𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]

Chapitre 46

Tous les membres de ma famille étaient assis autour de la grande table, dans la salle à manger. Le petit déjeuner était en train d'être servi lorsque Jungkook et moi prîmes place parmi la petite assemblée, l'un à côté de l'autre. Intimidé, le noiraud ne lâcha pas ma main, la joignant à la sienne même sur la table avant qu'il ne la lâche lorsque son regard rencontra celui de mon père.

- Bien Jeon... Bien... Marmonna-t-il en fronçant légèrement les sourcils. Vous êtes tous deux des adultes, alors faites ce que bon vous semble, mais pas en ma présence. Pour moi vous êtes encore des enfants.

Kyan rit faiblement avant de faire mine de s'éclaircir la gorge, puis nos regards se croisèrent, notre contact visuel nous poussant immédiatement à éclater de rire. Céthia DeLayne était un très bon comédien, cependant, il n'était pas du tout crédible dans le rôle du père aux mœurs archaïques. Il était bien trop avant-gardiste pour y prétendre. Après tout, il était bien du genre à ramener l'enfant qu'il a eu suite à une infidélité dans la demeure qu'il partageait avec sa femme et ses enfants légitimes.

- Un col roulé ? Murmura Dalila en se penchant un peu vers moi. Es-tu logique, Seth DeLayne ? Tu es du genre à mettre des pulls en été et des décolletés plongeants en hiver maintenant ?

- J'innove !

Ma sœur me regarda fixement quelques courtes secondes et puis nous nous mîmes à rigoler naturellement. Notre complicité m'avait manqué, néanmoins, je n'eus pas vraiment le temps d'y penser davantage puisque mon père reprit soudainement la parole.

- Commençons, voulez-vous ?

Instinctivement, nous hochâmes tous la tête en regardant avec attention le chef de famille.

- Bien... Souffla-t-il avant de serrer ses poings. Kyan. Dalila. Il y a quelques jours, Seth, ici présente, m'a fait part d'une... D'une monstruosité qui a eu lieu sous ce toit. Ma petite fille... Seth... A été... Victime d'un...

Céthia ne semblait pas trouver quoi dire, me fixant en essayant de mettre des mots sur ce qui m'était arrivé.

- Il y a sept ans, j'ai été violé par Samuel Valentine.

Ma voix et mes paroles me firent accaparer l'attention de mon frère et de ma sœur tandis que mon père et Jungkook, au courant de cette affligeante réalité, baissèrent la tête.

- Seth... Murmura Dalila alors que les larmes lui vinrent aux yeux. Tu... Tu...

- Votre mère m'a demandé de me taire parce que Valentine était son amant, dis-je directement avant de prendre une gorgée de mon jus de fruit. Et je l'ai fait parce que j'ai espéré qu'elle m'aime comme une mère le devrait en échange de mon silence.

- Seth... Pourquoi ? Je veux dire... Pourquoi maman aurait-elle fait ça ? Interrogea Kyan, dépaysé. Elle est ta-...

- Elle n'est pas ma mère ! M'exclamai-je à la fois sèchement et tendrement. Ma mère s'appelle Cora DiFenti. Elle a été la maîtresse de Céthia, ici présent, n'est-ce pas, papa ? Dis leur que tu as ramené dans ta maison le fruit de ton infidélité en espérant que ta femme vive avec sans se plaindre. Allez ! Vas-y !

Le visage de mon père se décomposa tandis que je le défiais ouvertement du regard. Croyait-il vraiment que j'allais l'épargner ? J'avais passé du temps à réfléchir sur le sujet et dans un sens, s'il y avait bien un coupable à désigner, c'était bel et bien Céthia. Dana n'avait jamais eu aucune raison de m'aimer. En fait, je pouvais même comprendre sa haine envers moi. Après tout, j'étais un souvenir permanent de la faute de mon père.

- Cela dit... Merci d'avoir tué Valentine ! Repris-je avec le sourire.

- Ce n'était pas moi.

La déclaration de mon géniteur me glaça le sang, me poussant à déglutir difficilement, cependant, jamais je ne m'étais imaginée que ce qu'il allait dire m'effraierait davantage.

- Une chose est sûre, lâcha mon père avant d'appuyer ses avant-bras contre la table. La personne qui a fait ça a aussi tué ton ami, Robin, parce que le poignard était le même. Seth DeLayne, tu as officiellement un fanatique à tes pieds.

Mon père ricana malgré le fait que je savais parfaitement qu'il était anxieux, puis il poursuivit son discours.

- Jeon, fais attention à toi. Tu pourrais être le prochain sur la liste de ce fou furieux. J'ai l'impression que tout ceux qui touchent à ma fille y passent.

Le visage de mon petit ami changea brusquement d'expression, prenant une que je ne saurais décrire et puis je me mis à me poser une multitude de questions.

- Comment ça ? Interrogeai-je en tournant la tête vers mon père. Pourquoi est-ce que tu dis ça ?

- N'as-tu pas été intime avec Robin et Stephen ?

- Ça n'a rien à voir ! M'exclamai-je, totalement frustrée. Deux éléments concordant ne sont qu'une coincidence.

- J'ai parlé à la police, dit-il avant de glisser ses phalanges dans ses cheveux cendrés. Il y a eu exactement trente-deux morts au cours de ces deux dernières années qui ont été en contact avec toi, ils fréquentaient les mêmes boîtes de nuit que toi et tes amis. Tous des hommes aux cheveux et aux yeux foncés, à la peau pâle.

- Ça ne veut rien dire.

- Ne couchais-tu pas avec des hommes qui avaient les mêmes caractéristiques physiques que Valentine ? C'était bien comme ça que tu te vengeais de ce qui t'était arrivé, n'est-ce pas ? S'enquit Céthia avec un fin sourire, celui d'un homme qui avait raison. Jeon n'est-il pas lui-même l'un d'eux ?

Mon père avait tout compris, cependant, même si cet affreux mode de vie appartenait à mon passé, cela me mit en colère. Comment pouvait-il comparer Jungkook à tous ces autres hommes ? Je ne pouvais accepter que mon géniteur voye encore Jungkook comme s'il n'était qu'un amour éphémère alors qu'à mes yeux il représentait tout ce que je pouvais désirer en cette univers.

- Non ! M'écriai-je en me levant subitement tant j'étais à fleur de peau. Il n'était pas l'un d'eux et il ne le sera jamais, tu m'entends ? Lui je t'aime plus que tout au monde.

- Sais-tu ce que c'est qu'aimer au juste?

- Bien sûr ! Je sais même qu'aimer implique la fidélité et moi, je suis fidèle à lui. Dommage pour toi que celle que tu aimes n'ait été que ta maîtresse, Céthia, rétorquai-je aussitôt avant de prendre la main de mon petit ami. Allons-y mon ange.

Oui, pour lui, pour mon adorable amour, j'étais prête à me mettre mon père à dos et renoncer à ce que j'avais espéré avoir en entrant dans ses bonnes grâces. J'étais prête à renoncer à DeLayne Corporation rien que pour me battre pour celui que j'aimais.