𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]

Chapitre 66

Le bout de mon stylo tapait machinalement contre mon bureau en verre, pendant que je réfléchissais à ce que je devais faire par rapport aux violences conjugales que subissaient Dalila. En tout cas, je n'avais aucun doute sur le fait que Luc Jones frappait ma sœur, et pour cause, c'était un multirécidiviste, la matinée que j'avais passé à faire des recherches sur lui m'informant qu'il avait déjà battu plusieurs de ses anciennes conquêtes et son ex-petite amie.

Mes pensées n'étaient occupées rien que par l'idée que ma sœur puisse mourir sous les coups de celui qu'elle avait épousé, néanmoins, contrairement à celle que j'étais auparavant, je ne pensai pas une seule fois à faire justice moi-même. J'en avais parlé à Jungkook et il m'avait expliqué que pour ce genre d'affaires, une déposition de la part de la victime était primordiale pour l'étude du dossier.

Dans un premier temps, je pensai que convaincre Dalila de dénoncer les actes de son époux serait un jeu d'enfant, cependant, peu après, la façon dont laquelle elle m'avait regardé me revint en tête. Ma sœur ne semblait pas avoir envie de se défaire de ce mariage, pourtant, cela était plus qu'une nécessité, alors comme j'étais parfaitement consciente qu'elle ne suivrait pas mon conseil, je pris finalement la décision d'en parler à Céthia.

- Entrez ! S'exclama-t-il peu après que je toquai à la porte de son bureau.

Spontanément, je poussai un lourd soupir, puis je passai la porte, apercevant aussitôt le regard de mon père s'adoucir lorsqu'il me vit face à lui. Ce fut quelque peu gêné par ma présence tant il n'y était plus habitué que Céthia se leva de son siège, me faisant signe de m'asseoir avant que je ne décline poliment l'invitation.

- Est-ce l'actionnaire majoritaire de l'entreprise qui se tient devant moi ou ma fille ? Interrogea-t-il en se rasseyant.

- Ni l'une ni l'autre. C'est la sœur de Dalila qui se tient devant toi.

- Pourquoi parles-tu de ta sœur ? S'enquit mon géniteur en plissant les yeux. T'a-t-elle fait du tort ? Tu peux tout me dire, je réglerai le problème.

Malgré toute une année sans nous adresser la parole, je pus clairement sentir à nouveau la préférence que mon père avait pour moi, cependant, cela ne me remplit pas de joie comme autrefois. Moi qui était mère de deux enfants, je ne pouvais ne serait-ce que me permettre d'imaginer préférer l'un d'eux au détriment de l'autre, pourtant, pour Céthia, cela semblait si rationnelle que ça en devenait méprisant.

- Étais-tu d'accord pour son mariage ?

- Évidemment ! J'ai choisi moi-même choisi Jones pour elle. C'est un bon parti et puis c'est un garçon très intelligent.

- C'est pour ça qu'elle m'a demandé de la fermer. Sais-tu qu'il a déjà battu plusieurs femmes ? Questionnai-je avant que les sourcil de Céthia ne se froncent en faisant un geste négatif de la tête. Jungkook a regardé dans les fichiers de la police et plusieurs femmes ont déposé plainte contre lui, des prostituées et son ex-petite amie.

- C'est du n'importe quoi. J'ai fait des recherches sur lui et il n'y avait rien de tout ça.

- Parce que toutes ces femmes ont fini par retirer leurs plaintes ! Bon sang ! Réveille-toi ! Tu sais comment ce genre de choses fonctionnent, non ? Une menace de mort, un peu d'argent et la plainte n'existe plus, mais ce n'est pas pour autant que le crime n'a pas existé, n'est-ce pas ?

- Tout le monde mérite une seconde chance, lâcha Céthia en s'enfonçant plus confortablement dans son fauteuil. Tu portes bien le nom d'un tueur en série, Seth.

- Tueur en série ? Murmurai-je avant de taper mes poings contre le bureau qui me séparait de mon père. Tu n'hésites pas à faire tuer des gens et tu viens juger mon mari ? Tu as enterré ton ex-femme dans ton jardin après que ta compagne l'ait tué ! Arrête de te voiler la face, tu es bien plus monstrueux que Jungkook sauf que tu le dissimules parfaitement. CE TUEUR EN SÉRIE NE ME BAT PAS CONTRAIREMENT À CELUI À QUI TU AS VENDU TA FILLE !

Céthia se figea, puis il poussa un soupir avant de masser délicatement ses tempes. C'était peut-être pour la première fois de son existence que mon géniteur était conscient d'avoir fauté, cependant, il ne pouvait l'admettre puisque cela revenait à admettre que j'avais raison.

- J'ai vu un énorme bleu rien que sur le poignet de Dalila et je ne veux même pas imaginer ceux qui doivent se trouver sur le reste de son corps.

- Pourquoi ne m'en a-t-elle pas parlé ? Demanda mon géniteur, inquiet. C'est insensé... Elle aurait dû me le dire.

- Parce qu'elle a peur de te décevoir et d'aller contre tes décisions, répondis-je à voix basse. C'est aussi pour ça qu'elle s'est rangée de ton côté et non du mien, alors tu devrais lui venir en aide... Parce que je te le jure, si ma sœur laisse la vie dans ce stupide mariage sans amour, je viendrai moi-même te tuer. Soit tu la convaincs de porter plainte, soit tu t'en charges toi-même, mais je ne veux plus voir ce gars près d'elle, compris ?

Mon père hocha la tête et puis je tournai les talons afin de quitter la pièce. Je n'avais vraiment aucune envie d'allonger davantage cette discussion entre Céthia et moi, néanmoins, mon ego me poussa à tourner la tête vers lui lorsque je posai ma main sur la poignée de porte.

- Heureusement que je ne t'ai pas laissé choisir pour moi, lâchai-je sur un ton moqueur. Je préfère de loin un homme qui s'en prend aux autres pour moi et qui me traite comme une reine, qu'un homme qui fait bonne figure devant d'autres et qui me bat une fois seuls. À vrai dire, même toi, le grand Céthia DeLayne, tu n'arrives pas à la cheville de mon mari. Il n'est peut-être pas riche comme tu l'es, mais il a un cœur en or, et il couvre d'amour ses deux enfants exactement de la même façon.

Un hoquettement bien hautain passa mes lèvres et puis je quittai le bureau de mon géniteur, le laissant languir dans le torrent de culpabilité que notre conversation avait déversé sur lui. Mon père était accablé par le regret et cela me réjouit, car malgré tout le temps où il avait passé à haïr Jungkook, il se rendait enfin compte que mon choix avait été le bon.