Chapitre 6

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Venant d'une riche famille, je m'étais déjà faite agresser de nombreuses fois, cependant, jamais je ne m'étais retrouvée avec six points de suture. C'était un choc pour moi et pour toute ma famille. Les affaires illicites de mon père et ses problèmes étaient entrées pour la première fois dans notre sphère familiale. Céthia était furieux que moi, sa fille bien-aimée, fut la proie de ses ennemis, et ce fut lorsque je compris cela que je quittai ma chambre au bout de trois jours.

J'avais été attaqué. Moi et personne d'autre parce que j'étais vue comme la plus fragile du clan DeLayne. Tout le monde me voyait encore comme un enfant sans défense, néanmoins, j'aurais mis ma main à couper pour prouver que ma force de caractère dépassait même celle de mon père. J'étais forte, bien plus que Dalila et Kyan, mais j'étais aussi bien trop détachée de l'empire familial pour ne pas être prise pour le maillon faible.

Mon agression avait été médiatisée alors je devais utiliser cela pour rebondir rapidement. Je voulais montrer au monde entière que moi, Seth DeLayne, je n'étais ni la brebis galeuse, ni l'agneau apeuré de ma famille. Je voulais leur montrer à tous que j'étais la plus féroce de toute, la plus DeLayne des DeLayne, et qu'à moi, personne ne s'en prenait sans finir par en payer le prix.

Le son de mes pas sur mes hauts-talons se firent entendre sur le sol en granite du rez-de-chaussée, annonçant à tous ceux qui prenaient leur petit-déjeuner dans le salon que j'arrivais. Je pus sentir leurs regards se poser sur moi dès l'instant où j'entrai dans la grande pièce, et ce jusqu'à ce que je prenne place au bout de cette longue table digne de la royauté à l'époque médiévale.

Mes yeux reflétaient ma détermination et mon père, lui qui se trouvait à l'autre bout de la table, l'avait immédiatement remarqué. Cela le fit même sourire, car il savait que j'allais enfin me ranger de son côté après tout ce temps que j'avais passé à fuir la compagnie familiale.

- Après trois jours à hiberner te voilà enfin, lâcha Dana, ma mère adorée.

Elle voulait commencer nos chamailleries habituelles, cependant, ce jour-là, je n'avais pas une seconde à perdre. Je ne souhaitais me disputer avec elle, alors je ne lui accordai même pas un regard.

- Je veux trente-quatre pour cent de DeLayne Corp.

Mes mots firent accentuer le sourire de mon père avant qu'il ne prenne une gorgée de son café. Il savait que j'avais du cran et il adorait ça chez moi. Néanmoins, alors que lui était amusé, ma mère, ma sœur et mon frère blêmirent soudainement.

- Trente-quatre pour cent ? Répéta mon géniteur en croisant ses doigts sur la table. Pourquoi trente-quatre et pas trente-trois ?

- Parce que tu sais aussi bien que moi que tes deux enfants aînés n'ont pas les griffes aussi aiguisées que toi et moi, Céthia.

Appeler mon père par son prénom était ma façon à moi de le provoquer et là encore, il fut impressionner par mon audace. Je voulais qu'il voye qui j'étais réellement, qui voye son reflet en moi, et plus j'y arrivais, plus Dalila et Kyan craignaient que notre père accède à ma demande.

- Ne dis pas n'importe quoi, Se-...

Mon père, d'un simple signe de la main, fit taire mon frère. Kyan s'était toujours vu comme un fils idéal, comme celui qui reprendrait d'office la tête de l'entreprise, cependant, plus que de notre sœur aînée, il avait peur de ce dont j'étais capable.

- Ils sont à mes côtés depuis des années, Seth. Pourquoi n'auraient-ils chacun que trente-trois pour cent de la compagnie alors que tu en aurais un pour cent de plus ? Pourquoi veux-tu aussi soudainement être actionnaire majoritaire ?

- Voyons, papa ! M'exclamai-je presque avec ironie. Comptes-tu ne gagner que de simples batailles toute ta vie avec eux ou gagner des guerres avec moi ?

J'arquai momentanément un sourcil d'une façon bien hautaine en fixant mon père droit dans les yeux, et puis je me levai de table. Je quittai fièrement de salon en jetant un regard à ceux qui n'avaient été que spectateurs d'impact que je venais d'avoir du mon géniteur, quand soudain, une chose insignifiante me poussa à me retourner.

- Où était Henry lorsque j'ai été agressée ? Demandai-je sèchement.

- C'est moi qui l'avait appelé.

Mon regard croisa aussitôt celui de ma sœur. Elle était sournoise elle aussi, bien plus que je ne l'étais et je sus sans même qu'elle ne parle qu'elle avait fait exprès de contacter mon chauffeur. Dalila n'avait sûrement pas penser à la possibilité que l'on puisse s'attaquer à moi, cependant, elle avait voulu que je me retrouve seule au beau milieu de la ville. Elle était comme ça, elle voulait toujours me montrer qu'elle était plus importante que moi parce qu'elle était l'aînée.

- Je travaille moi. Toi tu ne faisais que du shopping, n'est-ce pas ? Tu aurais très bien pu prendre un taxi pour le retour, ajouta-t-elle avec prétention.

- Et de tous les chauffeurs que nous avons tu as dû appeler celui qui était avec moi ? Lançai-je plus durement. Je suppose que tu l'as menacé de le virer pour qu'il vienne te conduire à mes dépens. Tu n'es qu'une garce.

Je poussai soupir tant ma sœur me dégoûtait, et puis je tournai les talons en espérant qu'elle me rattrape. C'était une fois de plus une façon comme une autre de montrer à Céthia DeLayne que j'étais prête à tout et que j'étais digne de ma demande.

Je ne connaissais que trop bien Dalila, et j'eus tout juste de temps de quitter le salon pour regagner le haul du manoir qu'elle me prit le poignet. Elle me retourna brusquement avant de m'asséner une gifle, ma joue brûlant instantanément alors que je me mis à rire intérieurement.

- N'ose plus jamais me manquer de respect, parce que je peux te jurer que la prochaine fois je ne ferai pas que te gifler.

Son index était pointé sur moi. Elle me menaçait. Elle se croyait forte, et puis lorsque je vis la silhouette de mon père s'approcher de nous, je n'hésitai pas une seule seconde pour la gifler à mon tour. Je n'y étais pas allée avec le dos de la cuillère, alors ma sœur posa aussitôt ses mains sur sa joue afin d'apaiser la douleur.

Je n'avais rien contre Dalila, cependant, je voulais que notre père me voye comme étant la seule à pouvoir prétendre à la tête de DeLayne Corporation. Je fus alors satisfaite lorsque je vis mon père regarder la scène avec les bras croisés, la faible posture de ma sœur face à moi. Il devait être satisfait en me voyant de la sorte, lui qui disait que tout était permis entre frères et sœurs.

Je regardai une derrière fois mon aînée, et puis je me retournai fière de moi, quand tout à coup, je le vis à quelques mètres de moi. Oui, lui, celui qui éveillait en moi des désirs et de la haine comme jamais personne ne l'avait fait avant lui.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant