Chapitre 63

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La tendresse n'avait jamais été mon fort, néanmoins, c'était là la seule chose dont je fus capable en tenant mon fils contre moi, lui qui se nourrissait bien maladroitement à mon sein. À force de le contempler dans sa petite grenouillère jaune et blanche, sa ressemblance avec son père me frappa. Jungkook et Adonis se ressemblait presque trait pour trait. Le même nez, les mêmes lèvres et les mêmes yeux, à croire que j'étais une photocopieuse ambulante, cependant, cela ne me dérangea pas, après tout il avait le visage de mon paradis à moi.

- Il est affamé, constata mon époux en s'asseyant près de moi avec notre fille protégée par ses bras. Il me ressemble un peu, non ?

- Tu crois ? Ironisai-je en souriant légèrement.

Jungkook prit mon menton entre ses doigts, levant délicatement mon visage afin que je pose mon regard sur le sien, avant il ne dépose un baiser sur ma joue puis mon front et mes lèvres. J'étais épanouie et malgré le fait que mon corps me faisait encore atrocement mal, je pus d'écrire ce moment comme du bonheur à l'état pur, du bonheur comme je n'en avais jamais ressenti.

- Je t'aime, susurra mon époux en glissant habilement l'un de mes mèches noirs à l'arrière de mon oreille. Je t'aime plus que tout au monde.

- Plus que tu n'aimes les enfants ? M'enquis-je sur le son de l'étonnement.

- Oui, avoua-t-il en baissant presque honteusement la tête. Je... Je sais que tu les aimes plus que tu ne m'aimes maintenant, mais pour moi, tu... Tu es toujours la plus importante. Ai-je le droit d'aimer plus que tout la femme qui m'a tout donné ?

Je hochai doucement la tête avec un faible sourire. Évidemment que j'aurais préféré que nos enfants passent avant moi dans son cœur, néanmoins, j'étais bien consciente que je n'avais pas le droit de modeler ses sentiments selon mes désirs, alors je préférai relativiser en me disant qu'il ferait tout pour que je me sente aimée et désirée jusqu'à la fin de nos jours. Ô oui, je pouvais me vanter ouvertement d'avoir à mes côtés un homme qui n'avait d'yeux rien que pour moi.

- Est-ce que cela fait de moi un mauvais père ? Interrogea-t-il en se levant pour déposer prudemment Elijah dans son berceau.

- Pas du tout. M'aimer davantage ne veut pas dire que tu ne les aimes pas à en mourir. Je sais que tu es d'ores et déjà un père formidable.

Jungkook s'approcha de moi avec nonchalance, puis il ouvrit ses bras dans ma direction pour me faire signe de lui donner notre fils qui avait trouvé le sommeil et ce fut ce que je fis. Adonis retrouva bien rapidement le confort de son berceau, puis Jeon poussa un soupir de soulagement en regardant nos deux petits bébés dormir paisiblement, avant de venir s'allonger à mes côtés dans l'optique de me câliner comme il le faisait quotidiennement.

- Quand tu es allé me chercher des sucreries, l'infirmière est venue me dire que Cora était là, chuchotai-je en dessinant de petites formes avec mon doigt contre le torse de mon époux. Je lui ai dit que je ne voulais pas la voir...

- Tu t'en veux ? Questionna Jungkook avant que je ne hoche la tête. Alors il faut que tu aies une discussion avec elle. Je sais que son comportement t'a déçu mais tu ne peux pas la perdre à nouveau. Tout va s'arranger... Il faut juste communiquer, OK ?

- Je t'aime, Jeon.

- Je t'aime aussi, Jeon.

Naturellement, j'enfonçai ma tête dans le creux du cou de mon époux, embrassant à plusieurs reprises sa peau pour le faire rire silencieusement. Nos enfants étaient bien calmement posés dans les bras de Morphée en cette heure bien avancée de la nuit, alors forcément, nous aurions dû en profiter pour nous reposer nous aussi, néanmoins, nous ne pûmes nous résoudre à le faire.

Jungkook et moi n'étions pas vraiment prêt à laisser du regard Adonis et Elijah. Ils étaient encore si petits que mon mari et moi ne pûmes ne serait-ce que penser à les laisser sans surveillance, alors nous préférâmes rester blottis l'un contre l'autre, lui massant mon cuir chevelu, tandis que j'en faisais de même avec sa nuque.

Nous nous étions dis qu'il valait mieux prévenir que guérir et dans un sens, nous eûmes raison puisque ni Jungkook ni moi n'aurions pu nous tirer de notre sommeil à chaque fois que l'un des jumeaux se réveillait. Les jeunes parents que nous étions ne semblaient pas vraiment irrités à l'idée de ne pas dormir de la nuit, et pour cause, nous adorions bercer notre fille et notre fils lorsqu'ils quittaient le pays des rêves.

D'ailleurs, mon cher mari et moi-même ne dormîmes pas des trois jours qui suivirent mon accouchement, le cadre de l'hôpital ne nous inspirant pas vraiment confiance. Jungkook et moi étions complètement épuisés par ce nouveau rythme de vie qui sortait du possible, néanmoins, lorsque les enfants et moi fûmes autorisés à rentrer chez nous, nous nous permîmes de relâcher un peu la pression.

- Crois-tu vraiment que c'est une bonne idée ?

Mes yeux fixaient le berceau jumeaux que mon époux avait monté la semaine d'avant, le trouvant étrangement beaucoup trop loin de moi bien qu'il ne se trouvait qu'à deux mètres face au lit sur lequel je dormais habituellement. J'entendis mon ancien garde du corps pousser un soupir derrière moi, avant de se redresser, posant l'une de ses mains sur ma taille et son menton contre mon épaule.

- Ils sont tout près de nous, répondit-il avant de déposer un baiser sur ma mâchoire. S'ils se réveillent, nous les entendrons sans problème. Arrête de t'inquiéter pour rien.

- OK... Soufflai-je en laissant ma tête tomber lourdement contre mon oreiller. Tu as peut-être raison... Je suis chiante. Désolée.

- Tu n'es pas chiante mon amour. Tu es juste... Toi...

- Est-ce un reproche ? Demandai-je en levant presque timidement les yeux vers le noiraud.

- Est-ce que madame Jeon s'attarde sur les reproches ? S'enquit-il avant que je ne secoue fièrement la tête de gauche à droite. Très bien parce que ce n'en était pas un. Maintenant, repose-toi un peu, OK ?

Jeon me regarda de haut avec ses grands yeux qui me laissaient voir l'univers entier, et puis, à contrecœur, je fis un signe positif de la tête, l'enlaçant comme toujours pour retrouver un certain sentiment d'apaisement. Mon mari, affectueux, me serra fortement contre lui pour laisser de temps à autre de chastes baisers sur le haut de ma tête, et alors que le monde autour de nous était bien calme, ce fut sans même m'en rendre compte que je trouvai le sommeil après plusieurs jours.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant