Chapitre 62

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L'imprévu fut, et lorsque le clocher sonna la quatorzième heure du second jour de janvier, je fus enfin mariée à l'homme de ma vie. Oui, nous l'avions fait en secret, ayant Stephen pour unique témoin et seul invité puisque aucun membre de ma propre famille n'avait semblé avoir le cran d'aller contre la volonté de mon père.

D'ailleurs, les agissements de Céthia m'avaient tant rebuté que je n'eus aucun remord à prendre le nom de mon époux, rayant tous liens non sanguin avec les DeLayne. De toute façon, nous n'appartenions déjà plus au même monde eux et moi, alors ce fut sans vraiment y faire attention que nous coupâmes les ponts jusqu'à ce soir pluvieux d'avril, où après de fortes contractions répétitives, Jungkook me conduit à l'hôpital.

Ma respiration était haletante, la douleur me faisant même verser quelques larmes tandis que mon mari me porta afin d'entrer dans l'endroit où j'avais découvert ma grossesse six mois plus tôt. À vrai dire, à partir de ce moment-là, la notion du temps m'avait échappé et je n'eus pas vraiment le temps de réfléchir à l'accouchement qui n'était alors plus qu'une question d'heure.

- Oh putain ! J'ai mal, Jungkook !

- Ça va aller mon amour, dit-il en essayant tant bien que mal de ne pas céder à la panique. T'es forte mon bébé.

- J'ai mal ! M'écriai-je sans pouvoir contenir mes pleurs. Ça fait beaucoup trop mal. Ramène-moi à la maison ! Je ne veux plus qu'ils sortent ! S'il te plaît, Jungkook, ramène-moi chez nous. Je t'en prie !

Ce fut pendant plusieurs heures les seules phrases que je pus prononcer tant je souffrais le martyr, la pire douleur que je pus expérimenter au cours de ma vie. J'avais l'impression que tout mon être était transpercé par de nombreuses lames de fer chaud, cependant, ma fierté et tout ce qui faisait de moi ce que j'étais m'empêchaient strictement de pousser des hurlements d'agonie, me contentant de pleurer silencieusement en faisant des remontrances à Jungkook.

J'entendais cette même voix féminine me demander de pousser encore et encore, néanmoins, je manquais éperdument de concentration, regardant avec les larmes aux yeux mon époux qui ne m'avait laissé à aucun moment. Jungkook me tint la main des heures durant, embrassant mon front à de nombreuses reprises tout en susurrant quelques encouragements à mon oreille.

J'avais l'impression que mon corps se déchirait un peu plus à chaque seconde, de légers cris de douleur passant mes lèvres tant je vivais un calvaire, quand tout à coup, après une durée éternelle, je poussai un tout premier soupir de libération avant d'entendre les pleurs de notre fils aîné. Mon mari et moi vîmes notre tout petit bébé être pris en charge par une sage-femme, avant que celle qui se chargeait de mon accouchement ne capte à nouveau mon attention, me disant une fois que mon deuxième enfant n'avait plus que trente minutes pour venir au monde en sécurité.

Un stress bien plus intense me gagna subitement, l'épuisement me donnant même le sentiment que l'on me demandait l'impossible, quand finalement, les cris de mon deuxième enfant parvinrent à mes oreilles. Mon soulagement fut tel que les heures que j'avais passé en enfer n'eurent plus la moindre importance, me permettant ensuite de détourner pour la énième fois mon regard vers mon époux, avant que ma paume ne se pose sur sa joue humide.

- Ne pleure pas mon amour, murmurai-je en souriant faiblement.

- Pardonne-moi... Pardonne-moi... Balbutia Jungkook, en pleurs, tandis qu'il maintenait ma main contre son visage. C'est... C'est à cause de moi tout ça. Pardonne-moi.

- Ne pleure pas mon ange. Tu n'es coupable de rien. Tout va bien...

Je voulais vraiment rassurer Jeon, néanmoins, je me sentais faiblir de plus en plus à chacun de mes battements de cils. J'étais complètement dépourvue de ne serait-ce qu'une once d'énergie, et bien que j'essayais de m'accrocher à ce frisson que je ressentais en ayant la peau de mon époux contre la mienne, je ne pus aller contre mon besoin de fermer les yeux pour laisser tout devenir noir autour de moi.

C'était bien de la souffrance que je ressentais et que je ressentis pendant un laps de temps qui me sembla infini, néanmoins, celle-ci finit par s'atténuer peu à peu, me donnant la force d'enfin revenir à moi. Mes yeux s'ouvrit petit à petit, papillonnant lentement pour me permettre de m'habituer à la luminosité des rayons de soleil qui passait à travers les vitres des fenêtres, avant que je ne pousse une petite plainte.

- Tu es enfin réveillée...

Cette voix harmonieuse me fit sourire et puis j'ouvris complètement mes paupières, voyant aussitôt mon époux s'approcher de moi. Son visage ne reflétait rien d'autre que du bonheur et cela me rassura, m'autorisant à pousser un soupir de soulagement lorsque je pus comprendre que tout c'était bien passé.

- Veux-tu que je t'aide à te redresser ?

Sans y réfléchir à deux fois, je hochai la tête et Jungkook, bienveillant, plaça ses mains sous mes bras afin de me faire m'asseoir sur ce large lit d'hôpital, et malgré le fait que la gêne que je ressentais dans la partie inférieure de mon corps était proéminent, je ne trouvai pas la position désagréable. Rapidement, je pus constater que mon ventre n'était plus aussi volumineux que la veille et ce fut presque du tac au tac que je me mis à parcourir la chambre du regardant, cherchant instinctivement mes enfants.

- Ici mon amour...

La voix basse de mon mari attira mon attention, puis lorsque je le vis pousser les deux petits berceaux transparents vers moi, je ne pus m'empêcher de sourire. Je ne savais pas vraiment pourquoi mais j'appréhendais ce moment où j'allais les rencontrer pour la seconde fois, néanmoins, quand mes yeux se posèrent sur ces deux petits êtres paisiblement endormis puis sur les petits cartons qui leur servaient de carte d'identité, je ne pus m'empêcher de lever le regard vers celui de Jungkook, mes sourcils se fronçant tant j'étais confuse.

- Ils se sont trompés, non ?

- À propos de quoi ? Questionna le noiraud en réprimant ses rires tant bien que mal.

- Qu'est-ce qui est si drôle, Jeon ? Tu te moques de ton propre fils ? Ils écrivent qu'il est de sexe féminin et toi tu ne-...

- Ma fille est bien de sexe féminin, chérie.

Plusieurs secondes me furent nécessaires pour comprendre les mots de Jungkook, et puis je mordillai ma lèvre inférieure en souriant. Comme s'ils étaient des trésors, je contemplai longuement mon fils, puis celle qui n'était autre que cette jolie petite cachotière qui me servait de fille.

- Ils sont nés tôt ce matin, annonça mon époux en regardant par-dessus les deux berceaux. Adonis est arrivé à trois heure zéro trois et elle a trois heure dix-sept.

- Elle ?

- Nous n'avions pas vraiment réfléchi à un prénom de fille... Alors je me suis dis que nous pourrions en discu-...

- Elijah, lâchai-je en souriant telle une enfant. Je veux qu'elle s'appelle comme ça.

- Mais Seth, c'est-...

- Un prénom de garçon ? Oui mon amour... C'est bien un prénom de garçon qu'elle aura... Comme sa maman. Je te l'ai dit, mon cœur, les filles de ma famille ont plus de couilles que n'importe quel homme sur cette terre.

Jungkook leva les yeux au ciel, se demandant sans doute comment est-ce qu'il allait faire pour suivre avec un double de moi, pourtant, l'idée d'avoir non pas deux fils mais une fille et un garçon le réjouissait plus que tout au monde. En fait, rien que voir la façon dont laquelle Jeon regardait nos deux petits anges, je sus qu'il était enfin près à les protéger comme il le faisait pour moi. Ô oui, pour Adonis et Elijah, nous aurions pu faire n'importe.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant