pas, marmonna Yichen. Mais pour sûr, notre bon vieux Patriarche en prononcera un. Simplement pour que tous les regards soient rivés sur lui et qu'il comble son avidité de l'attention.

— Je connais ses relations diplomatiques complexes avec les autres Sectes, mais il ne me donnait pas l'impression d'être si pénible et vaniteux, en écoutant les rumeurs. Meng n'a-t-il pas été un Patriarche convenable, autrefois ? interrogea Xian.

— En apparence, il formule de jolies phrases et s'incline devant ses aînés. Par contre, à l'intérieur de son temple, lorsque les portes se referment, sa perfidie transperce. Il juge et élimine tous ses rivaux en jurant comme un malotru et il manque de respect au monde entier. Je l'ai entendu insulter plusieurs fois votre père, Xian-Jun. Sans conteste, avertit le guerrier de Jiǎo huá, cet homme est haï, méprisé, grossier et incompétent. Nous sombrons dans un gouffre sans fond à cause de lui.

Hiwang ricana. Il se glissa dans sa chambre – il s'agissait de la seule de disponible, puisque tous les autres avaient déjà choisi. Il enfila sa tenue favorite qu'il mettait pour toutes les occasions ; une robe noire aux broderies dorées, aux manches très évasées et au ceinturon bleu nuit pour s'accorder avec ses iris.

Xian-Jun opta pour l'inverse ; une robe gris perle aux manches moulant ses bras et à la ceinture blanche.

Jia Li et Muwen arborèrent les couleurs de Mó fǎ ; des robes bordeaux vif. Il attacha une lanière noire autour de sa taille, tandis que la tenue de sa fiancée ne comportait pas de corsage, mais se centrait au-dessous de sa poitrine par de ficelles de la même couleur que son tissu.

Meiling prit un vêtement bleu pastel, comme Wulong ; cette couleur ajoutait un charme candide à leur beauté éclatante de jeunesse.

Et Yichen maintint son allure sombre et ses armes barbares.

La chasseuse ajouta une bague à l'effigie de la lune, Muwen un imposant bracelet en acier où des formes arrondies se dessinaient, et Wulong noua à son cou un collier d'où pendait un morceau d'Agate, symbole de sa paix intérieure et de la stabilité qu'il prônait.

Aussi, Hiwang maquilla ses lèvres d'un délicat trait de rose parfumé, pour les embellir. Il savait que sa bouche attirait énormément les femmes et il envisageait de séduire quelques demoiselles ce soir. Au moins, il n'aurait pas voyagé pour rien !

— Eh bien, eh bien, Seigneur Hiwang ! se moqua Muwen, avec un brin d'admiration. Je suppose que certaines rumeurs à votre sujet se confirment, notamment celles sur vos conquêtes ! Les femmes de Hù lǐ survivent-elles à vos charmes ?

— Demandez-leur ! répliqua sur un ton espiègle le Seigneur. Quoi que vous n'obtiendrez rien d'autre que des bégaiements de leur part, puisque mon nom suffit à les faire rougir et balbutier. Cela répond à votre question ?

La fosse des LamentationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant