Chapitre 41

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Mon regard était rivé sur ce magnifique paysage qui défilait à la vitesse à laquelle nous roulions. La main de Jungkook massait délicatement ma cuisse alors que la chaleur agréable du soleil détendait chacun de mes muscles, me donnant l'impression d'être une fois de plus au paradis. J'étais apaisée par l'idée que notre première soirée officielle en tant qu'amoureux ce soit bien passé. Ma famille avait eu l'air si unie la veille, lors de ce dîner, que cela me fit rêvasser jusqu'au moment où cette voix quelque peu robotisée parvint à mes oreilles.

Par réflexe, je me penchai légèrement pour augmenter le volume de la radio, entendant clairement cette nouvelle, qui bien que macabre, ne manqua pas de faire naître un sourire sur mes lèvres et une certaine once d'apaisement dans mon cœur. Enfin, je recevais une bonne nouvelle.

"En début de matinée, le corps sans vie du célèbre homme d'affaires, Samuel Valentine, a été retrouvé dans le parc au centre de Gaya par les membres du personnel d'entretien. Selon les premières déclarations de la police nationale, l'homme de quarante-trois ans est mort par asphyxie, puis poignardé au niveau du cœur, avant d'être pendu. Ses mains ont également été brûlées au troisième degré. La piste criminelle est donc la seule envisageable. Les forces de l'ordre décrivent ce crime comme un acte d'une barbarie absolue qui pourrait parfaitement coïncider avec le mode opératoire du-..."

- Pourquoi est-ce que tu as éteint ? Demandai-je en posant les yeux sur mon petit ami.

- Je n'en sais rien... Tu veux que je rallume ?

- Euh... Non... Murmurai-je avant de détourner à nouveau le regard sur la route. Tu vas sûrement me prendre pour un monstre, mais je me sens mieux maintenant.

- Par rapport à Valentine ?

- Mmh... Je suis satisfaite par le fait qu'il ait souffert en sentant l'air quitter peu à peu ses poumons. Je suis heureuse qu'il ait agonisé comme il m'a fait agonisé.

- Tu n'es pas un monstre. Tu es juste humaine.

Celui que j'aimais me regarda le temps d'une fraction de seconde, ses yeux me rassurant avant que sa main ne vienne s'emparer de la mienne pour la caresser doucement. Mon esprit devait forcément être libéré par ce que je venais d'apprendre, en tout cas, j'y avais cru pendant plusieurs années, néanmoins, je fus forcée d'admettre que la mort de cette homme ne changea strictement rien à mon état d'esprit. Cela n'avait pu me guérir puisque mon petit ami l'avait déjà fait. Jungkook m'avait guéri sans même que je ne m'aperçoive de quoi que ce soit.

- Je t'aime.

- Je t'aime aussi, Gwenegan.

Cette appellation me fit sourire et une chose en entraînant une autre, nous nous retrouvâmes rire aux éclats lorsque nous arrivâmes enfin à ce magnifique lieu pour lequel nous avions fait de nombreuses heures de route. Ce fut ensuite tel un gentleman que Jungkook m'ouvrit la portière, saisissant aussitôt le cabas en paille que j'avais apporté avec moi, avant de me sortir de la voiture.

- Oh putain ! M'écriai-je dès que mes pieds nus entrèrent en contact avec le sable brûlant.

Je m'étais immédiatement mise à sautiller sur place, quand finalement, Jeon me jeta au-dessus de son épaule lorsqu'il vit l'inconfort marquer les traits de mon visage. Sa main droite se posa habilement sur le haut de mes cuisses, maintenant en place ma petite robe d'été, alors qu'avec la tête en bas, je vis le monde à l'envers jusqu'à ce que mon petit ami ne me dépose sur cette toile qu'il venait tout juste d'étendre sur le sable clair.

Jungkook posa automatique l'une de ces roches nacrées sur les coins du tapis de plage, puis il s'assit près de moi, laissant l'air marin effleurer notre peau tandis que nous étions bien à l'abri du soleil sous ces deux petits palmiers. Nous étions entourés de monde, cependant, nous n'avions aucune gêne à nous blottir l'un contre l'autre.

- Ah... Soupira-t-il. Tu es sacrément douée pour ce genre de chose.

Assise sur les fesses de mon petit ami, je massais patiemment son dos après un long moment à essayer de lui convaincre de retirer son t-shirt. Être torse nu le mettait mal à l'aise, et malheureusement, je ne faisais pas exception à la règle puisque même lorsque nous n'étions que tous les deux, dans son studio, il se permettait de se montrer sans un quelconque haut rien que lorsque que l'heure du couché approchait.

Jungkook adorait me caresser, cependant, moi je n'eus le droit de le toucher de la sorte rien qu'à partir du moment où nous nous fîmes l'amour pour la toute première fois, chez lui. Non, il n'était pas juste pudique, il était complexé par l'histoire que racontait son corps et savoir était bien assez pour rendre mon cœur douloureux.

- Arrête de les regarder.

- Elles ne me dérangent pas.

- Mais elles te répugnent.

- Ne pas te caresser. C'était ça qui me répugnaient, pas tes cicatrices, ripostai-je du tac au tac. Tu as été à l'armée, tu as fait la guerre, tu as été blessé tant de fois, mais tu es en vie et je n'en demande pas plus, OK ?

- Tu te lasseras de moi. Je suis horrible et lorsque tu t'en rendras compte, tu partiras.

- Tu as une si faible estime de moi, dis-je en ricanant d'une façon incrédule en continuant à palper son dos robuste. M'aimes-tu réellement ou ne suis-je qu'un trophée pour toi ? Moi je t'aime, toi et tous ses blessures parce qu'elles ont fait de toi celui que tu es aujourd'hui. Bien sûr que ton apparence m'a attiré, mais ce n'est pas ce qui fait que je me vois déjà vieillir à tes côtés. Tu sais... Le temps teste l'amour des gens. À un moment il te retire la beauté, le corps parfait, la peau tonique et les yeux soyeux. À la fin il ne reste que la personne elle-même et c'est ça qui fait que je t'aime. Ta personne me fascine, pas ton corps.

Même s'il n'eut aucune réaction, je sus que ces mots qui venaient tout droit de mon cœur avaient su atteindre le sien. Ce fut ensuite sans y réfléchir à deux fois que je déposai des baisers sur son dos, n'esquivant pas ses fameuses cicatrices, avant d'atteindre à son cou, m'allongeant aussitôt sur lui pour humer l'odeur de cet après-rasage qui ne manquait jamais de me séduire.

- Mon amour ? Pourquoi est-ce que tu pleures ? Murmurai-je en voyant ses larmes couler, les essuyant immédiatement avec mes doigts.

- Je... Je t'aime tellement... Ça me tue parce que j'ai constamment peur de te perdre.

- Tu ne me perdras jamais.

Son visage tourné sur le coté droit, contre le tapis, me permit de voir encore et encore des larmes quitter ses paupières fermées, un souffle tremblant passant ses lèvres lorsque je me mis à laisser une multitude de baisers sur sa joue.

Oui, il était bel et bien l'amour de ma vie et ce moment-là, je n'eus plus le moindre doute sur la question. C'était bien lui et personne d'autre qui me convenait à la perfection.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant