Chapitre 75

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Ma tête était d'une lourdeur absolue lorsque je repris connaissance, ma main se posant aussitôt sur la petite bosse douloureuse qui se trouvait sur le haut de mon front. Quelques grognements d'inconfort passèrent mes lèvres tandis que mes yeux papillonnaient dans le but de s'habituer à la luminosité de la pièce, quand soudain, l'état de mon fils me revint à l'esprit. Les 'bips' aigus de l'électrocardiogramme firent montrer en moi une très grande inquiétude, néanmoins, cela ne m'empêcha pas d'arracher de mon bras la perfusion que l'on m'avait posé et cette espèce de pince qui était reliée à mon index.

- Mais qu'est-ce que tu fais ?

Cette voix bienveillante que je reconnus appartenir à mon mari me fit lever la tête, un certain sentiment de sécurité m'envahissant lorsque je vis ces grands yeux étincelants que j'aimais tant, quand tout à coup, je me souvins de notre dispute. Ce fut même comme si je vécus à nouveau ce moment effroyable lorsque Jungkook arriva près de moi, me faisant sursauter dès qu'il posa sa main sur mon épaule.

- Qu'est-ce qu'il te prend ? S'enquit-il avant de caresser mes cheveux. Je ne te ferai jamais aucun mal.

- Bouge de là. Je ne veux pas te voir, serpent.

Croyait-il vraiment que j'allais oublier aussi facilement l'humiliation qu'il m'avait infligé ? J'étais rancunière comme personne et ce fut pour cela que je me levai de cet horrible lit d'hôpital, posant ma main sur le visage de mon époux pour le pousser légèrement et me permettre de passer. Je voulais aller voir mon fils, mais mes jambes ne purent pas me porter bien longtemps, Jungkook me rattrapant juste avant que je ne tombe.

- Repose-toi, conseilla-t-il en me poussant doucement sur le lit. Ta tension a subitement baissé. Tu es épuisée.

- Tu es celui qui m'épuise. Tu m'as hurlé dessus. Tu m'as insulté. Ah non ! En fait, je suis épuisée parce que j'ai écarté les cuisses pour toute la population ! Bah oui, parce que je suis une pute, n'est-ce pas ? C'est bien ce que font les putes, non ?

Têtue comme à mon habitude, je m'apprêtais à me remettre debout, quand sans que je ne m'y attende, celui que j'aimais me ramena subitement contre lui. Comme s'il me m'avait pas rabaissé quelques heures plus tôt, Jungkook me serra contre lui, humant longuement mon parfum tout en caressant délicatement mon dos et mes cheveux.

- Quel bel hypocrite tu fais.

- Je ne le suis pas, rétorqua-t-il avant de ricaner sans pour autant me libérer de son étreinte. Je suis juste heureux. Doni va bien mieux, il est en train de dormir dans la chambre d'à côté et toi... Toi, tu es enceinte, mon cœur.

- ENCEINTE ? M'écriai-je en le repoussant brusquement afin de le regarder dans les yeux. Enceinte ?

- Oui ! Enceinte, mon amour ! Ça fait déjà deux mois déjà. Tu n'as pas eu de retards ?

- Je n'y ai pas vraiment fait attention, avouai-je en baissant la tête, pensive. Je croyais que c'était à cause de ma nouvelle pilule...

Jungkook posa ses mains sur mon visage, puis il caressa tendrement mes joues en me regardant avec des yeux remplis d'amour et un beau sourire. Il semblait être à nouveau l'homme que j'avais épousé, néanmoins, l'image de celui qui m'avait insulté me revint aussitôt en tête. Il voulait un autre enfant et maintenant que je le portais, il prétendait que tout allait entre nous alors qu'il n'avait pas hésité à me bafouer, moi, sa propre femme. Il m'avait dénigré sans même me laisser l'opportunité de me défendre, alors non, je ne comptais pas me laisser attendrir par la merveilleuse nouvelle de ma grossesse.

- Ne t'en fais pas, Jeon. J'accepte que tu fasses un test de paternité. Je veux dire... Une femme immorale telle que moi ne saurait pas dire qui est le père de son enfant. Après tout, comment le saurais-je ? Je couche bien à droite et à gauche, pas vrai ?

- Seth... Souffla-t-il en massant ses tempes tant je l'exaspérais. Je sais que c'est mon enfant.

- Et bizarrement, ça te rend encore plus pathétique que tu ne l'es déjà.

Jungkook, honteux, baissa la tête et pourtant, à aucun moment il ne s'excusa. J'étais bien la mère de ses enfants, sa femme, son amour, et pourtant, malgré tout ce que je représentais pour lui, il n'était pas prêt à admettre ses torts, car oui, il avait bel et bien eu tort en traînant ma réputation dans la boue. Mon mari m'aimait et je n'avais aucun doute là dessus, néanmoins, ce ne fut qu'à ce moment-là que je compris qu'il était encore bloquée dans le passé. J'avais fait tant d'efforts pour être digne de son amour, cependant, il n'avait jamais cessé de me voir comme cette fille qui avait joué avec tant d'hommes.

Ni mon époux, ni moi n'étions prêts à entamer cette discussion que nous n'avions fait qu'éviter au cours de ces dernières années, cependant, nous sûmes sans bien trop de problème que l'avenir de notre couple et de la famille que nous avions bâtie ensemble en dépendaient. Mes sentiments à l'égard de mon mari avaient toujours été sincères et il le savait aussi bien que moi, alors ce fut pour cela qu'il me laissa du temps, étant parfaitement conscient que je ne serais pas apte à la discussion tant que je ne serais pas rentrée chez moi avec mes deux enfants sains et saufs.

- Tu peux m'emmener voir mon fils ?

Jungkook hocha la tête, puis il me fit à nouveau m'asseoir sur le lit, m'aidant gentiment à remettre mes chaussures, avant de me faire sortir de la chambre dans laquelle je me trouvais en me tenant bien par la taille. Mes jambes auraient pu flancher à tout moment alors je ne repoussai pas mon époux, son aide étant la bien venue pour que je puisse me déplacer sans risquer de me faire encore mal.

Arrivée dans la chambre qui se trouvait près de la mienne, mon cœur s'emballa en voyant la petite silhouette de mon fils allongée sur ce grand lit. Adonis était relié à quelques machines, comme je l'étais moi-même quelques minutes plus tôt, et cela me fit de la peine. Jamais je n'avais cru voir un jour l'un de mes enfants dans un tel état, néanmoins, je ne me figeai pas, m'asseyant directement près du petit noiraud pour caresser délicatement ses cheveux bien plus long qu'à l'accoutumé.

- L'opération s'est bien passée, dit Jungkook en posant sa main sur mon épaule. Les médecins ont dit que tu as bien fait d'appeler les urgences dès que tu as su où il se trouvait... Sinon il aurait été... Ses côtes appuyaient beaucoup trop fort sur ses poumons...

Mon cœur, déjà très lourd dans ma poitrine, se serra davantage suite aux mots de mon mari. Rien qu'imaginer que mon fils aurait pu perdre la vie me faisait monter les larmes aux yeux et rendait tout mon être meurtri. Si je n'avais pas fait ce que j'ai fait pour retrouvé Adonis, il n'aurait plus été de ce monde et bien que savoir que les mains de Wayat m'avait effleuré, je ne le regrettais pas puisque je savais que cela avait été un mal pour un bien.

Le parfum de jeune Carter avait sans doute poussé Jungkook à me dire des choses abominables, néanmoins, je ne me sentais pas coupable puisque je n'avais fait que sauver mon enfant. Au fond, je savais que mon mari aurait compris mes choix, et puis ce n'était pas comme si j'avais couché avec le bourreau de mon fils, je n'avais fait que le séduire. Je savais que la vérité n'aurait pas déplu à Jungkook autant que l'idée qu'il s'était faite de moi, cependant, je ne souhaitais pas la lui avouer de sitôt.

Je ne pouvais pas me permettre de dire à mon époux que je retenais ces hommes ignobles en captivité, comme des animaux, puisque je savais qu'il n'aurait pas hésité à les tuer sur le coup, d'une simple balle dans la tête. Jungkook n'était pas du genre à jouer, alors jamais il ne m'aurait laissé faire à ces gens ce que je voulais leur faire, car moi, Seth, je ne voulais pas les tuer, je voulais les souffrir faire autant que j'avais souffert en retrouvant mon fils dans cet état qui dépassait largement l'exercice de la barbarie.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant