XLII. Fallingleave's Hollow

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- Tout tournes toujours autour de toi, toi et toi !
- Pardon ? Je te signale que c'est toi qui me fais une crise.
- Non je ne fais pas une crise c'est juste que... que tu... merde ! Tu es tellement préoccupé par tes problèmes que tu ne vois même pas ceux des autres. Je ne t'ai quasiment pas vu ce mois-ci, tu étais toujours à droite et à gauche. Je me couchais le lit était vide, je me réveillais le lit était vide et quand j'avais l'honneur de te voir tu étais trop fatigué pour passer du temps avec moi !
- Je suis désolé que ça ne te plaise pas mais on a de grosses préoccupations pour le moment si tu n'avais pas remarqué donc je ne peux être partout à la fois.
- Non, c'est vrai. Tu as choisi tes priorités.

Abigail, debout dans le petit salon de leur chambre d'hôtel à Londres, bouillonnait de colère à l'intérieur d'elle. Elle ne savait même plus comment cette dispute avait fait pour éclater mais tout ce qu'elle savait c'était qu'elle avait besoin de se défouler.

- Aby...
- Non. Non, tu n'es même pas capable de voir que je n'étais pas bien en ce moment, j'étais en plein stress, j'ai peur et toi... Tu ne me regarde plus comme avant, tu ne m'adresse plus de petits sourires comme avant, tu ne me touches plus. Je... tu...
- Aby, je... je sais pas quoi dire, s'enquiert Steve.
- Non ne dit rien, dit Abigail d'un ton froid. J'ai besoin de prendre l'air. Je vais aller marcher. Ne m'attends pas.

Abigail prit sa veste et son sac à main puis sortit en trombe de la chambre sans même un regard pour Steve qui se rendait compte de son erreur.
Seul dans la pièce, Steve se laissa tomber dans un fauteuil. Il prit sa tête entre ses mains et sentait toute la culpabilité l'envahir peu à peu. Pourquoi tout n'allais pas comme il le fallait ? Pourquoi tout dérapait à chaque fois ?

Abigail marchait dans les rues désertes du quartier de Fallingleave's Hollow. Il n'avait pas changé. Même si ses souvenirs remontaient à presque 15 ans, elle se souvenait parfaitement des maisons au style cottage si britannique, aux grands chênes qui longeaient les routes pavées et à cet esprit si ancien qui régnait dans ce quartier. Comme s'il avait été figé dans le temps des années 1800. Abigail respira une grande bouffée d'air frais dont les odeurs de terres et d'humus se mélangeait parfaitement avec l'onctueux fumet de nourriture qui émanait des maisons environnantes.

Pourquoi revenir ici ? Abigail se dit que c'était pour trouver un endroit familier à des milliers de kilomètres de New-York, son chez elle. Elle avait besoin de réconfort après cette dispute avec Steve et surtout de se changer les idées. Elle s'en voulait de le laisser aller seul à l'enterrement mais après cette discussion houleuse elle avait eu besoin de partir loin, de réfléchir, de vider son esprit.
Elle marchait seule à travers les rues sinueuses du petit quartier se laissant guider par son instinct. Ses pas la guidèrent jusqu'à une petite église très tranquille. Des souvenirs lui remontèrent à l'esprit. Des souvenirs qu'elle aurait préféré oublier. Elle se revit, à six ans, marcher en tête d'un petit cortège de personnes vêtues de noir. À côté d'elle se tenait une femme âgée et elle se souvint qu'il s'agissait de sa vieille voisine. Abigail suivit le cortège imaginaire retraçant les pas qu'elle avait eu 15 ans plutôt.

Le souvenir s'effaça quand elle arriva auprès d'une tombe qu'elle connaissait que trop bien. Une simple dalle large trônait au-dessus d'un petit caveau en pierre bleue. Les lierres avaient pris leur aisance sur la tombe en s'entortillant dessus comme une couverture. Cela ne dérangea pas Abigail. Elle s'agenouilla face à la tombe et passa sa main sur l'inscription gravée à la surface.

Olivier Taylor
1974 - 2002
Marie deLacour Taylor
1976 - 2002

Une boule se forma dans sa gorge. Elle entendit dans un vague souvenir le rire de son père. Un frisson la parcourut. Son rire était grave et chaleureux et il emplit le coeur d'Abigail d'un réconfort inexplicable. Elle revit alors également le sourire de sa mère. Si joviale et réconfortant. Mais un doute l'assaillit. Elle était incapable de se souvenir de leur visage. Leurs contours restaient vague dans l'esprit d'Abigail. La mélancolie et la nostalgie lui déchirait le cœur. Elle ne savait dire pourquoi mais ses parents lui manquaient de plus en plus or déjà 15 années s'étaient écoulées.
Peut-être était-ce le fait qu'elle soit accablée par tout ses soucis. Et cette plaie ouverte causée par la disparition brutale et injuste de ses parents fragilisait sa capacité à encaisser les chocs. En plus l'année dernière elle avait perdu aussi sa meilleure amie. Abigail s'en voulait terriblement de l'avoir abandonnée et qu'Anna soit morte en la sauvant. Plus le temps passait, plus Aby se disait qu'elle ne méritait pas cette deuxième chance. Une larme roula sur sa joue et vint s'écraser au pied de la tombe.

Avengers & Shape Shifter  ~ Tome 1~  [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant