Chapitre 7

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Ses yeux sombres me fixaient et je me figeai. Cela faisait plus d'un mois qu'il m'avait laissé dans cette chambre minable et pourtant, j'eus l'impression que je n'avais pas oublié le moindre trait de son visage. Je le regardai longuement alors que le temps semblait figé autour de nous, quand soudain, il détourna ses iris de moi. Le jeune homme regarda mon père avancer vers lui, puis tous deux se serrèrent formellement la main.

- Bonjour monsieur DeLayne, dit-il de sa voix harmonieuse.

- Bonjour. Jeon Jungkook, c'est bien ça ?

- Oui. J'ai été sélectionné parmi d'anciens militaires pour travailler pour vous. J'attends vos consignes.

"C'est donc comme ça qu'il s'appelle." pensai-je aussitôt. Il m'avait donné son nom lorsque nous avions commencé à discuter ce soir-là, mais je n'avais pas pris la peine de le retenir. J'avais cru qu'il aurait été comme les autres, comme ceux dont je n'avais pas eu à retenir le prénom.

- Ce que je vais vous demander est plus ou moins simple, assura mon père en ricanant malicieusement.

Il posa sa main sur l'épaule du noiraud, et puis je me sentis mal à l'aise lorsque je compris que tous deux me regardaient. Tant de choses me passèrent dans la tête à ce moment-là, néanmoins, je ne souhaitais que fuir celui avec qui j'avais passé une nuit mémorable, alors je pris les escaliers afin de rejoindre ma chambre, quand tout à coup, mon père reprit la parole.

- Jeon, je veux que vous vous assurez de la sécurité de ma fille cadette.

- Quoi ? M'écriai-je en faisant volte-face tandis que la main agrippa fermement la rambarde. Je n'ai besoin de personne.

- Je ne t'ai pas demandé ton avis, Seth.

Le jeune homme, en entendant mon prénom, comprit alors que je m'étais présentée à lui sous une fausse identité, cependant, je ne laissai rien paraître, comme si je ne l'avais jamais vu de toute ma vie. Je pouvais voir la frustration sur ce visage qui me plaisait tant, ses mains crispés s'enfonçant dans les poches son pantalon en tissu noir.

- Tu as déjà été agressée une fois et je ne peux pas me permettre que ça arrive une deuxième fois. Il est ton garde du corps, alors il ira partout où tu iras. Il te conduira où tu voudras et il ne sera qu'à ta disposition. Personne d'autre que toi ne pourra solliciter les services de Jeon ici présent. Plus aucun accident malencontreux ne t'arriva à l'avenir.

Je savais que je n'avais pas mon mot à dire. Mon père avait déjà décidé et moi, je devais accepter son choix rien que pour ne pas me le mettre à dos. Je voulais qu'il ait pleinement confiance en moi et pour cela, j'étais prête à faire des sacrifices, alors je plaçai un sourire bien veillant sur mes lèvres en redescendant avec grâce les quelques marches que j'avais eu le temps de monter.

- Tu sais quoi, papa ? Tu as raison !

Je tapai gentiment sur l'épaule de cet homme fort élégant qui satisfait, laissa un baiser sur le haut de ma tête, avant de prendre la direction de son bureau. Mon père pensait sans doute qu'avoir un si bel homme près de moi me plairait, cependant, il ne savait pas que ce dernier n'était pas complètement un inconnu pour moi et que j'avais de la rancœur à son égard. Je vis là l'occasion de faire d'une pierre deux coups.

D'un côté, je comptais me forger une place de choix aux côtés de mon père et montrer au monde que je n'étais pas sans défense, et de l'autre, j'avais bien l'intention de me venger de l'affront que m'avait face mon charmant garde du corps.

- As-tu entendu ce que papa a dit, Dalila ? Demandai-je en la fixant, alors que j'attrapais mon sac sur la petite table où je l'avais laissé un peu plus tôt. Ne t'approche pas du nouveau si tu ne veux pas que je te réduise en poussière.

Je lançai à mon aînée un sourire niais, cette dernière poussant un soupir avant de s'éloigner de moi, et puis je me tournai vers ce fameux Jeon Jungkook. J'avançai vers lui, puis je plaquai soudainement mon sac contre son torse avant de le lâcher, celui-ci tombant à ses pieds tandis que je pris la direction de la sortie du manoir.

- La prochaine fois, ne laissez pas mon sac toucher le sol, lançai-je hautainement. Dépêchez-vous. Je n'ai pas toute la journée.

Je poussai aussitôt la grand porte principale, me faufilant hors de ma demeure pour descendre le large escalier avant m'arrêter devant la portière arrière de ma voiture. J'entendis rapidement les pas de mon nouvel employé derrière moi, et puis il s'arrêta près de moi, juste face à la portière du conducteur.

- Voulez-vous que je vous appelle Pesley ou Seth ?

- Appelez-moi mademoiselle DeLayne, répondis-je sèchement. Ouvrez-moi la portière maintenant.

Je l'entendis rire silencieusement à mon caprice, puis il me contourna afin de me permettre d'entrer dans la voiture. En moins de quelques minutes, nous étions déjà en chemin pour le building de DeLayne Corp.

Seul le son l'air conditionné se faisait entendre dans l'habitacle et l'atmosphère était quelque peu pensante, quand sans que je ne m'y attende, il romput le silence qui régnait en maître.

- Mademoiselle DeLayne ? Allez-vous vraiment faire comme si nous ne nous connaissions pas ?

Au fond, c'était là la question que je voulais qu'il me pose et que je me posais moi-même.

- Vous m'avez appelé Pesley, alors je suppose que nous nous sommes rencontrés au Spectral. J'utilise ce faux noms là-bas pour ne pas être associée à ma famille. J'aimerais que ça reste ainsi.

- Nous ne nous sommes pas seulement rencontrés. Nous avons passé la nuit ensemble.

Il jeta quelques coups d'œil dans le rétroviseur central. Il pensait sans doute qu'il aurait pu déchiffrer ce que je pensais en regardant mon visage, cependant, c'était sans compter sur le fait que j'étais douée pour cacher des choses qui me déplaîsait. Et ce jour-là, ce fut bel et bien mon attirance pour lui qui me déplut.

- Sûrement, répondis-je, détendue, en regardant par le paysage défiler par la vitre. Je préfère prendre du bon temps avec de parfaits inconnus. Au moins je suis sûre que cela n'implique aucun sentiment. Vous savez... Je ne cherche rien de sérieux, alors les coups d'un soir j'en ai eu beaucoup.

Mes mots eurent un étrange effet sur Jungkook. Rien que pas le rythme de sa respiration, je pus comprendre qu'il était frustré.

- J'espère que vous pourrez oublier rapidement ce qu'il a pu se passer entre nous, repris-je en posant mes yeux sur lui, à l'avant de la voiture. Vous travaillez pour moi et je ne souhaite pas qu'il y ait un malaise entre nous. Qui plus est... Je suis navrée... Mais je ne me souviens pas vous.

- Au moins ça a le mérite d'être clair, marmonna-t-il en resserrant ses grandes mains veineuses sur le volant. Je suis désolé de vous avoir importuné, mademoiselle DeLayne.

J'étais confortablement assise sur la banquette arrière, mes jambes élégamment croisés, cependant, mon corps tremblait tant je ne faisais violence. Je mourais d'envie de lui sauter dessus. Je voulais qu'il me redonne ce plaisir que je n'avais goûté que dans ses bras. Je le désirais tant que j'aurais pu lui faire arrêter la voiture sur le champ dans le but de satisfaire mes fantasmes. J'espérais sentir à nouveau ses mains sur ma peau dorée et son corps robuste contre le mien. Je le voulais, cependant, je ne pouvais l'avoir, pas encore, pas aussi facilement.

Il avait commencé à jouer lorsqu'il était parti et moi, j'avais l'intention de poursuivre cette partie à ma manière. J'allais le rendre fou et faire de moi l'inaccessible objet de ses désirs, tant et si bien qu'à la fin il me supplierait de lui donner ne serait-ce qu'une once de tendresse.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant