CHAPITRE 24

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PDV MALIA


- C'est trop chaud !
Se plaint le barge.

Je baisse la température d'un cran et remets le jet d'eau sur la tête poisseuse de Joe.

Le jeune homme est assis contre la baignoire tandis que je suis debout et pieds nus dans la baignoire.

- Pourquoi tu ne te les laves pas tout seuls ?
Je demande dégoûtée par ses cheveux gras.

- Je me suis ennuyé toute la journée, je voulais qu'on me chouchoute.
Il sourit fier de lui.

Je roule des yeux, je me suis faite avoir. Je penser qu'il ne savait pas le faire, c'est pour ça que j'ai accepté. Mais bon, si ça lui fait plaisir...

- Je vais mettre le shampoing dans trois, deux, un... Je vide la moitié de la bouteille sur sa tête. Ce n'est pas du gaspillage, c'est nécessaire, vraiment. C'est quand la dernière fois que tu les a lavés ?
Je demande en grattant doucement son cuir chevelu.

- Six mois.

Six mois ?! Mais il y a des espèces non répertoriés qui ont élus domiciles depuis ce temps ! Argh...
Le doux parfum de jasmin se fait sentir, la crasse coule dans le filet d'eau au fur et à mesure de mes frottements.

Après une dizaine de minutes et un rinçage intensif, je pose une serviette sur sa tête, cachant son visage au passage.

- Qui a éteint la lumière ?!
Il crie d'un coup ce qui me fait rire.

- Je vais sortir le dîner du four, sèches-toi les cheveux et viens manger.
Je souris alors qu'il renifle ses cheveux.

Un vrai sauvage.

Je descend l'escalier qui mène au salon et remercie Simon qui a pris le relai pour préparer le dîner.

Je mets la table et m'assois à celle-ci en attendant. Un frisson me prends et directement, je me tends.

Il est là...

Depuis ce matin, le garçon aux yeux bleus m'apparaît. Je sais qu'il est le fruit de mon imagination, mais je ne sais pas pourquoi ça m'arrive maintenant. Je l'ai tué il y a cinq ans, pourquoi vient-il me hanter maintenant ?

Je tourne la tête vers la droite lentement, la peur et la culpabilité me tordant l'estomac. Il est assis sur la chaise d'à côté et me regarde.

- Pourquoi es-tu là ?
Je chuchote.

Ses yeux prêts à exploser sous la pression de mes mains sur son cou me fixe sans émotions.
Il ne parle pas, se contentant juste de me regarder, comme à l'hypermarché ou au déjeuner.

- C'est pour me torturer ? Je continue faiblement. C'est à cause de mon traitement ?
Je gémis.

Non, c'est revoir le bourreau, j'en suis sûr.

- Venges-nous.

Je sursaute en entendant sa voix, enfin je n'ai jamais entendu sa voix mais celle dans ma tête sonne grave. Une voix d'homme que je ne reconnais pas me parle dans ma tête. Je deviens folle...
Peut-être suis-je bipolaire ?

Le four bip pour m'avertir que le gratin géant est prêt. Je me lève et le garçon disparaît.

Dois-je m'inquiéter ?


***


Nerveuse, je toque à la porte du médecin attitré.

Il se passe quelque secondes avant que le mexicain n'ouvre la porte. Il paraît intrigué de ma visite et je me demande encore si c'est une bonne idée.

- Je peux t'aider Malia ?
Il propose gentiment.

Je hoche de la tête en me pinçant les lèvres.

- Je peux entrer ?
Je couine en regardant dans le couloir.

Après le silence gênant où il m'a fait m'assoire sur le lit d'infirmerie en me fixant, je prends une courte inspiration.

- J'ai... Je me racle la gorge, mal a l'aise. Je vois un homme mais...

- Tu peux tout me dire, je ne te jugerais pas et ne dirais rien à personne. Il me sourit. Cette information me rassure quelque peu je l'avoue. Tu vois un homme et tu as besoin de contraceptif, c'est ça ?

Aussitôt, je rougis violemment, les yeux écarquillés.

- Non ! Je- Non, surtout pas ! Je m'affole. J'ai des hallucinations.

Siri ricane de ma gêne, avant de froncer des sourcils.

- Quel genre d'hallucinations ? Ah oui, un homme donc ! Qui est cet homme ?

- Ce n'est pas le problème qui il est, je voudrais savoir si j'ai une maladie mentale ou si... Ou...

Je soupire les larmes aux yeux, en parler est plus dur que je ne le pensais.

- Je pense au contraire que son identité est un indice. Tu as vécues une suites d'événements sombres ces derniers temps. Tu as cru avoir perdu ton père, tu t'es retrouvée au milieu d'un gang, de personnes inconnues et tu as finalement perdu ton père, véritablement cette fois... Ça pourrait être le stress post-traumatique.

- C'est ce que je pensais. Mais combien de temps ça va durer ?

- Ça dépend de toi Malia, ça dépend de si tu les laisses t'atteindre.
Il dit simplement.

- J'entends une voix aussi, mais ce n'est pas la sienne.

Le regarde du mexicain change, devient plus sombre.

- Je ne suis pas folle, hein ?
Je le supplie du regard, une larme coulant sur ma joue.

Il met une bonne minute à fixer le sol entre nous, il pense que je le suis ?

- Je ne suis pas psychologue, ni psychiatre. Mais je pense que cette voix peut être le fruit de plusieurs choses, le plus probable serait qu'elle soit simplement ta conscience. Il faut s'inquiéter si elle t'incite à faire quelque choses, pas si elle dit juste des vérités que tu nierais.

Je secoue la tête légèrement, reniflant peu élégamment au passage.

- Il faut s'inquiéter ?
Il murmure doucement.

Je plante à nouveau mon regard dans le sien.

- Je n'en ai aucune idée...

Je sens le changement en moi, je sens cette part d'ombre survenue juste après mon kidnapping, sauf que cette fois, le traitement n'y change rien. Comme si j'avais fini de me cacher des choses, des souvenirs douloureux. C'est comme si mon être acceptait enfin toutes ces horreurs et les transformaient en excuse, en raison. Celle qui me permet de faire le mal.

Finalement... L'excuse pour être enfin moi-même. Et je suis terrifiée à cette idée, car je ne sais pas qui je suis vraiment.

Et jusqu'où je pourrais aller.



ΩΩΩ


WILLCHR

ME (& BADBOYS) √ FINIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant