Les pleurs que j'entendais depuis plusieurs jours commençaient sérieusement à m'irriter. Tous pleuraient le décès de mon fils tandis que moi, au fil du temps, je ressentais une sorte d'apaisement. Certains pensaient sûrement que j'étais en état de choc et oui, je l'avais bel et bien été, cependant, au bout que ses trois jours, j'avais eu assez de temps pour me remettre les idées en place et réfléchir.
- J'ai déposé Eli chez Stephen. On... On peut y aller ? Interrogea mon mari en se tenant près de la porte de notre chambre.
Lui aussi vivait un enfer. Il était de ceux qui contenaient leurs larmes jusqu'à se retrouver seul, dans une salle de bain, face à un miroir, cherchant sur leur propre visage un indice qui pourrait les aider à trouver ce moment exact où leur bonheur s'était transformé en cauchemar. Jungkook voulait rester fort pour moi, néanmoins, ce jour-là, il ne pouvait se permettre d'être seul à faire face au malheur.
Un collègue de mon époux l'avait appelé tôt dans la matinée pour nous informer que le corps d'un enfant avait été près d'un énorme rocher, celui-ci l'ayant empêché d'être emporté par le courant vers les chutes. Un parent devait aller reconnaître le corps, cependant, Jungkook ne put se résoudre à y aller seul, ne me demandant même pas si je souhaitais m'y rendre tant il ne pouvait se permettre d'avoir une réponse négative de ma part.
Mon époux en avait vu des cadavres, pourtant, voir celui d'Adonis aurait pu le pousser vers la démence. Quel père aurait pu rester bien sur ses deux pieds en voyant que son enfant n'était plus de ce monde ? Jungkook était un homme fort, un rocher sur lequel je me reposais et qui m'épargnait toute tristesse depuis de nombreuses années, cependant, il savait pertinemment qu'il aurait jamais pu reconnaître ce corps sans tenir ma main dans la sien. Pour une fois, il ne pouvait m'épargner et bien qu'il se trouvait égoïste, je ne trouvai pas ça ignoble, après tout, il était lui aussi humain.
- Ce n'est pas mon fils... Murmurai-je en levant les yeux vers celui que j'aimais.
- Seth... Tu... Tu l'as vu tombé du pont aussi bien que moi.
- Justement, Jeon ! Je n'ai pas vu Adonis tomber ! À aucun moment je n'ai vu son visage ou entendu sa voix !
Son regard me dit aussitôt qu'il me prenait pour une folle qui croyait en l'impossible, cependant, j'étais si sûre de moi que je n'y fis pas attention. Il avait confiance en moi pourtant à ce moment-là, il préféra mettre mes paroles sur le compte du désespoir.
- Tu sais quoi ? Lâchai-je en me levant de mon lit. Allons-y et tu verras par toi-même que ce n'est pas mon fils.
Mon instinct maternel ne pouvait pas se tromper. Pas vrai ? Au fond de moi je sentais qu'Adonis était en vie, en tout cas, c'était que ce que je voulais croire, alors ce fut plus ou moins sereine qur je fis avec mon mari ce court trajet en voiture. En un rien de temps, nous arrivâmes à l'hôpital, une infirmière nous conduisant immédiatement à la morgue avec un regard attristé.
Tout le monde me regardait avec pitié et je détestais ça, tant et si bien que longer ce couloir fut un supplice pour moi, néanmoins, cela prit fin lorsque la femme qui accompagnait mon époux et moi poussa cette épaisse porte en aluminium, nous faisant signe d'entrer dans cette pièce glaciale. Ce n'était pas la première fois que je mettais les pieds dans une morgue, pourtant, j'eus l'impression que c'était tout nouveau pour moi, regardant brièvement autour de moi avant que mes yeux ne se posent sur celui qui n'était autre que le légiste et le supérieur de Jungkook qui avait suivi l'affaire de la disparition de mon fils depuis le début.
- Jeon... Dit le colonel en serrant la main de mon mari. Madame Jeon...
Formellement, je lui serrai aussi la main puis Jungkook et moi en fîmes de même avec le légiste. Les trois hommes qui se trouvaient dans la pièce avaient le regard rempli de désolation, pourtant, cela ne m'empêcha pas de rester sur mes positions. Aussi triste que cela pouvait être pour cet enfant et sa famille, j'étais sûre et certaine que ce n'était mon Adonis.
- Je tiens à vous dire je suis profondément-...
- Arrêtez de parler et ouvrez ce putain de frigo, lâchai-je avec nonchalance en arquant un sourcil.
Le légiste fut pris de court par mon impatience mais il ne me contredit pas, ouvrant la petite porte de l'une des chambres froides individuelles avant de tirer la plate-forme sur laquelle était allongée cette petite masse recouverte d'un drap. À cette vue, les battements de mon cœur commença à s'accélérer, néanmoins, ce fut avec sang-froid que j'abaissai légèrement le tissu blanc.
Les mains de Jungkook se refermèrent brusquement sur ma taille, son front se posant aussitôt contre l'arrière de ma tête avant que ses sanglots ne commencent à se faire entendre. Ce qu'il avait vu le fit tant souffrir qu'il en pleura, tandis que moi, encore une fois, je restai figée. Mon époux et moi vîmes tous deux la même chose et pourquoi nous ne réagîmes pas de la même manière.
Ma peine était réelle, cependant, je ne pus verser ne serait-ce qu'une seule larme. J'étais humaine et évidemment que mon cœur souffrait, mais je n'avais plus le temps de faire preuve de faiblesse. Je ne pouvais plus me permettre de apitoyer, car à partir de ce moment-là, pour Adonis, je me devais de redevenir impitoyable.
- Ça... Ça fait tellement mal... Susurra Jungkook avant que je ne me retourne vers lui pour le serrer contre moi. Je... Je suis horrible, n'est-ce pas ?
Le noiraud fut à cet instant-là d'une fragilité absolue, enfonçant sa tête dans le creux de mon cou et resserrant ses bras forts autour de moi pour pleurer au gré de son cœur. Mon mari était vulnérable et il ne prit même pas la peine de dissimuler cela, néanmoins, au bout de quelques longues minutes, je pris son visage entre mes mains, caressant délicatement sa peau rougie avant d'embrasser ses lèvres de la plus chaste des manières.
- Ce que tu ressens ne fait pas de toi quelqu'un d'horrible, OK ? Lançai-je en essuyant doucement les gouttes cristallines qui dévalaient de visage de mon mari. Tu n'es qu'un homme, pas une machine sans émotions.
- Je vous présente toutes mes condoléances, dit le supérieur de Jungkook en s'approchant de nous.
Inconsciemment, ma mâchoire se serra et puis je me tournai vers l'homme à la barbe quelque peu grisonnante. Mon sang bouillait et je ne pus rien faire pour aller contre ça, mon impulsivité rasant tout le peu de self-control que j'avais développé au cours de ses dernières années.
- Fermez-la et apprenez à faire correctement votre travail, lâchai-je sèchement. Ce petit garçon n'est pas le mien et vous l'avez tué.
- Madame Jeon-...
- Je vous avais interdit de mettre mon téléphone sur écoute mais vous l'avez fait. Vous avez suivi les ordres de mon père et maintenant, par votre faute, un innocent a perdu la vie.
- Seth, s'il te plaît, chuchota Jungkook en me tirant légèrement en arrière. C'est mon-...
- Je m'en balance, Jeon ! C'est ton supérieur ? Eh bien laisse-moi te dire que c'est un incompétent ! Un gamin est mort par sa faute et en attendant le mien est toujours porté disparu ! Criai-je tandis que le colonel ne put faire autrement que baisser les yeux. Maintenant écoutez-moi et prenez ce que je m'apprête à vous dire pour une menace parce que c'en est une. Si jamais ces hommes font du mal à mon fils à cause de ce que vous avez fait, je vous promets que je vous détruirai. Vous pouvez être de la police ou même être le président lui-même, je n'en ai strictement rien à foutre, je vous réduirai en cendres.
J'avais vraiment cru que ma vie aurait été paisible après mon mariage, néanmoins, je fus forcée de constater que cela était tout bonnement impossible. J'avais vraiment voulu vivre une vie saine, cependant, la encore je fus forcée de constater que cela était aussi impossible. À croire que le destin voulait que mes mains se recouvrent à nouveau de sang.
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𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]
Fanfiction"𝐀𝐢𝐦𝐞𝐬-𝐭𝐮 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐮𝐯𝐚𝐢𝐬 𝐠𝐚𝐫𝐜̧𝐨𝐧𝐬 ? 𝐓𝐫𝐞̀𝐬 𝐛𝐢𝐞𝐧, 𝐣𝐞 𝐯𝐚𝐢𝐬 𝐭𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞𝐫 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐟𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐮𝐯𝐚𝐢𝐬 𝐠𝐚𝐫𝐜̧𝐨𝐧𝐬."