𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]

Chapitre 52

"D'ici cinq ans, ma fille cadette, ma petite Seth, reprendra les rênes de notre entreprise familiale..." voilà ce que Céthia avait tant voulu annoncer lorsque de cette fête au manoir. J'avais eu ce que je voulais. J'avais travaillé sans relâche pour cela, néanmoins, je ne tirai aucune satisfaction de cette annonce, tant et si bien que j'avais fini par déserter la soirée. J'avais préféré me rendre à ce pont que j'avais l'habitude de fréquenter.

Mon regard resta longtemps perdu dans le vide, regardant les vagues se briser contre les énormes roches sans vraiment y faire attention. Pendant l'ombre d'un instant, je fus sereine dans cet autre monde, cependant, ces bras familiers entourant ma taille vinrent me sortir de mes pensées pour laisser un soupir de bien-être passer la barrière de mes lèvres.

- Quel vœu as-tu fait lorsque tu as balancé tes bijoux ? Demanda Jungkook d'une voix mélodieuse en massant délicatement ma taille.

- J'ai souhaité que tu tombes follement amoureux de moi... Tu aurais dû me dire que tu l'étais déjà, marmonnai-je en entrelaçant mes doigts aux siens contre mon ventre. Tu m'as fait perdre mes boucles d'oreilles préférées pour rien... Des diamants en plus !

- Tu aurais dû me demander si je t'aimais. Je t'aurais directement répondu.

Mon ex-petit ami, avec délicatesse, déposa quelques baisers sur le haut de ma tête en balançant faiblement nos corps de gauche à droite. Son parfum agréable et l'air marin se mélangeaient dans mes narines, m'apaisant petit à petit avant que je n'eus ce sentiment d'extase lorsqu'il se mit à suçoter lentement la peau de mon cou.

- Je suis faible, hein ?

- Tu es bien loin d'être faible ma princesse.

- Alors pourquoi est-ce que je te laisse faire ? M'enquis-je pendant que les larmes me montèrent aux yeux. Je me sens tellement impuissante face à toi. Tu fais de moi ce que tu veux et même si ça ne me plaît pas, je continue à te suivre tête baissée. Le fait que tu aies tué tous ces hommes ne m'a pas fait de mal, même pour Robin, tu ne m'as pas fait de mal, mais pour Stephen... Sais-tu que sans lui tu ne m'aurais jamais rencontré ? Il est une partie de moi que même toi tu ne saurais remplacer. Tu m'as fait du mal en t'en prenant à lui. Vraiment.

- Pardonne-moi... Je m'en veux tellement. Stephen a été bienveillant envers nous et je n'ai pas réfléchi quand ton frère a évoqué ce qu'il a eu entre vous. J'ai merdé mais j'ai voulu me racheter, confia-t-il en me serrant davantage contre lui. Il m'en a pompé du sang. D'ailleurs, je ne me souviens pas vraiment du reste de la soirée...

Moi, je m'en souvenais. Je savais parfaitement ce qu'il s'était passé ce soir-là. Comment aurais-je pu oublier cette nuit infernale ? Rien que y penser me donnait des sueurs froides, cependant, il méritait de savoir ce que je savais alors ce fut en prenant mon courage à deux mains que je fus volte-face, nos regards se croisant pour la première fois après plusieurs heures.

- Tu... Tu as cauchemardé pendant des heures et des heures cette nuit-là, dis-je tout bas avant de baisser momentanément les yeux avec un air désolé. Tu pleurais, tu gémissais de douleur... J'avais peur de te réveiller, mais lorsque tu as commencé à crier, je n'ai pas pu le supporter. Je me suis précipitée jusqu'à toi et puis tu... Tu m'as appuyé contre le lit et tu as essayé de m'étouffer mais je-...

- Oh mon dieu... Susurra-t-il avec le regard rempli d'effroi.

Jungkook recula d'une paire de pas, puis je vis des larmes envahir ses beaux yeux sombres. Il était désemparé et il hésitait à m'approcher par peur de me faire encore du mal, néanmoins, ce fut instinctivement qu'il revint près de moi, regardant et touchant délicatement mon cou. Il cherchait les marques de son agressivité pour qu'il puisse se haïr davantage, cependant, il ne trouva rien, les hématomes s'étant déjà effacés avec le temps.

- Les grands pulls et les cols roulés ? C'était à cause de ça ?

Honteuse de lui avoir caché de telle chose, je hochai la tête avant de regarder en direction du sol. Je m'attendais à ce qu'il me fasse la morale, qu'il me dise que je fus inconsciente en essayant de le tirer de son sommeil ce soir-là, néanmoins, il ne le fit pas. L'homme que j'aimais se contenta de me prendre dans ses bras, laissant ma tête se reposer contre son torse pour écouter les battements de son cœur.

- Donne-moi une seconde chance s'il te plaît, chuchota-t-il en caressant mes cheveux avec tendresse. Je te promets que je ne ferai plus les mêmes erreurs.

- Évidemment... Je te la donne mais je ne veux pas que l'on soit de nouveau ensemble... Donne-moi du temps, dis-je en levant les yeux vers son visage attristé. Nous nous sommes mis ensemble parce que nous nous aimions, mais nous ne nous connaissions même pas et regarde où ça nous a mené. Je veux apprendre à te connaître. Je veux tomber éperdument amoureuse de ta noirceur aussi... OK ?

Jungkook me laissa voir un sourire rayonnant naître sur ses jolies lèvres rosées, puis il hocha la tête tel un enfant.

- Je vais te faire la cour mon amour.

Ses mots me firent sourire à mon tour, puis son front se posa contre le mien pour que nos lèvres s'effleurent automatiquement. Ses bras me serraient fermement tant ils étaient en manque de moi, puis au lieu de m'embrasser il respecta mon désir de garder une certaine distance entre nous, posant sa tête dans le creux de mon cou dans le but d'humer mon parfum floral.

- Seth ?

- Mmh ?

- J'ai cinq ans pour me trouver un autre job, grommela-t-il avant de ricaner contre ma peau.

- Comment ça ? M'enquis-je en le décollant légèrement de moi, confus. Tu ne veux plus me protéger ?

- Ah mais je te protégerai pour toujours ! C'est juste que ma fierté refuse que tu me payes mon salaire. Je veux dire... Aujourd'hui ton père me paye mais quand tu reprendras l'entreprise ce sera toi qui devra me payer alors-...

- Je comprends, assurai-je en bougeant légèrement la tête de haut en bas. Tu pourrais être policier !

- Un policier tueur en série ? Impossible !

- Bah quoi ? Questionnai-je en fronçant les sourcils d'un air outré. Il y a bien des pompiers pyromanes !

Étrangement, nous nous mîmes à rire aux éclats, comme si tous les meurtres et les mensonges sur lesquels étaient fondés notre relation n'avaient jamais existé. En fait, en y repensant, ce n'était pas aussi étrange que ça, après tout, nous étions bel et bien maniaques.