CHAPITRE 11

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PDV MALIA


Je regarde l'assiette d'oeufs brouillés avec un mépris flagrant.

- Manges ! Sinon ces poussins seront morts en vain.

- T'es sérieux ? J'ai plus cinq ans.
Je soupire gênée, Riley et Joe se foutent clairement de ma gueule. J'entends leur soufflement de nez agaçants.

Je prends la fourchette à gauche de mon assiette et triture ce qu'il y a dedans.
Simon arrive avec un grand sourire, s'assoit à table et me fixe.
Pas très réveillée, je plisse les yeux pour mieux le voir.

- Tu sais, la montre, il commence amusé par mon incompréhension, on peut voir le rythme cardiaque de celui qui l'a porte avec.

Il secoue son téléphone devant lui, me signifiant qu'il m'a bien observé à cause de cette foutue montre. Et puis quoi encore ? Elle a une caméra intégrée aussi ?
Heureusement, je sais que non. Si Simon m'avait vu me déshabiller au moment de la douche, je serais morte de honte.

Joe quitte la table et mon père prend sa place, face à moi. Lukas alias la personne que je fuis du regard s'installe à côté de lui, en diagonale.

- Tu sais que tu as des problèmes de cœur ? Il bat anormalement vite. Tout le temps.

Drôle de façon d'annoncer ça, le métisse, toujours avec son sourire me fait plus peur que jamais. Il manque cruellement d'empathie ce garçon.

- Ça fait combien de temps que tu ne les a pas pris ?
Me demande mon père en posant une petite boîte orange entre nous. Je la regarde fixement, comme un lointain souvenir.

- Depuis le soir où j'ai cru qu'on t'avais tué.
Je marmonne mal à l'aise.

- Bien, pas d'incidents jusque là...
Souffle mon paternel.

- D'incidents ? À quoi servent ses médocs ?
S'emmêle Riley, le parano est de retour.

Je secoue la tête puis range la boîte dans la poche de mon sweat.

- Rien. Je réponds rapidement. La prochaine fois que tu veux me parler de ma vie privée, fais le quand nous sommes seuls. Ou quand je suis pas là.
Je finis acerbe.

- Tu recommence Malia, je ne te reconnais plus.
Se désole mon père.

Le voir inquiet me serre le cœur. Je ne sais pas pourquoi je suis sur la défensive tout le temps. Pourquoi j'agresse les gens. Mes sautes d'humeurs se multiplie ses derniers jours et mon esprit fait le yoyo, allant toujours plus vers le bas que vers le haut.

- Les gars, dépêchez vous. On a une journée chargée.

Je regarde Lukas reconnaissante mais celui ci m'ignore. Finalement, le petit déjeuner se passe dans un silence de plomb. Et moi, je ne fais que tourner ma boîte entre mes doigts.

***

Je tape dans le sac de frappe dans la cave, me défoulant autant que possible. Je ressent tout. Tous mes sentiments sont mélangés, mes poignets chauffent comme jamais auparavant.
Je ressent tout et ça m'épuise.
J'enchaîne coup sur coup, poing, genou, coude. Je veux qu'il ait mal, qu'il se fissure, se déchire. Je veux l'ouvrir en deux et voir le sable s'écouler au sol comme le ferait du sang dégoulinant d'un corps. J'ai soif de justice mais aussi de violence.

- Ouvres-toi merde ! Je cri. Je le griffe mais cela fait longtemps que je n'ai plus d'ongles. Je l'attrape dans mes bras et le bascule sur le côté je ne sais comment, provoquant un bruit assourdissant dans la pièce. Tu vas crever ! Je vois ma main prendre le couteau planqué dans mon jean et le planter dans le sac noir. Je plante encore et encore avant de l'ouvrir de haut en bas. Te voilà... Je murmure souriante. Le sable tombe sur le sol dans un bruit satisfaisant. Je lâche le couteau par terre et me laisse atterrir sur mes genoux, douloureusement, plongeant mes mains dans ce sable d'un beige scintillant. C'est comme avoir ses mains dans un corps, arrachant ses organes un par un.

ME (& BADBOYS) √ FINIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant